« Il y avait autrefois une forme de sanctuarisation de l’éducation ». Face à une pression budgétaire croissante, l’Association nationale des directeurs et des cadres de l’éducation des villes et des collectivités territoriales (ANDEV) tire la sonnette d’alarme. Elle défend une vision de l’éducation comme un investissement coûteux mais rentable à long terme, tant pour la cohésion sociale que pour l’émancipation individuelle. À l’approche des élections municipales de 2026, elle appelle à replacer l’éducation au cœur des politiques locales.

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Réunis à Paris ce vendredi 3 octobre 2025 à l’occasion d’une conférence de presse, les membres de l’ANDEV ont exprimé une préoccupation grandissante quant à la place de l’éducation dans les priorités politiques actuelles. « Il y avait autrefois une forme de sanctuarisation de l’éducation. Aujourd’hui, la contrainte financière la fragilise. Pourtant, c’est un levier essentiel pour l’émancipation, la cohésion sociale et l’avenir de notre démocratie », a déclaré Rozenn Merrien, présidente de l’association. Elle poursuit et exprime l’« inquiétude que l’éducation ne soit plus la priorité des mandats 2026-2032 » car « l’éducation coûte cher ». Pour elle, c’est un « investissement rentable à long terme pour la cohésion, la justice sociale mais aussi pour l’émancipation de chaque enfant ».

Un appel fort à l’aube des élections municipales

Face à cette situation, l’ANDEV entend peser dans le débat public. « La commune est le premier échelon de la République éducative » déclare Gabriel Fraga, vice-président de l’ANDEV. « Nous avons une voix à porter à l’aune des prochaines élections », insiste Rozenn Merrien. Gabriel Fraga rappelle l’urgence de réaffirmer le rôle des communes dans la politique éducative : « Il faut faire de l’éducation une priorité des mandats municipaux ».

Renforcer les passerelles et l’alliance éducative

L’association affirme que l’école seule ne peut plus répondre à tous les défis. Elle appelle à une politique volontariste de mixité sociale, une tarification solidaire des services éducatifs, un meilleur accès aux loisirs, aux vacances et à la culture. « L’éducation ne peut reposer uniquement sur l’école ou la famille. Il faut des lieux pour écouter, accompagner », souligne Gabriel Fraga. L’association appelle à renforcer les liens entre les différents temps de l’enfant – de la crèche à l’école, puis au collège – en impliquant davantage les familles.

L’ANDEV plaide pour une formation conjointe de tous les acteurs éducatifs (enseignants, animateurs, personnels municipaux, associations) et la mise en place d’une véritable alliance éducative, inclusive et durable : « Il faut sortir du travail en silo. Enseignants, animateurs, agents territoriaux spécialisés : nous devons former ensemble, penser ensemble, agir ensemble. Chaque temps éducatif doit être conçu comme accessible à toutes et tous. »

Une ambition éducative fondée sur la co-construction

Les cadres éducatifs présents ont unanimement appelé à une politique éducative locale, construite dans la concertation et la co-construction avec des PEDT (projet éducatif territorial) coconstruits dans la durée. L’association a aussi plaidé pour la participation des jeunes. Guillaume Pike a notamment déclaré : « L’enfant n’est pas seulement à protéger, il est aussi à écouter. Il est un acteur à part entière de son parcours. »

Des services publics de proximité à préserver

Dans un contexte marqué par l’augmentation des inégalités, l’ANDEV rappelle que l’école seule ne peut tout : « Les inégalités grandissent. L’ANDEV souligne l’importance des services publics de proximité et de qualité. »

L’association défend une vision de l’éducation comme un investissement coûteux mais rentable à long terme, tant pour la cohésion sociale que pour l’émancipation individuelle.

Autre axe du plaidoyer de l’ANDEV : l’adaptation du service public éducatif aux défis climatiques. L’association propose la végétalisation des cours d’école, la rénovation thermique des bâtiments. Elle souhaite également une réflexion collective sur l’usage raisonné du numérique : « Le numérique ne peut plus être pensé de manière isolée ou subie. Il doit être utilisé de manière réfléchie, au service de l’épanouissement des enfants et de la qualité éducative ».

Alors que les mandats municipaux 2026-2032 se profilent dans un contexte budgétaire sous pression et politique instable, l’ANDEV entend porter haut la voix de l’éducation dans le débat public : « Pour nous, l’éducation doit rester au cœur des politiques municipales de 2026 à 2032. C’est une condition pour engager les transformations nécessaires face aux défis sociaux, écologiques et démocratiques », conclut l’association.

Djéhanne Gani