Patricia Kergoat (Certop) publie les résultats d’une étude sur la sélection en apprentissage. « Les résultats de l’enquête présentée dans le cadre de cette communication conduisentà discuter de la performance de l’apprentissage, à avancer que celle-ci s’enracine d’abord dans sa sélectivité. Ce sont 30% des candidat.es qui ne parviennent pas à signer un contrat d’apprentissage auprès d’un employeur, condition sine qua non pour s’inscrire en CFA et décrocher un diplôme.
À rebours des représentations sociales, il est parfois plus difficile de trouver une place d’apprenti.e que d’entrer en seconde générale. Loin d’accueillir les élèves dont l’école ne veut plus, l’apprentissage introduit un nouveau sas de sélection déplacé en amont même de l’entrée en formation. Comment caractériser une sélection qui,d’une part, s’effectue au carrefour de l’école et du marché du travail et qui, d’autre part, différencie et hiérarchise les «réprouvé.es» du système scolaire? », écrit-elle.
« L’entrée en formation professionnelle est un puissant révélateur tant de la manière dont se constituent, s’entremêlent et se succèdent les inégalités sociales que de la façon dont se combinent les rapports sociaux et se fabrique la division sociale du travail dans ses différentes dimensions (classe, «race», sexe et génération). L’apprentissage n’est pas un bien public, au sens de bien universel (Moreau, 2015), il est particulièrement sélectif. D’inspiration libérale, il représente une forme accomplie de ces politiques qui inscrivent les préoccupations de l’emploi au cœur du système éducatif, et c’est ce qui explique, pour partie, qu’il fasse encore mieux que le lycée professionnel en matière de production des inégalités« .