« Pas de profit sur la pandémie ». Le Parti communiste français se mobilise, mercredi 3 février, devant le siège de Pfizer à Paris et de l’OMS à Lyon. Le début d’une lutte sur le terrain pour extraire vaccins et traitements des appétits financiers.
Le vaccin marchandise à l’abri des brevets, source de profits avant tout, est un terrain de luttes au cœur de la pandémie. Une course folle pour l’acquisition des doses, une concurrence acharnée entre les laboratoires et les pays pauvres laissés-pour-compte : tel est l’autre versant de la crise sanitaire.
« Pas de propriété privée sur les brevets »
Le Parti communiste français mobilise avec pour mot d’ordre : « Pas de propriété privée sur les brevets ».
L’initiative rassemble, aujourd’hui, à 11 heures, en deux lieux. À Paris, devant le siège de Pfizer, et à Lyon, devant le siège de l’OMS. « Elle est en lien avec la campagne lancée le 30 novembre dernier pour l’accessibilité à tous des vaccins et des traitements anti-Covid, pour en faire des biens communs de l’humanité. Elle prend forme au niveau européen avec d’autres forces politiques, associations et syndicats », explique Charlotte Balavoine, coordinatrice de la campagne « Pas de profit sur la pandémie » au niveau national pour le PCF. « Le comité est large, il est appelé à prendre plus d’ampleur », précise-t-elle.
En France, la CGT, FSU, Solidaires, Oxfam, l’Association des médecins urgentistes et celle des centres de santé figurent parmi les acteurs engagés en faveur d’une levée des brevets sur les vaccins et les médicaments. D’un commun accord, les organisations optent pour les formes d’actions qu’elles souhaitent. Une pétition est lancée autour de cette « initiative citoyenne européenne ».
« Personne n’est en sécurité tant que tout le monde n’a pas accès à des traitements et à des vaccins sûrs et efficaces. Nous avons tous droit à la protection », lit-on en préambule. « L’action d’aujourd’hui est symbolique à double titre : on s’adresse à la fois à Pfizer, principale entreprise qui produit des vaccins, ainsi qu’à l’OMS. Celle-ci a déjà lancé des appels par le passé et en mai dernier pour faire de ces vaccins et traitements des biens communs de l’humanité, et donc lever la contrainte des brevets. Il y a des pays comme l’Afrique du Sud et l’Inde qui poussent dans cette direction. Ils se trouvent bloqués par la France ou les pays de l’UE de manière générale », commente la représentante du PCF.
Le dispositif Covax à la peine
Cette idée ferait son chemin dans l’opinion, des personnalités, à l’image du président du Comité scientifique, sont de plus en plus nombreuses à s’inscrire dans cette ligne. La sévérité de la pandémie, son rythme, son intensité et ses cortèges mortuaires à travers le monde favorisent à l’évidence une prise de conscience. La sacralisation des brevets dans le domaine sensible de la santé tombe en désuétude. « Maintenant, il va falloir agir, actionner les outils législatifs, tout faire pour mettre ces vaccins dans le domaine public et faire en sorte qu’ils soient produits au niveau local et de façon mutualisée, tout comme ce qui vient de se passer avec Sanofi qui va produire le vaccin Pfizer », souligne Charlotte Balavoine.
La situation des pays pauvres est « l’autre grand scandale », estime-t-elle. Tandis que les riches se sont accaparés les doses dans des volumes impressionnants, jusqu’à 5 fois leurs besoins, « dans les pays pauvres, 9 habitants sur 10 ne pourront pas se faire vacciner dans le courant de l’année ». Supposé impulser une contribution des nantis en faveur de la vaccination dans le reste du monde, le fameux dispositif international Covax peine à se mettre en place. Une chose est sûre pourtant : il n’est pas de sortie définitive de la pandémie sans solidarité mondiale. Mais les chasseurs de profits n’en ont cure.
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