À Paris, le baroud de déshonneur de Génération identitaire (Dossier complet d’analyses)

C’est la première fois que Génération identitaire organiseune manifestation en son nom propre dans la capitale. B. Guay/AFP

C’est la première fois que Génération identitaire organise une manifestation en son nom propre dans la capitale. B. Guay/AFP

Près de 1 000 militants se sont rassemblés, samedi, dans la capitale à l’appel du groupuscule Génération identitaire. Un dernier coup de communication avant leur dissolution définitive ?

« Français, défends-toi, tu es ici chez toi », « Migrants partout, frontière nulle part », « Europe, jeunesse, reconquête ». Phobie de ­l’invasion et fantasme d’une civilisation blanche en péril ont pris rendez-vous, samedi, place Denfert-Rochereau à ­Paris : près de 1 000 militants d’extrême droite ont ­répondu à l’appel de Génération identitaire à manifester contre la procédure de dissolution engagée à son encontre par le ministère de l’Intérieur, le 13 février.

Gérald Darmanin a d’ailleurs été copieusement insulté et invectivé par les manifestants, qui ont qualifié le ministre de « complice » de « l’invasion migratoire ». « Lui aussi, vous  l’avez dissous ? »  ont ­également interrogé des pancartes à l’effigie de figures ­historiques qui se sont opposées, en leur temps, à « ­l’envahisseur » : Vercingétorix, un soldat de 14-18 ou encore Jeanne d’Arc.

Plusieurs figures de l’ultradroite

Outre ses propres militants et quelques soutiens venus de groupuscules belges et néerlandais, Génération identitaire, qui revendique 3 000 membres dans toute la France (bien que les chercheurs estiment leur nombre réel aux alentours de 800), a pu compter sur la présence de plusieurs figures de l’ultradroite française, dont Maxime Brunerie, le militant néonazi qui avait tenté, le 14 juillet 2002, d’abattre le président Chirac à la carabine .22 Long Rifle.

Quelques cadres plus institutionnels de l’extrême droite ont également répondu à l’appel, comme Jean Messiha, ex-RN devenu chroniqueur sur CNews, le président des Patriotes, Florian Philippot, ou encore l’ex-eurodéputé Jean-Yves Le Gallou, proche de Bruno Mégret. Le Rassemblement ­national, tout à sa volonté de ne pas trop se mouiller dans cette affaire, s’est contenté d’un communiqué de ­soutien aux « libertés de conscience, d’expression et ­d’association ». « Force est de constater que les ­fondements de cette procédure de dissolution ne sont pas juri­diques mais ­politiques », avance le parti de Marine Le Pen.

« Éric  Zemmour  à  l’Élysée »

Parallèlement, une contre-manifestation antifasciste s’est tenue aux environs de Montparnasse. Celle-ci n’a pas été autorisée par la préfecture, qui argue que le dépôt de déclaration a été trop tardif. Plusieurs rixes ont eu lieu entre la police, les antifas et les identitaires. Un contre-manifestant a été roué de coups au sol par quelques militants d’extrême droite, avant l’intervention des CRS. Au total, 26 personnes ont été interpellées, a indiqué la préfecture.

Génération identitaire a jusqu’au 23 février pour répondre sur le fond juridique à la procédure de dissolution. Mais pour le mouvement, l’enjeu est au-delà. À cet égard, la manifestation de samedi est un nouveau coup de communication réussi. Sur les ­plateaux de CNews et BFM-TV, les éditorialistes se sont écharpés sur le bien-fondé de la dissolution, offrant un temps d’antenne considérable aux identitaires, habituellement rejetés à la marge du politique. Durant la manifestation, les militants n’ont d’ailleurs pas manqué de rendre hommage aux ambassadeurs médiatiques « qui depuis des années défendent (leurs) idées sur les plateaux télé » et qui, si la dissolution aboutit, ne manqueront pas de poursuivre la bataille idéologique en leur nom. Les slogans fantasmant « Jean Messiha président » ont rivalisé avec ceux propulsant « Éric Zemmour à l’Élysée ». CNews n’a plus qu’à organiser une primaire entre ses deux chroniqueurs stars, et la scène identitaire sera comblée.

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