Deux textes publiés dans Valeurs actuelles menacent d’une intervention de l’armée en cas de guerre civile. Une opération menée pour paver la voie à l’extrême droite.
Comme il l’avait annoncé, l’hebdomadaire d’extrême droite « Valeurs actuelles » a récidivé le 9 mai en publiant une nouvelle tribune signée, selon le journal, par 2 000 militaires, cette fois en situation d’active. Ses auteurs y affirment « entrer dans l’arène pour avoir simplement l’honneur d’y dire la vérité » après leurs « aînés » qui avaient déclenché la polémique en signant un appel de la même teneur le 21 avril dernier, date anniversaire du putsch des généraux en avril 1961.
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Cette première provocation avait immédiatement suscité une bronca dans les rangs de la gauche, alors que le gouvernement mettait près de six jours avant de réagir. Devant le tollé, la ministre des Armées, Florence Parly, avait fini par annoncer des « sanctions » contre les militaires signataires, tandis que le premier ministre, Jean Castex, avait condamné cette initiative. Le procureur de Paris, Rémy Heitz, classait en revanche l’affaire après en avoir été saisi par les parlementaires de la France insoumise, au nom de l’article 40 du Code de procédure pénale.
Le sceau de l’extrême droite
Contrairement au premier texte polémique, aucun nom ne figure en bas de la nouvelle publication. Il faut donc croire sur parole « Valeurs actuelles » sur la qualité de militaires d’active des signataires. Mais ce qui ne fait aucun doute, c’est le contenu clairement marqué à l’extrême droite de ce second brûlot, qui a d’ailleurs suscité des réactions plus promptes. Dès le 10 mai, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, et celui de l’Économie, Bruno Le Maire, condamnaient le texte émanant de prétendus militaires d’active.
Le même jour, c’est le chef d’État-major des armées, le général Lecointre, qui a adressé un courrier à l’ensemble des troupes pour les rappeler à l’ordre. Sur les convictions politiques exprimées par les signataires des deux tribunes, il se montre assez clair : « Dès lors que celles-ci conduisent à une revendication politique incompatible avec l’état militaire (…), voire à une remise en cause de la stricte subordination au pouvoir politique républicain, démocratiquement élu, le plus raisonnable est certainement de quitter l’institution. »
Les « hordes de banlieues »
Si elle émane d’une petite minorité au sein de l’armée française, cette initiative n’est pas à prendre à la légère, de par les intentions qu’elle révèle. Dans le premier texte, les « hordes de banlieues » sont clairement désignées comme l’ennemi. Dans le second texte, la menace n’est même plus ambiguë : « Si une guerre civile éclate, l’armée maintiendra l’ordre sur son propre sol, parce qu’on le lui demandera », écrivent les mystérieux signataires.
Ceux à l’origine de la première tribune ont pour certains des engagements déjà bien connus à l’extrême droite. Celle-ci, en la personne de Marine Le Pen, candidate à la présidentielle et placée par les sondages comme étant qualifiable pour le second tour, leur a apporté son soutien et les a appelés à la rejoindre. Ce faisant, elle laisse entendre que ces militaires n’auraient pas besoin de passer à l’action en intervenant, puisque voter pour elle serait suffisant pour répondre à leurs préoccupations… Un sondage a donné 58 % des Français soutenant la première initiative. Pour la seconde, « Valeurs actuelles » a cette fois-ci appelé directement ses lecteurs à la signer et affirmait, trois jours après sa mise en ligne, avoir collecté 250 000 paraphes. Il s’agit là, pour le moins, d’une campagne de provocations cherchant à faire adhérer l’opinion aux méthodes et aux thèses de l’extrême droite.
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