PCF. Présidentielle, une rentrée dans les starting-blocks pour les communistes

Fabien Roussel lors de son discours à l'université d'été du PCF à Aix-en-Provence, samedi 28 août.

L’université d’été du PCF à Aix-en-Provence a été l’occasion pour Fabien Roussel de marteler ses priorités pour une élection à laquelle il participe « pour gagner ». Emploi, pouvoir d’achat, jeunesse et écologie seront, dans les semaines à venir, au menu des communistes qui partagent l’enthousiasme de leur candidat. La création de « comités locaux pour les Jours heureux » a également été annoncée.

Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône), envoyée spéciale.

Trente-deux semaines, soit 225 jours très précisément. Le candidat communiste à l’élection présidentielle n’a pas manqué de faire le compte du temps imparti d’ici le premier tour pour « relever le défi des jours heureux », samedi, lors de l’université d’été du PCF qui a réuni à Aix-en-Provence quelque 500 militants venus de toute la France. « Nous n’allons pas à cette élection pour faire de la figuration, nous y allons pour gagner, pour diriger le pays, pour redonner le pouvoir aux citoyens, au monde du travail », a lancé Fabien Roussel à ses troupes, assurant voir « grandir l’intérêt pour notre candidature » qui n’a rien d’une « aventure personnelle ».

Pour cette rentrée, les communistes poursuivent « deux objectifs », précise Igor Zamichiei, membre de la direction : « Progresser sur l’identification de notre candidature, et avancer aussi sur le rassemblement autour de celle-ci », explique le responsable départemental de Paris, assurant que dans les mois à venir emploi, jeunesse et écologie seront à l’honneur.

L’emploi au cœur  de la campagne

Dès ce week-end, le candidat du PCF l’a martelé : « Je veux être le président du pouvoir d’achat, de la lutte contre la vie chère et en faire une priorité nationale ». Lors de son discours, le gouvernement en a pris pour son grade. « Le ministre de l’Économie et des Finances a beau dire que la croissance est de retour, franchement ce que voient les gens c’est la croissance des factures, par contre les salaires et les pensions c’est au ras des pâquerettes », tacle Fabien Roussel. Comme il le fait dans son livre Ma France (Éditions Le Cherche midi) le secrétaire national illustre son propos de situations puisées dans ses rencontres.

Il rapporte ainsi le témoignage d’une caissière à temps plein payée 1 280 euros par mois après douze ans d’ancienneté rencontrée quelques heures plus tôt avec ses collègues de Carrefour, ou encore celui de Danièle, désormais retraitée dont la pension d’élève à 920 euros. Or « la France est riche, très très très très riche », assène le député du Nord, ciblant les 500 plus grosses fortunes dont « le patrimoine pendant le quinquennat Macron a doublé », pour atteindre « 1 000 milliards », ou les profits du « CAC 40 (qui) sabre le champagne » avec « en pleine crise 60 milliards de dividendes ».

« Nous allons mettre l’emploi au cœur de la campagne », promet le candidat qui, loin de miser sur les « premiers de cordées de Macron qui nous tirent vers le bas », plaide pour « un changement total de l’utilisation de l’argent », pour « s’attaquer au capitalisme prédateur » et « donner le pouvoir aux salariés dans les entreprises ».

Avec l’objectif de parvenir à « l’éradication du chômage », une série de propositions est mise sur la table : Smic à 1 800 euros brut, suppression de la CSG pour les retraités, 1 200 euros de pension minimum, réduction du prix du gaz et de l’électricité avec une « nationalisation tout de suite d’EDF et GDF ». Ou encore des « peines planchers » pour « les fraudeurs fiscaux ». Aux côtés de cette priorité, figure aussi « la révolution écologique ». « Le problème avec le capitalisme vert ce n’est pas la couleur, c’est le capitalisme », sourit Fabien Roussel, qui résume l’enjeu comme un « choix de civilisation : la finance ou l’existence ».

Priorité à la jeunesse

Dans les couloirs de la fac de lettres qui accueille l’université d’été, le parcours de certains participants aurait pu trouver leur place parmi les histoires de vie racontées par le candidat. « Je suis boursier, je n’ai que 460 euros par mois, 20 euros de plus dans le loyer, plus l’électricité et le gaz qui augmentent, pour moi c’est compliqué », raconte Kilian, un étudiant toulousain. D’ailleurs, « la jeunesse sera un sujet incontournable de 2022, Emmanuel Macron ne s’y trompe pas notamment avec sa garantie jeune universelle qui n’est clairement pas à la hauteur », pointe Léon Deffontaines, dirigeant des Jeunes communistes (MJCF) lors d’un débat avec Maryam Pougetoux, la vice-présidente de l’Unef. Une question que les communistes comptent aussi mettre en avant en proposant un « pacte pour la jeunesse » avec, notamment, un « revenu étudiant au-dessus du seuil de pauvreté », rappelle le secrétaire général du MJCF. « Pour moi cette proposition, c’est tout simplement la perspective de sortir de la précarité », assure Kilian.

Le jeune militant de vingt ans est aussi enthousiaste pour la campagne qui s’annonce que son candidat : « On est là pour être majoritaire et gagner », affirme-t-il, conscient toutefois que le défi est de taille alors que les sondages attribuent pour l’heure moins de 5 % au PCF. Mais « le scénario promis en septembre n’est jamais celui qui se réalise en avril », glisse Sébastien Laborde, de la fédération de Gironde.

De son côté, Martin, étudiant marseillais, est un peu plus pessimiste : « Si quelqu’un de gauche gagne, ce serait quand même un miracle… Entre Roussel, Mélenchon, on va voir comment les choses tournent mais je suis un peu désespéré », regrette le tout nouveau militant qui a adhéré il y a moins d’un an. La plupart de ses camarades se lancent cependant avec optimisme. À l’instar de Catherine La Dune, fraîchement élue en région Nouvelle Aquitaine : « Puisqu’on a réussi aux régionales à avoir davantage d’élus, j’ai pas mal d’espoir aussi pour Fabien Roussel, au moins pour avoir de la visibilité, et ça commence à marcher ».

Rassembler jusqu’au-delà de la gauche

Le climat n’en est pas moins inquiétant, selon Mireille, qui patiente dans le plus grand des amphis en compagnie d’Henri, avant la tenue de leur atelier. L’enseignante à la retraite pointe la « confusion » ambiante alimentée par la crise sanitaire et une « énorme méfiance dont l’extrême droite profite pour faire des amalgames crapuleux », notamment via un discours antisémite lors des manifestations anti-passe.

Alors, dans les travées des amphis aixois, on en est plutôt persuadé : l’enjeu numéro un, c’est de convaincre les déçus, les désabusés de la politique, les abstentionnistes. « Nous devons, plaide Fabien Roussel, rassembler bien au-delà de notre électorat, au-delà même de la gauche, il faut voir loin, aller toucher tous ceux qui ne votent plus. » Mais comment ?

« Il faut mettre en avant nos propositions, notamment les lois déposées par les communistes comme celle pour la sécurité de l’emploi et de la formation », avance Henri, venu de l’Aisne, quand Mireille croit nécessaire de démontrer concrètement l’utilité des communistes, comme « la façon dont le député André Chassaigne s’est battu pour faire revaloriser les retraites agricoles ». « C’est une absence de près de vingt ans du parti, il faut bien reconstruire, retrouver notre électorat, c’est un travail de longue haleine mais qui sera payant », complète Kilian de son côté.

Pour un pacte aux législatives

Quant au reste de la gauche, Fabien Roussel a renouvelé, samedi, la proposition d’un « pacte d’engagements communs » aux législatives pour « bâtir une large majorité de gauche à l’Assemblée nationale ». Car sa candidature, promet-il, vise à « contribuer à créer les conditions d’une nouvelle majorité politique ». Passage à l’acte dès ce week-end, avec l’un des ateliers consacrés aux retraites auquel Caroline Fiat (FI) et Alain Coulombel (EELV) ont participé. « Je ne crois pas à la possibilité d’emporter une majorité parlementaire si nous ne gagnons pas la présidentielle, et nous n’y arriverons pas avec cinq candidats », lâche à cette occasion le porte-parole des écologistes, plaidant pour « se retrouver très vite autour d’une table pour se mettre d’accord sur 15-20 propositions ». L’écologiste reconnaît toutefois qu’il ne fait pas l’unanimité, y compris dans son parti.

Son avis est d’ailleurs loin d’être partagé par le secrétaire national du PCF : « Le problème de la gauche ce n’est pas la division, c’est de faire en sorte que la somme des candidats de gauche fasse 50,1 %, assure Fabien Roussel. Il faut s’attaquer aux raisons pour lesquelles elle plafonne à 20 %, sinon on ne l’emportera jamais. Elle est faible d’abord de ses renoncements et trahisons lorsqu’elle était au pouvoir, elle l’est aussi de son incapacité à s’adresser au monde du travail, à la jeunesse. »

Rendez-vous à la Fête de l’Humanité

En la matière, les bouleversements engendrés par la pandémie pourraient aider. « L’expérience que nous traversons casse, abîme, contrarie l’idéologie dominante, étouffoir de l’action populaire », assure le directeur de l’université d’été, Guillaume Roubaud-Quashie, en référence aux dogmes libéraux – de l’efficacité des marchés à la réduction de la dépense publique – mis en cause ces derniers mois. Mais il s’agira avant tout de passer à l’action sans attendre.

« Créons partout, dans nos communes, les villes, les villages, sur les lieux de travail, dans les universités, des comités locaux pour les jours heureux », invite Fabien Roussel, tout en appelant à désigner « dès maintenant » des candidats aux législatives. Un « grand rassemblement national » pour l’emploi et le pouvoir d’achat est également prévu le 20 novembre à Paris, précédé « d’une semaine d’action dans tout le pays du 9 au 16 octobre ».

En attendant, le prochain rendez-vous aura lieu du côté de La Courneuve, à la Fête de l’Humanité, où Fabien Roussel tiendra un meeting le samedi 11 septembre à 17 heures.

Retrouvez ici tous nos articles consacrés à la Fête de l’Humanité 2021.

Le « plan » de Fabien Roussel pour Marseille

À quelques jours du déplacement d’Emmanuel Macron à Marseille, où il présentera son « grand plan » pour la ville, Fabien Roussel a évoqué la situation de la cité phocéenne à proximité de laquelle s’est déroulée l’université d’été du PCF. « Quand nous découvrons qu’un enfant de 14 ans a été tué dans des règlements de comptes liés à des trafics de drogue et qu’un autre de 8 ans a été blessé par balle, nous devons penser à eux », a commencé le député. « Darmanin peut mettre tous les policiers qu’il veut, mais tant qu’il n’y aura pas de moyens dans l’école, tant qu’on n’ouvrira pas des musées, des équipements sportifs, tant qu’il n’y aura pas d’éducateurs, tant que nous ne ferons pas entrer la République dans ces quartiers, nous n’y arriverons pas !  » a-t-il ensuite lancé, tout en affirmant la nécessité de « s’attaquer aux gros bonnets de la drogue », dont « le roi du Maroc (qui) au cœur de l’été a décidé de légaliser la culture du cannabis ».

 


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