Le candidat communiste à la présidentielle était, mardi, l’invité du journal de France 2. Un pas important dans sa stratégie de percée médiatique.
Ce n’était pas arrivé depuis près de quinze ans. Le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel, a été mardi soir l’invité du journal télévisé de France 2. « Faire le 20 heures, c’est évidemment primordial. C’est l’occasion pour des millions de Français de découvrir notre candidat à l’élection présidentielle et ses propositions pour la France. C’est un moment d’exposition unique qui doit nous permettre de défendre nos idées », apprécie son directeur de campagne, Ian Brossat.
L’accueil a cependant été assez agressif et caricatural, avec la diffusion d’un reportage concernant le Parti communiste chinois et cette question : « Si vous êtes élu président de la République, votre exemple s’appellera-t-il Xi Jinping ? » Fabien Roussel ne s’est pas démonté. « J’appelle au respect des droits humains et de la dignité humaine en Chine. Mais, moi, en coulisses, je ne vais pas délocaliser en Chine », répond le candidat en référence aux usines de production fermées en France pour mieux ouvrir en Asie. « Et je le dis au président chinois, c’est fini de vendre nos ports et nos aéroports à qui veut les acheter, que ce soit la Chine ou d’autres pays », ajoute-t-il au sujet des privatisations lancées par les derniers gouvernements, y compris d’équipements stratégiques.
Si les journalistes viennent avec leurs questions, et les candidats avec leurs réponses, comme disait Georges Marchais, Fabien Roussel s’est ensuite illustré en présentant son projet pour le pays. À savoir celui de réindustrialiser et de « faire revenir des entreprises chez nous », celui de répondre à la question du pouvoir d’achat par une hausse du Smic à 1 800 euros brut en plus d’une hausse généralisée des salaires, pour « vivre dignement de son travail », et celui de couvrir nos besoins énergétiques et de contrôler les prix en se basant sur « deux piliers de production » : le nucléaire et le renouvelable.
Un « pacte pour une République sociale, laïque et écologique »
Au sujet du « capitalisme vert », le communiste a estimé que « le problème, ce n’est pas la couleur, c’est le capitalisme : et nous n’arriverons pas à résoudre la crise si nous n’attaquons pas le capitalisme qui privilégie les profits à court terme ». Souhaitant « reprendre le pouvoir sur la finance pour répondre aux besoins », Fabien Roussel estime possible de dire adieu au chômage non pas grâce au revenu universel, mais grâce au « travail universel, en sécurisant les emplois de chacun » à travers une Sécurité sociale professionnelle.
à la vue de sondages en deçà des espérances pour l’ensemble des forces de gauche, le communiste a dû répondre aux demandes d’union à gauche qui s’expriment autour d’une candidature. « Le problème n’est pas une question de personnalité, ce qui compte c’est le contenu et le programme que nous allons présenter aux Français », assure-t-il, écartant tout ralliement hypothétique vers Jean-Luc Mélenchon ou Christiane Taubira. Fabien Roussel a d’ailleurs maintenu le cap d’une candidature PCF choisie par les militants en mai dernier. « Un choix confirmé par le parlement du PCF », le conseil national, ce week-end, rappelle-t-il, tout en tendant la main aux autres formations de gauche avec son « pacte pour une République sociale, laïque et écologique, ouvert à tous les démocrates et progressistes », valable dès à présent et pour les prochaines législatives.
Devant le refus de la Macronie d’adopter sa proposition de résolution visant à encourager l’inégibilité des personnes condamnées pour incitation à la haine raciale, et face au danger de la candidature du polémiste d’extrême droite Éric Zemmour, Fabien Roussel s’est inquiété d’une situation politique « grave », mettant la République « en danger ». En outre, à l’instar d’autres de ses concurrents à l’Élysée, le communiste a annoncé avoir lui aussi saisi le CSA au sujet d’une émission visant à vanter les mérites du bilan d’Emmanuel Macron. Il demande d’ailleurs « à TF1 à ce qu’ils puissent consacrer 2 heures d’antenne à tous les candidats déclarés ».
« Le choix des militants communistes de se doter d’une candidature propre dans la course à l’Élysée est étroitement lié à cette invitation au 20 heures », mesure en tout cas Ian Brossat. Il n’y en avait pas eu depuis 2007. Les membres de la direction du PCF ont ensuite peu à peu été effacés des radars de cette grand-messe télévisuelle.
« Fabien Roussel parle sans détours et veut remettre la gauche au centre du débat politique. Cette invitation vient récompenser son travail. Mais c’est aussi la reconnaissance de ce que représente le PCF dans le pays : 600 maires, 6 000 élus locaux et deux groupes parlementaires. Nous sommes enfin considérés pour ce que nous sommes », affirme Ian Brossat. Certes, la candidature du communiste ne décolle pas dans les sondages, qui le donnent entre 2 % et 2,5 % des intentions de vote. Mais comment décoller en étant écarté des débats, sans pouvoir exposer ses combats lors d’un journal télévisé ? C’est cet ostracisme médiatique qu’est parvenu à briser Fabien Roussel, en étant chaque jour un peu plus invité sur nombre de chaînes, jusqu’au 20 heures de mardi.
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