Des rassemblements ont eu lieu partout en France, ce samedi. À Paris, des milliers de personnes se sont réunies, place de la République. Les organisations progressistes étaient présentes, tout comme la diaspora, venue en nombre.
« J’ai envoyé de l’argent et je suis ici. De toute façon, il n’y a que cela que je peux faire. » Comme des milliers de ses compatriotes, Yaroslav était présent, samedi, sur la place de la République à Paris. Arrivé avec plus d’une heure d’avance, comme une trentaine d’autres ressortissants, ce doctorant en physique témoigne : « Ma famille va bien. Ils ont vu des soldats russes mais la ville, Dnipro, près de Kiev, tient bon pour le moment ». Un peu plus loin, une jeune femme, à genoux et les larmes aux yeux, tient une pancarte et accuse : « World don’t stop Poutine ! » (Le monde n’arrête pas Poutine !). Au troisième jour de l’invasion russe, la communauté ukrainienne en France est encore sous le choc. Ils étaient plusieurs milliers à s’être rassemblés devant la statue de la République pour conjurer la communauté internationale d’agir.
L’extrême droite ukrainienne s’infiltre
« Les sanctions annoncées ne vont pas suffire », témoignage une femme, la gorge nouée. Sa mère de 80 ans est toujours en Ukraine. « Comment expliquez-vous que des pays européens continuent d’acheter du gaz à un pays agresseur ? » « L’OTAN, ce sont des blablateurs. Ils nous ont laissés seuls », poursuit une dame plus âgée. Au fur et à mesure de l’après-midi, la foule s’élargit. Les drapeaux ukrainiens sont rejoints par ceux de la Pologne, de la Géorgie et même de la Biélorussie. Pour Guillaume, soutien de longue date de la communauté ukrainienne de France, ces pays sont les prochaines cibles. « Poutine fait ce qu’il dit, assure le chanteur lyrique de profession. D’autant que l’OTAN ne lui fait plus peur depuis la chute de Kaboul et le retrait des Français au Mali. » Dans la foule, les revendications à l’endroit des occidentaux se font entendre. Dont celle d’une intervention aérienne des pays de l’Otan, et l’exclusion de la Russie du système Swift, le réseau mondial d’échange d’informations financières.
Le choc provoqué par la nouvelle de cette guerre est mis à profit par les forces d’extrême droite ukrainienne, qui tentent de détourner les manifestations vers leurs mots d’ordre. Ainsi, aux côtés des messages de paix et d’appel à l’aide, certains éléments arboraient fièrement, samedi, à Paris, des emblèmes nationalistes ukrainiens comme des drapeaux du Secteur droit, une formation politique paramilitaire et antisémite.
Rassemblements distincts des forces de gauche
Sous le soleil de la place de la République, les forces traditionnelles de la gauche étaient également de la partie, mais en ordre dispersé. Celles qui soutiennent l’idée d’une confrontation armée avec le régime de Vladimir Poutine, avaient droit de partager la tribune avec les forces de la diapsora ukrainienne. À l’instar de Yannick Jadot, qui, dès jeudi, a réclamé l’envoi d’armes en Ukraine, était présent. « Sous les bombes, la résistance du peuple surprend tout le monde, jusqu’à Poutine », souligne le candidat écologiste, réclamant par ailleurs de nouvelles sanctions, dont celle de la fermeture de la chaîne Russia Today en Europe. Si les militants et élus socialistes sont venus en nombre, leur candidate à l’Élysée, Anne Hidalgo était absente de ce rassemblement. La maire de Paris a toutefois tenu à transformer son meeting de Bordeaux en une initiative de soutien à l’Ukraine. « Il nous faut, de toute urgence, inverser le rapport de forces et, dans le cadre de l’Union européenne, organiser l’isolement politique et diplomatique de Poutine », assure la candidate PS.
D’autres forces progressistes, favorables au cessez-le-feu immédiat et aux pourparlers de paix, comme le Mouvement de la Paix, la CGT, la FSU et le Parti communiste, ont tenu une prise de parole distincte de celle organisée par la diaspora ukrainienne . « La responsabilité de cette guerre incombe au gouvernement russe. Mais les pays occidentaux doivent stopper l’avancée de l’alliance atlantique dans les anciens pays de l’Est », assène Christian, militant au collectif « Stop OTAN ». Au nom du PCF, le sénateur de Paris Pierre Laurent a appelé à « amplifier la mobilisation pour la paix, à l’image des milliers de femmes et d’hommes qui se lèvent courageusement, partout dans le monde et jusqu’en Russie contre l’escalade militaire ».
Depuis la manifestation lilloise, le secrétaire national du PCF et candidat à l’élection présidentielle, Fabien Roussel, a tenu à rappeler l’urgence d’obtenir un cessez-le-feu. Face à l’afflux de populations fuyant la guerre, le député propose la « réquisition » des biens fonciers des oligarques russes en France afin d’ « accueillir des réfugiés » venus d’Ukraine.
Des manifestations partout en France et dans le monde
« Avec les téléphones, nos frères et sœurs reçoivent ces images de solidarité depuis les abris anti-bombe. Cela leur donne de la force » témoigne Aléna, une Franco-Ukrainienne venue avec son compagnon, en ce samedi après-midi sur la place de la République. Dans la capitale, depuis vendredi et pour trois soirs de suite, la tour Eiffel sera éclairée de jaune et bleu. Des rassemblements similaires ont eu lieu un peu partout en France, comme à Montpellier, Strasbourg, Marseille. Ailleurs dans le monde, des manifestations de solidarité s’organisent. Au lendemain de l’offensive russe, près de 30 000 personnes ont défilé dans la capitale de Géorgie, Tbilissi, en agitant des drapeaux des deux nations. Le pays avait connu une invasion similaire en 2008. Ils étaient plusieurs milliers à Genève, Athènes et Buenos Aires.
A Montauban Vendredi soir, une centaine devant la préfecture…
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