L’appel à manifester nationalement ce samedi contre le projet de loi Borne-Dussopt, lancé par les syndicats et organisations de jeunesse et soutenus par la gauche a suscité des cortèges plus importants que mardi dernier. Les leaders des confédérations envisagent un durcissement du mouvement social.
Les journées records de mobilisation contre la réforme des retraites s’enchainent et Emmanuel Macron ne voit toujours rien. À son habitude hors de France à chaque fois que la contestation contre son projet de recul de l’âge légal de retraite de 62 à 64 ans envahit les rues de toutes les villes, grandes et petites, le président de la République s’est contenté de souhaiter, depuis le sommet européen de Bruxelles, que « le travail puisse se poursuivre au Parlement », sans que la contestation « bloque (…) la vie du reste du pays ».
L’appel des syndicats et organisations de jeunesse à manifester ce samedi a pourtant été couronné de succès. À Clermont-Ferrand, 50 000 participants ont été comptabilisés (8 000 selon la préfecture). À Toulouse, la CGT a revendiqué un nombre record de « plus de 100 000 manifestants », contre 25 000 selon la police. À Paris, la CGT a annoncé 500 000 marcheurs contre le projet Borne-Macron. Mais ce sont dans les villes moyennes et petites que l’ampleur des cortèges a frappé à nouveau les esprits. Comme à Roanne (Loire) où la police a compté 6 000 manifestants, contre 3 000 mardi. Même tendance à Périgueux, où 5 200 personnes ont défilé contre 3 700 quatre jours plus tôt, selon les statistiques des forces de sécurité. Ou encore à Guéret, avec 4 000 participants contre 2 900 en début de semaine.
Quelles que soient les méthodes de comptage, les confédérations syndicales ont plus que réussi leur pari d’élargir le mouvement social à des cortèges d’opposants n’ayant pas pu manifester jusqu’alors, et ce, alors que deux zones sont en vacances scolaires. Si bien que ce « quatrième acte » a rassemblé plus de monde que le troisième, mardi 7 février dernier et relance la dynamique du combat contre la réforme des retraites.
Cette dynamique prend une nouvelle tournure, avec un appel à un cinquième acte de manifestation le jeudi 16 février prochain, et des leaders syndicaux qui défileront côte à côte d’Albi, cette fois. Ces derniers ont annoncé être prêts « à durcir le mouvement » et à « mettre le pays à l’arrêt le 7 mars », si le gouvernement et le Parlement « restent sourds » aux mobilisations. Le 8 mars, journée internationale des droits des femmes, devrait connaître des actions d’envergure « pour mettre en évidence l’injustice sociale majeure de cette réforme », insiste le communiqué des 8 confédérations unies contre la réforme des retraites. « Ça laisse un peu de temps s’ils veulent réagir », a commenté Laurent Berger (CFDT), précisant que l’ « on n’est pas dans la logique de grève reconductible ». Pour Philippe Martinez (CGT), « la balle est dans le camp » de l’exécutif.
L’examen du projet de loi gouvernemental reprend ce lundi à l’Assemblée nationale et s’achèvera quoi qu’il arrive vendredi soir. « Si le gouvernement n’entend pas (la mobilisation) c’est très grave. Il met en danger la démocratie » a déploré dans le cortège lillois Fabien Roussel (PCF). En marge du cortège marseillais, Jean-Luc Mélenchon a jugé que « Monsieur Macron, s’il compte sur l’usure, se trompe de pays », le chef de file des Insoumis estimant que sa manière d’agir est « une incitation à la violence ». À Paris, le patron du PS Olivier Faure a salué une « mobilisation extraordinaire » et souhaité « que chaque article soit décrypté » lors de l’examen du texte à l’Assemblée nationale.
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