Tandis que la volonté de répression du mouvement syndical, l’autoritarisme du pouvoir utilise “les casseurs” sciemment provoqués, invités pour susciter un réflexe de peur, nos médias s’interrogent sur les “scénarios” de Macron. La vraie question est de savoir ce qui oblige Macron à agir comme il le fait, à préparer sur tous les plans et dans tous les domaines une fascisation de la France. Qu’est-ce qui fait qu’il ne peut pas surseoir aux “réformes”, pourquoi s’obstine-t-il toujours plus à livrer la France à la finance ? A détruire son tissu industriel, à privatiser son système de santé, son éducation, sa recherche, il l’a dit lui-même, il doit cela aux marchés financiers et ce au moment même où ceux-ci sont menacés d’effondrement. Il doit non seulement faire cette réforme mais ce n’est que le début d’un train qui détruira les conquis sociaux. Les scénarios n’ont pas pour but l’apaisement, au contraire il faut faire monter la peur pour que le chaos financier et belliciste s’impose.
Article de AFP • Hier à 17:12
Remaniement, dissolution, promesse de jours meilleurs : Emmanuel Macron, qui va devoir s’adresser aux Français après le fiasco des retraites, n’a que des “mauvaises solutions à sa disposition”, estiment des experts. Cela paraît assez logique si l’on considère qu’effectivement la cause qu’il embrasse, celle des marchés financiers, celle du bellicisme étasunien, de la vassalité française est globalement catastrophique.
Il se retrouve confronté à une crise politique et sociale, avec une marge de rebond plus limitée que lors des Gilets jaunes, faute de majorité et de capital de renouveau après six années d’exercice du pouvoir. Pour le moment les signes que donne le pouvoir sont plus qu’inquiétants, répression syndicale comme à Marseille où six militants de la CGT sont mis en examen sous prétexte de vandalisme et pillage, un prétexte pour commencer à s’attaquer au bastion de l’énergie. Les médias mettent en avant le désordre et s’adressent à la frange de la petite bourgeoisie qui a encore son content et estime avoir quelque chose à perdre, autant qu’à ceux qui isolés sont effrayés par ce monde chaotique et incompréhensible qu’offrent effectivement ceux qui nous gouvernent.
La proposition de Fabien Roussel reprise par l’ensemble de la gauche et par les syndicats d’un référendum sur les retraites a le mérite d’offrir une issue politique qui pour temporaire qu’elle soit s’inscrit dans le calme et une démocratie véritable a contrario de ce choix dramatique qui est celui du Président et des forces qui le manipulent. C’est ce qu’à sa manière Olivier Matheu de la CGT des Bouches du Rhône a proclamé, il a traité le président pour ce qu’il est, le mandataire du capital, il lui a dit : “Allez dire à ceux qui vous gouvernent, le patronat, la finance française et mondiale, que les Français n’en veulent pas et qu’il ne faut pas insister! Ils parlent tous les deux le langage le mieux compris, l’un de sa base du monde du travail, l’autre en tenant compte de ce qu’est le peuple français et le corps électoral et en préservant l’unité de ceux qui se sont rassemblés autour du refus des retraites.
Honnêtement c’est la meilleure surprise du moment, le degré de maturité de ce rassemblement autour de cette réforme. La maturité part d’une analyse juste de ce que représente Macron, de la pression financière et de jusqu’où les grands capitalistes sont prêts à aller, pour Olivier Matheu elle est politiquement dix pas en avant mais au niveau de la colère populaire. Fabien Roussel lui perçoit bien la nécessité du rassemblement et y compris la menace de dissolution de l’Assemblée nationale avec une gauche de plus en plus réduite à la portion congrue et une montée en force de l’abstention et de son corolaire la victoire du Rassemblement National.
– Motion de censure : votée ou rejetée ? –
En actionnant l’article 49.3 de la Constitution pour faire passer en force la réforme des retraites, la Première ministre Élisabeth Borne a paru jouer quitte ou double : si les motions de censure déposées vendredi par l’opposition sont rejetées, la réforme sera considérée comme adoptée. Si l’une d’elles est votée, le gouvernement tombe. Au vu de l’arithmétique à l’Assemblée, le vote d’une motion de censure, qui requiert la majorité absolue des sièges, soit 287 voix, paraît improbable. Mais il y a le “travail” accompli par Macron – qui n’est que le produit que les marchés financiers ont lancé pour accroitre leur emprise – est là y compris à l’Assemblée Nationale. La droite est totalement détruite, Macron est venu au pouvoir en détruisant le PS, maintenant il mène une course de vitesse qui peut déboucher au sprint par une entente avec le Rassemblement National pour que chaque élu de droite fasse les comptes pour sa réélection: avec qui il a intérêt à s’associer. Il faudrait, outre les voix du Rassemblement national et de la Nupes, que 25 à 30 députés Républicains, soit près de la moitié du groupe, la votent, une barre qui semble bien haute même si ce groupe a privé l’exécutif de majorité sur le texte des retraites.
Ce qui est le plus visible désormais c’est l’état réel du personnel politique et de ce que l’on peut attendre des institutions démocratiques : pas grand chose. Si les médias français insistent sur les désordres, l’impossibilité de s’entendre et d’entendre le premier ministre, s’ils vont jusqu’à voler au secours du 49.3, cela existe c’est donc démocratique disent-ils, la presse étrangère réserve tous ses coups au gouvernement et à Macron et voient bien que c’est eux qui ont fait le choix du chaos. Les “experts ” autorisés semblent malgré tout un peu déboussolés quant à l’immédiat.
“Le moins risqué pour le chef de l’Etat et le plus susceptible de lui donner une nouvelle impulsion, c’est le changement de Premier ministre”, avance Bruno Cautrès, tout en estimant que “ça ne peut pas se faire sous la pression”. Effectivement le premier ministre est dans les institutions de la Ve un fusible conçu comme tel, mais à quoi servirait de dégager Borne (une manifestation de faiblesse) alors que le fond est que Macron ne veut pas, ne peut pas changer de politique. Ceux qui sortent renforcés de cet épisode sont ceux qui sont décidés à appliquer cette ligne des marchés financiers quoiqu’il en coûte. Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin et celui de l’Économie Bruno Le Maire, au passage tous deux transfuges des LR.
S’il prend la décision d’opter pour la dissolution, les “bases nouvelles” ont toutes chances d’être pires et le président Macron n’agira ainsi que s’il veut aller au pire, ce qui malheureusement est logique face au choix de la guerre et à la crise financière avec les choix chaotiques de sauvetage du secteur bancaire et des mesures anti-inflationnistes contre le monde du travail.
C’est dans ce contexte qu’il a lui-même provoqué que Macron va devoir s’expliquer. Le vote de la motion de censure a lieu lundi, le sommet européen jeudi. Il doit parler mais que peut-il dire ? Lui qui s’est contenté de fuir y compris en Afrique où il a atteint des sommets du ridicule et de l’outrance et qui a laissé ses proches filtrer quelques phrases résumant sa pensée dont celle sur le contexte financier qui disait l’essentiel qu’il n’était plus maître du jeu et que la France avait perdu sa souveraineté.
Et ce n’est qu’un début …
Et toujours selon le même système de communication, qui suppose quelques initiés et une immense majorité, voire la quasi totalité de dupes, celui des “conseillers” distillant à la presse quelques idées forces, il faut bien effectivement retenir que le président n’est plus le maitre de son calendrier.
Selon un des conseillers exécutifs cités, il va falloir “faire le dos rond, le temps que la mobilisation s’amenuise” – d’ici les vacances de printemps espère-t-il – puis ressortir avec “quelques priorités”.
Le chef de l’État se prépare déjà à d’autres sujets, la santé, l’éducation, l’immigration, plus susceptibles de convaincre les Français, ainsi qu’à une réforme des institutions ambitieuse.
Voilà qui promet, regardez bien les axes proposés et vous comprendrez aisément que la réforme des retraites n’est que la pièce d’un puzzle qui livre les clés de nos droits et de nos souverainetés à la finance, ceux-ci étant prêts à s’accommoder du régime qui leur assurera la survie quitte à ce que tout le reste en crève. Cela vous dira à quel point premièrement la lutte est essentielle mais aussi à quel point les “réformes des retraites” prennent corps dans un ensemble plus vaste dans un monde en changement profond.
Danielle Bleitrach
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