Le collectif « Nos services publics » publie un rapport accablant sur l’état des services publics en France. Éducation, santé, transport, justice, sécurité : l’analyse de 20 ans de politiques publiques montre le décalage entre besoins de la population et l’évolution du secteur.
« Les moyens des services publics augmentent depuis vingt ans moins rapidement que les besoins sociaux », dénoncent le rapport du collectif « Nos services publics » publié jeudi 14 septembre, auquel ont collaboré plus de 100 experts, agents de terrain et citoyens.
Les auteurs du rapport ont décidé de dépasser la critique des services publics, qui coûteraient « trop cher » ou seraient « sous-financés », dans lequel il y aurait « trop » ou « pas assez » d’agents publics, pour se concentrer sur la comparaison de l’évolution des besoins sociaux avec l’investissement dans les services publics. Selon eux, le constat est sans appel : les politiques publiques n’ont pas su s’adapter à l’évolution de la société.
- Santé : crise de l’hôpital public
Le nombre annuel de passages aux urgences a augmenté de « plus de 20 % en moins de dix ans », soit une hausse de 17 millions en 2010 à 21 millions en 2019. Alors que les affections longue durée, comme les diabètes ou les cancers, ont augmenté de 34 %, le rapport explique que le financement du système de soins est de moins en moins adapté à ces pathologies, notamment à cause de la tarification à l’acte et plus globalement de la crise de l’hôpital public.
- Éducation : massification et accroissement des inégalités
Le rapport montre le décalage entre le « phénomène de massification » scolaire, avec un taux de bacheliers pour une génération multiplié par quatre et « la proportion de diplômés du supérieur multipliée par deux en 25 ans chez les 25-34 ans », et la non-adaptation du système éducatif. Les politiques publiques en matière d’éducation ne « parviennent pas à se renouveler » selon le rapport.
- Justice/Sécurité : mauvaise répartition des ressources
Les auteurs notent un paradoxe : alors que les faits de violences diminuent et que les effectifs de police et de gendarmerie augmentent, le sentiment d’insécurité persiste dans l’opinion. Ils estiment également que la répartition des ressources allouées au secteur est décorrélée des besoins effectifs. Ils opposent notamment l’« augmentation constante » des moyens attribués à la lutte contre la drogue et l’immigration à l’insuffisance de ceux « consacrés à la lutte contre les violences familiales, les accidents mortels du travail ou encore la délinquance économique et financière au regard des besoins ». Ils notent également une « dégradation de la qualité et de l’efficacité de la réponse judiciaire ».
- Transport : défaut d’investissements face au réchauffement
Les auteurs décrivent un domaine du transport où les besoins ont explosé, avec notamment une distance journalière moyenne multipliée par près de 5 entre 1960 et 2020. Là encore, les services publics n’ont pas été à la hauteur de l’évolution. À l’heure du réchauffement climatique, cette augmentation a été « portée par la voiture individuelle », quand les solutions alternatives, notamment les transports en commun, n’ont pas connu l’investissement massif qu’ils auraient dû.
Dans les cinq secteurs étudiés, notamment dans l’éducation et la santé, les auteurs du rapport dressent le même constat. Le décalage entre les besoins des citoyens et l’état des services publics a profité aux secteurs privés. Le recul, ou du moins la non-progression de l’offre publique en proportion des besoins est donc générateur d’inégalités. Les Français les plus pauvres, qui ne peuvent compter que sur les services publics pour se soigner, s’instruire, se déplacer, sont les premiers concernés par la détérioration du secteur.
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