Salon de l’agriculture Une délégation d’élus communistes a rencontré les organisations paysannes mercredi, défendant sa vision de l’instauration de prix rémunérateurs, au cœur des débats cette année.
Beaucoup d’agriculteurs nourrissent les Français sans récolter le fruit de leur travail. « Depuis 2015, je n’ai pas réussi à me payer un salaire. Sur six ans d’exercice, je suis déficitaire quatre années. » À 38 ans, Lucie, productrice de pommes depuis 2004, les vend entre 40 et 50 centimes le kilo.
« Mon prix de revient peut passer du simple au double en fonction des conditions climatiques, en cas de gel par exemple », explique-t-elle à Fabien Roussel, secrétaire national du PCF, en visite mercredi au Salon de l’agriculture. « En dessous d’un prix de vente à 1 euro, ça devient donc compliqué », insiste Lucie. « Il faut un système de garantie face aux aléas climatiques », lui répond Fabien Roussel. Et, évidemment, « un prix de vente qui garantisse un salaire aux agriculteurs ».
Cette question d’instaurer des prix planchers afin d’assurer une rémunération aux agriculteurs est au cœur du Salon depuis qu’Emmanuel Macron s’est dit favorable à la mesure, après une visite des plus chahutées samedi. Les communistes, à l’origine du combat législatif sur le sujet, savourent donc une forme de victoire idéologique lors de leur visite.
« André Chassaigne, c’est le père des prix planchers », souligne ainsi à plusieurs reprises Fabien Roussel, en déambulant de stand en stand aux côtés du député du Puy-de-Dôme. « En vingt ans, j’ai déposé trois projets de loi en ce sens. On m’a traité de bolchevique », ironise le président du groupe GDR, qui appelle aussi à contrôler les marges de la grande distribution.
Car les modalités d’instauration des prix planchers interrogent bon nombre d’agriculteurs. « Si au niveau européen on continue à importer des produits sans normes, on n’y arrivera pas, prévient Christian Convers, secrétaire général de la Coordination rurale. Mais c’est vrai que, pour les pris planchers, on n’y croyait plus. Maintenant, au moins, on en parle », souligne-t-il auprès des élus communistes.
« Mettre des prix planchers sans sortir de la concurrence tirera les prix vers le bas. Les prix planchers, cela implique de sortir des accords de libre-échange. Si on ne les bouscule pas, on n’aura pas de résultat », lui répond André Chassaigne, aux côtés du député Yannick Monnet, de la sénatrice Cathy Apourceau-Poly, des maires Pierre Garzon (Villejuif), et Sylvain André (Cendras), et de la tête de liste du PCF aux européennes, Léon Deffontaines.
Sortir les denrées alimentaires du marché
Sur le Salon, les communistes ne sont d’ailleurs pas seuls à penser que c’est l’organisation du marché à l’échelle européenne et internationale qui est en cause. Devant Laurence Marandola, de la Confédération paysanne, ils défendent aussi la « souveraineté alimentaire » de la France. « Il faut qu’on s’accorde sur ce que c’est », précise la responsable syndicale. « Telle qu’on la pense à la Confédération paysanne, ça veut dire que chaque État ou groupe d’États choisisse une orientation, mais sans domination sur des pays tiers. »
Une « position internationaliste » saluée par André Chassaigne, tandis que Léon Deffontaines insiste à nouveau pour « sortir les denrées agricoles des accords de libre-échange » et « mettre un maximum d’intervention politique », à « tous les niveaux des filières ». Durant l’échange, Laurence Marandola défend « du protectionnisme, mais pas de repli sur soi : aucune production ne doit entrer dans le pays à des prix en dessous des coûts de revient pour les paysans ».
Les communistes veulent « changer la PAC »
La PAC est aussi un des leviers sur lesquels élus communistes et organisations d’agriculteurs veulent s’appuyer. Avec parfois des divergences. Les Jeunes Agriculteurs font part de leur proposition de créer un « revenu minimum » pour les agriculteurs grâce à la PAC. Idée qui ne séduit pas trop du côté de la Coordination rurale…
« Nous, on veut changer la PAC. On y réfléchit depuis des années », rappelle André Chassaigne, qui souhaite la mettre au service d’une agriculture vertueuse et raisonnée, en soutien aux exploitations à taille humaine. Léon Deffontaines met aussi à profit la visite pour défendre un autre axe de sa campagne : le refus d’élargir l’Union européenne à l’Ukraine.
« Les productions agricoles françaises seraient mises en concurrence déloyale avec des produits qui sont déjà vendus deux à trois fois moins cher » dans le cadre du soutien apporté par l’Europe dans la guerre contre la Russie. L’idée étant de ne jamais mettre les agriculteurs des différents pays en concurrence les uns contre les autres, et d’assurer à tous des revenus décents.
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