Prenons la main sur la production en France, construisons un monde de paix et de co-développement

Résolution du Conseil national du PCF – 17.05.2025

En annonçant une salve de mesures douanières début avril, Trump a terriblement accéléré la guerre commerciale dans le Monde. Une taxe universelle de 10% est mise en place contre une moyenne de 3% auparavant et, pour bien des secteurs, des mesures spécifiques restent en vigueur (acier, aluminium, automobile…). A l’issue des deux mois de négociation, les Etats-Unis menacent, si aucun accord n’est trouvé, d’appliquer une augmentation des droits pour atteindre 20% pour l’UE, 46% pour le Vietnam ou encore de 26% pour l’Inde.

Ni le libre-échangisme et la soumission au dollar, promue tout particulièrement par les dirigeants de l’UE, ni le protectionnisme nationaliste ne sont des issues. Tous deux accentuent la guerre économique.

Le monde est à un tournant.

Le PCF appelle à relever des défis communs de l’humanité et pour cela à mettre en commun nos forces pour engager une nouvelle industrialisation, avec des protections sociales et écologiques, et promouvoir les services publics, en développant les capacités humaines, l’emploi et la formation.

La crise capitaliste nécessite un autre ordre du monde, de paix et de co-développement pour l’ensemble de l’humanité entre nations souveraines, entre peuples libres et associés, des institutions internationales profondément transformées, un nouveau type de coopérations, l’appropriation publique et sociale des moyens de productions, une intervention démocratique des travailleurs et travailleuses à tous les niveaux sur les choix stratégiques des entreprises et l’utilisation de l’argent, exigence d’autant plus nécessaire face à la montée du fascisme.

Une crise du capitalisme et de l’impérialisme des Etats-Unis

Les décisions de Trump prennent leurs racines dans la crise d’une économie mondiale, dominée par les grandes multinationales américaines, la logique du capital et profondément déstabilisée par la suraccumulation et la concentration financière dans la nouvelle phase de la révolution informationnelle (hausse des profits, des inégalités…), par la fragilisation de la base sociale de la classe dominante américaine, par la montée des BRICS, singulièrement de la Chine, le changement climatique et les défis environnementaux existentiels de l’humanité.

L’impérialisme des États-Unis et son bras armé l’OTAN, pour endiguer son déclin et sauvegarder les intérêts de son capital dans un monde devenu multipolaire, tente de faire payer le prix au reste du monde de ses choix désastreux. Trump cherche à sauver le dollar pour maintenir l’hégémonie américaine sur l’économie mondiale et l’extraterritorialité du droit américain dont les Français savent, notamment depuis la vente d’Alstom Energie à General Electric, à quel point elle est mortifère. Le dollar est un obstacle au développement des nations et des économies. De nombreux pays, en particulier au Sud, l’ont bien compris et tentent de s’en émanciper. Alors que les réserves d’énergies fossiles vont s’amenuiser au niveau mondial, Trump refuse de façon irresponsable d’en sortir et au contraire lance son pays dans une fuite en avant de forages pétroliers et gaziers.

La guerre commerciale est une guerre de classe

L’intensification de l’affrontement économique planétaire, qui pourrait conduire à une récession mondiale et accroît les risques de krach financier, accélère dans plusieurs pays, dont la France, la crise industrielle, les plans de licenciements, une stagnation des salaires, la destruction des conquis sociaux. Cette politique capitaliste s’appuie sur les forces d’extrême droite. Elle conduit les gouvernements à annoncer de nouvelles cures d’austérité pour les services publics, la protection sociale et au recul des droits et libertés. Ainsi, les travailleurs de tous les pays sont les premiers à payer le prix de cette politique. C’est pourquoi le PCF affirme que la guerre commerciale est avant tout une guerre de classe, menée par le capital contre les travailleurs et travailleuses et toute la société.

La France particulièrement exposée est gravement menacée

La France est dépendante en termes de matières premières, de marchés et de technologies. Mais le pouvoir national comme les actionnaires s’enferment dans l’impératif de rentabilité avec comme seule variable d’ajustement les salaires. Notre pays subit, comme ses voisins, les conséquences calamiteuses des dogmes néolibéraux sur lesquels a été construite l’Union européenne, conduisant à la subordination de cette dernière à l’impérialisme étatsunien, à l’inexistence de protections véritables des économies et des industries de nombreux pays, au refus d’implication stratégique de l’État dans l’appui aux capacités humaines, facteur clé de la création de richesses et de la transformation productive et énergétique. La seule perspective pour l’Europe et la France est de s’engager de façon volontaire vers la décarbonation et la sortie des énergies fossiles.

5 propositions pour une réponse de la France au service du monde du travail

Pour répondre à l’offensive de Donald Trump, une transformation de notre mode de développement est nécessaire. Le PCF appelle à une nouvelle industrialisation de la France respectueuse des salarié.es, de la santé, de l’environnement et du vivant, selon les principes de l’économie circulaire ; un nouveau pacte pour notre agriculture et notre alimentation ; la promotion des services publics dans tous les domaines. L’enjeu central est la réappropriation publique et sociale des richesses du pays. La France doit en priorité prendre la main avec les salariés sur l’appareil productif du pays et développer les dépenses humaines, sociales et écologiques.

Le PCF porte les 5 propositions suivantes :

1. Mettre en place un moratoire sur les plans de licenciements et appuyer les projets de développement des travailleurs et populations.

Tous les leviers possibles doivent être utilisés : nationalisation, entrée au capital, réquisition… en imposant systématiquement des nouveaux pouvoirs d’intervention des salariés sur les choix des entreprises concernées et en mobilisant le pôle public bancaire national (le groupe CDC, BPI, Banque Postale…) pour qu’il appuie et permette la viabilité des projets des travailleurs et des populations, sur la base de critères précis. La loi doit évoluer pour permettre le droit de préemption des salariés en cas de vente de leur entreprise et la composition des tribunaux de commerce doit être modifiée, notamment pour comprendre des salariés et des élus territoriaux.

Ainsi les communistes portent aux côtés des salariés la nationalisation d’ArcelorMittal dans le secteur de l’acier menacé dans sa survie même, la création d’une SCIC pour Vencorex dans la chimie, le projet de réouverture de la Chapelle Darblay dans la papeterie ou encore la nationalisation d’ATOS dans le numérique.

2. Créer un fonds de 500 milliards d’euros pour une nouvelle industrialisation sociale et écologique du pays et les services publics

La réponse aux besoins humains et au défi écologique appelle simultanément à de nouvelles coopérations et à produire en France, à relocaliser les productions au service d’une nouvelle industrialisation sociale et écologique et à développer les services publics.

Les banques doivent appliquer d’autres critères de crédits que le taux de profit maximum : baisser le coût du capital pour l’investissement qui développe l’emploi–formation et la valeur ajoutée efficace, écologique, pénaliser les dépenses qui font l’inverse. La nationalisation des grandes banques françaises privées est nécessaire pour mettre en œuvre cette politique monétaire.

Dans l’immédiat, nous proposons la création d’un fonds de 500 milliards d’euros, alimenté par des avances à bas taux du pôle public bancaire existant.

Cela permettrait :

  • Une planification de l’investissement et de l’emploi et de la formation dans des filières stratégiques
    Energie, sidérurgie, chimie, transports, construction, numérique et intelligence artificielle… nombreux sont les secteurs stratégiques dans lesquels l’investissement, l’emploi et la formation doivent être planifiés. Ainsi, par exemple, dans le domaine de l’énergie, un grand plan doit permettre de planifier l’accélération de l’électrification des usages et le doublement de la production d’électricité d’ici 2050 comme le propose le plan Empreinte2050 pour y répondre en développant le nucléaire durable et les énergies renouvelables pilotés par une grande entreprise publique de l’énergie et confier à EDF le monopole de la production et de la distribution d’électricité.
  • La reprise et le développement de l’exploitation directe des matières premières en France
    La question est cruciale voire vitale pour le développement de l’ensemble de la production industrielle notamment des secteurs du stockage de l’énergie, des énergies renouvelables et du numérique. Cette exploitation doit être faite par une entreprise publique nationale et selon des normes sociales et environnementales bien supérieures aux pays dans lesquelles elle a lieu actuellement.
  • Un développement des infrastructures publiques et des services publics

L’heure est à faire à nouveau de la France un pays de bâtisseurs en rénovant et en développant les principales infrastructures publiques (routes, ponts, ports, voies ferrées et navigables, énergie, eau et assainissement, numérique…). L’heure est à une relance massive des investissements pour la décarbonation (transports publics, automobiles décarbonées, rénovation des bâtiments, agroécologie…). Les services publics de la santé, de l’éducation, des transports, de la sécurité et de la justice, de la culture, du logement et de tant d’autres domaines sont un atout majeur et doivent donc embaucher et former et être financés à la hauteur de leurs missions et démocratisés.

Un effort inédit de développement de l’emploi et de la formation au service de ces objectifs :

Pour atteindre ces objectifs, nous avons besoin de former et d’embaucher. Face à l’affaiblissement de notre système éducatif, il faut doubler les moyens de l’éducation nationale pour la formation initiale et continue et embaucher des agents pour le développement des services publics, des ingénieurs et des travailleuses et travailleurs qualifiés pour l’industrie et les services. Il s’agit parallèlement de faire connaître et rendre attractifs les métiers et lutter contre les stéréotypes de genre pour féminiser les métiers scientifiques et industriels.

3. Pénaliser les exportations de capitaux, notamment vers les Etats-Unis

Tant que les mesures de guerre commerciale sont mises en œuvre, nous proposons une taxation des exportations de capitaux vers les Etats-Unis et une pénalisation du taux des prêts bancaires aux entreprises qui y exportent leurs capitaux (IDE ou investissements de portefeuille), ainsi que pour toutes les exportations de capitaux qui, quel que soit le pays, diminuent l’emploi en France ou accroissent les émissions de gaz à effet de serre.

4. Transformer les aides publiques aux entreprises

Dans un tel contexte, nous nous opposons à la distribution annuelle de 200 milliards d’euros d’aides publiques qui viennent principalement nourrir les profits. Les aides publiques doivent être versées sous le contrôle des salariés et sur critères stricts en matière d’emploi, de salaire et d’égalité professionnelle femmes-hommes, de formation, de relocalisation, de transition écologique. Elles doivent être restituées en cas de non-respect des engagements.

5. Augmenter les salaires, les retraites et lutter contre la vie chère

Des mesures d’urgence sont indispensables : augmenter le smic à 2000 euros brut et l’ensemble des premiers niveaux de rémunération des grilles salariales ainsi que les retraites, indexer les salaires et les pensions sur les prix ; augmenter immédiatement de 30 % le traitement des fonctionnaires et dégeler le point d’indice ; abroger la réforme des retraites et engager une réforme de progrès, instaurant notamment le seuil minimum des retraites à 1 500 euros ; bloquer les prix des produits de première nécessité ; augmenter l’AAH et les pensions d’invalidité ; rendre gratuites les cantines scolaires et les quantités d’eau et d’électricité indispensables à une existence digne et baisser le prix de l’électricité.

Un co-développement de nations souveraines et de peuples libres et associés dans un monde de paix

Nous proposons que la France mette ses forces en commun avec les nations et les peuples d’Europe et du Monde pour atteindre les objectifs de développement durable de l’ONU et relever les grands défis de l’humanité : pauvreté, emploi, inégalités, climat, biens communs, services publics.

Le PCF appelle à engager 3 négociations internationales et d’en échanger avec tous les partis communistes et forces politiques avec lesquels nous pensons pouvoir les faire avancer :

  • Une négociation avec les pays européens : pour la coopération des pôles publics bancaires et financiers nationaux existant dans l’UE pour financer à bas taux le développement des services publics, jusqu’à un Fonds européen solidaire ; pour fixer des critères d’efficacité sociale et écologique à la politique monétaire de la Banque centrale européenne ; pour modifier le droit européen sur les marchés publics et rendre obligatoires des critères sociaux, environnementaux et géographiques.
  • Une négociation de la France et de l’UE avec les pays du Sud global (Afrique, Asie, Amérique latine), dont les BRICS (Chine, Brésil en particulier) : pour des traités de maîtrise des échanges et investissements internationaux pour le développement de l’emploi et des biens communs.
  • Une négociation internationale pour l’ouverture d’une conférence financière et monétaire mondiale de financements des biens communs et des dettes publiques par une monnaie mondiale véritablement commune, pour sortir du système dollar.

Industrie et services publics : les communistes dans l’action !

Partout en France, les communistes poursuivent leur campagne nationale pour l’industrie et les services publics et agissent pour renforcer leur parti. Ils veulent aider à construire une conscience de classe commune en étant au cœur des luttes, afin d’unir celles et ceux qui n’ont que leur travail pour vivre. Ils font d’une priorité la promotion des capacités humaines, le développement de l’emploi et de la formation.

Avec leur secrétaire national Fabien Roussel, qui vient de publier « Le parti pris du travail », ils appellent à ne pas laisser faire la casse industrielle et des services publics en cours et mettent en débat leurs propositions.

Après les deux initiatives nationales organisées, le 24 mars dernier « pour des services publics du XXIe siècle » et ce samedi 17 mai « pour une nouvelle industrialisation de la France », le PCF appelle à la mobilisation :

  • Pour une campagne pour la nationalisation d’ArcelorMittal France et la réaffirmation que le pays peut produire du métal sans Mittal. Cette nationalisation est décisive, tant pour prendre la main sur les hauts-fourneaux de Dunkerque ou de Fos-sur-Mer que pour sauver des productions stratégiques comme celles d’Industeel pour la défense, le nucléaire et d’autres secteurs. Elle doit s’accompagner d’une négociation sur l’utilisation des technologies, de la création de droits d’intervention des travailleurs et d’un appui des banques à des investissements sur des critères écologiques et sociaux.
  • Contre le plan d’austérité de 40 milliards d’euros porté par le gouvernement Bayrou, la baisse organisée des ressources de l’Etat, de la sécurité sociale et des collectivités territoriales, et pour le développement des services publics nationaux et locaux ; pour la création d’un fonds de 500 milliards d’euros pour une nouvelle industrialisation sociale et écologique du pays et les services publics ; pour l’abrogation de la réforme des retraites lors de la niche parlementaire du groupe GDR le 5 juin prochain et un débat national sur nos propositions de financement des retraites et de la sécurité sociale.

Au regard des enjeux internationaux, le PCF organisera une initiative internationale sur l’alternative à opposer au libre-échangisme et au protectionnisme nationaliste.

Le PCF appelle à œuvrer à la paix sans laquelle il n’existe aucun progrès social ni écologique. La France doit porter une voix forte et indépendante en faveur de la paix et du droit. Seul le respect des principes de la charte des nations unies, du droit international et la résolution diplomatique des causes de conflit dans des cadres multilatéraux comme l’est l’ONU permettra d’ouvrir la voie d’un nouvel ordre du monde.


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