Fabien Roussel plaide pour « qu’un nouvel accord se dégage à gauche » (Video discours Huma2025)

Fabien Roussel a fixé des lignes rouges – dont l’abandon du budget Bayrou, l’abrogation de la réforme des retraites, la hausse des salaires – à l’intention du premier ministre, sous peine de censure. Le secrétaire national du PCF a aussi affirmé ne pas vouloir renouveler l’accord scellé par le Nouveau Front populaire en l’état, en cas de dissolution de l’Assemblée nationale, au profit d’un nouvel accord qu’il appelle de ses vœux.

« Je comprends les Français qui en ont marre et veulent que Macron parte maintenant, confie Fabien Roussel. Mais nous serons davantage prêts en attendant 2027, à la condition qu’il y ait un mouvement social puissant qui nous porte. » ©DR

 

Le secrétaire national du Parti communiste français (PCF), Fabien Roussel, a profité de cette première journée à la Fête de l’Humanité 2025, pour inviter à la mobilisation sociale en cette rentrée, à l’occasion d’un déjeuner de presse. Actualité oblige, le maire de Saint-Amand-les-Eaux (Nord) a confirmé que le PCF « ne censure pas a priori » le prochain gouvernement dirigé par Sébastien Lecornu, nommé Premier ministre mardi 9 septembre. Et de préciser immédiatement : « Il doit envoyer des signaux rapides aux Français : augmentation des salaires, abrogation de la réforme des retraites, taxes sur les plus riches, débattre des aides aux entreprises, estime Fabien Roussel. Mais si c’est pour passer de 44 milliards à 39 milliards d’économies, ce n’est même pas la peine de nous appeler. Nous n’avons pas peur ni de censurer ni d’une dissolution. »

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Pour que « la réforme des retraites soit soumise au vote du Parlement »

Le secrétaire national du PCF a, hasard du calendrier, rencontré Sébastien Lecornu dès lundi 8 septembre, un jour avant que ce dernier ne soit officialisé à Matignon. « Il a porté des exigences auprès de celui qui est devenu premier ministre », confirme Léon Deffontaines, porte-parole du Parti communiste. Il avait plaidé pour que le premier ministre nommé soit de gauche.

« Fabien Roussel a demandé que la réforme des retraites soit soumise au vote du Parlement, que les politiques austéritaires du camp macroniste soient délaissées pour un plan de relance de l’emploi, de l’économie, de l’industrie, confirme l’ancien candidat aux élections européennes de 2024. Il a enfin demandé qu’une discussion sur la fiscalité soit engagée, en allant chercher des nouvelles recettes, notamment avec la taxe Zucman. »

Cette dernière, du nom de l’économiste français Gabriel Zucman, a été rejetée par le Sénat, en juin dernier. Cette taxe prévoyait d’appliquer une « contribution différentielle » dit impôt plancher. Initialement adoptée à l’Assemblée nationale, elle cible les patrimoines excédant 100 millions d’euros.

En cas d’adoption, le texte aurait permis d’assurer que ces contribuables ultrariches payent au moins 2 % de leur fortune en impôt. Les élus de gauche ont annoncé vouloir présenter à nouveau cette mesure en automne prochain, à l’occasion de l’examen du projet de loi de Finance. La taxe Zucman pourrait rapporter 15 à 20 milliards d’euros au budget de l’État.

« Nous préférons qu’un nouvel accord se dégage à gauche »

« Nous attendions un premier ministre de gauche, ils ont préféré Lecornu, un homme de leur camp, fustige Fabien Roussel. Je souhaite que les Français s’en mêlent et poussent le plus possible le mouvement du 18 septembre, mais aussi que Lecornu se détourne de l’Élysée pour se tourner vers le Parlement. » Et d’ajouter : « Il y en a qui disent compromis. D’autres qui disent aucune compromission. J’entends et je respecte les deux points de vue. Mais ce qu’il faut c’est un 18 septembre le plus fort possible pour peser sur les décisions. » Sans changement de politique, on ne donne pas « un mois » au gouvernement Lecornu chez les dirigeants communistes.

Si le président de la République, Emmanuel Macron, préfère poursuivre son coup de force avec la nomination de sa copie conforme, celui-ci pourrait donc être démis. Et « les communistes n’ont pas peur d’une dissolution », affirme Fabien Roussel. En cas d’élections législatives anticipées, le secrétaire national du PCF l’affirme : « Nous ne renouvellerons pas l’accord du Nouveau Front populaire. Nous préférons qu’un nouvel accord se dégage à gauche, département par département avec des personnalités ancrées comme candidats et sans parachutage. »

Le président du groupe Gauche démocrate et républicaine (GDR), le député communiste Stéphane Peu insiste sur la nécessité d’un accord, au vu de la jonction qui se crée entre droite et extrême droite. « Il existe désormais une porosité intellectuelle et culturelle entre la droite et l’extrême droite. Les victoires culturelles précèdent les victoires politiques, disait Gramsci, les accords politiques aussi », analyse le responsable des députés communistes et ultramarins.

Autre hypothèse poussée par une partie de l’opposition, notamment la France insoumise : la démission ou la destitution d’Emmanuel Macron. « Je comprends les Français qui en ont marre et veulent que Macron parte maintenant, confie Fabien Roussel. Mais nous serons davantage prêts en attendant 2027, à la condition qu’il y ait un mouvement social puissant qui nous porte. » Il assure comprendre « ceux qui veulent une destitution. Mais au PCF nous ne déléguons pas le changement à de nouvelles élections. Nous ne sommes pas un parti présidentialiste. Nous sommes parlementaristes. On est pour que le mouvement social fasse pression et pèse à fond. Et on portera sa voix au Parlement. Le Front populaire de 36 ce n’est pas seulement une alliance entre communistes socialistes et radicaux, c’est 12 millions de grévistes ! »

« Pour faire péter le plafond de verre de 28-29 % à gauche, estime-t-il, il faut accepter d’avoir des différences et de ne pas partir ensemble parfois au 1er tour. » Ces différences, on les trouve, selon lui, sur les questions de la paix, de l’Otan, de la production industrielle, de l’énergie. Par ailleurs, « une partie de la gauche ne sait pas écouter ce qui se dit dans le pays et parler avec les mots du peuple », s’inquiète-t-il. Dès lors, le secrétaire national du PCF ne compte pas participer à une primaire de la gauche, et ce, quelle que soit sa forme. « Ce serait faire croire que Fabien Roussel et Raphaël Glucksmann pourraient partir ensemble dès le 1er tour, raille-t-il. Personne ne peut croire ça. » Une entente de toute la gauche pour battre la droite et l’extrême droite au second tour, en revanche, est sur la table.

« Avant les législatives et la présidentielle, il y a les municipales »

Fabien Roussel invite aussi à ne pas être obnubilé par l’élection présidentielle. « Avant les législatives et la présidentielle, il y a les élections municipales. Et la gauche doit montrer qu’elle est capable de s’unir », alerte-t-il, menaçant de ne pas soutenir un député qui ne soutiendrait pas les maires sortants. Ces municipales, le PCF les voit dans un esprit de conquête. Ian Brossat, chef de file des communistes dans la capitale, indique travailler à Paris à un rassemblement de la gauche avec les socialistes, les écologistes et l’Après de Danielle Simonnet, qui siège pour le moment sur les bancs de l’opposition. « Nous avons un devoir de nous unir » pour répondre aux aspirations des Parisiens, « attachés à la justice sociale et aux écologistes ».

L’autre porte-parole du PCF, Léon Deffontaines, chef de file des communistes à Amiens tente d’unir les forces progressistes dans le chef-lieu de la Somme et compte en faire un modèle. « Amiens peut devenir le Hénin-Beaumont de la gauche, une alternative à l’extrême droite », un symbole dans un département où l’extrême droite compte trois députés. Outre Amiens, le PCF compte être au premier plan pour ramener dans l’escarcelle de la gauche Nîmes et Tarbes. À l’avant-garde du combat contre la droite et l’extrême droite.


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