« Au-delà même du temps scolaire, sur le temps périscolaire et l’accueil des enfants en dehors des heures de classe, les communes supportent des coûts significatifs – accueils du matin et du soir, mercredis, centres de loisirs rattachés aux écoles ». Dans cette tribune, le conseiller régional Yannick Trigance (PS) rappelle et souligne le rôle des communes pour l’éducation, l’école. « Une commune qui mobilise ressources et partenaires pour l’éducation favorise l’émancipation en démocratisant les opportunités culturelles, sportives et citoyennes, renforce la fraternité en créant des lieux et des temps partagés – écoles, cantines, activités périscolaires, maisons de quartier – où se construisent la solidarité et le vivre-ensemble, soutient des politiques préventives – médiation, accompagnement des familles, lutte contre le décrochage – moins coûteuses et plus efficaces que des interventions palliatives tardives ».

À l’approche des élections municipales de mars 2026 et avant les élections présidentielles et législatives de 2027 qui conditionneront un véritable choix de société, la place de l’éducation mérite plus que jamais d’être au cœur des priorités des équipes qui vont solliciter la confiance des électrices et des électeurs.

Car l’école n’est plus seulement une compétence nationale : les communes jouent aujourd’hui un rôle décisif – financier, opérationnel et partenarial – dans la réussite scolaire et l’émancipation de notre jeunesse.

D’un point de vue financier tout d’abord : la dépense intérieure d’éducation (DIE) en France s’établissait à près de 190 milliards d’euros en 2023. Si l’État reste le contributeur principal, la part des collectivités locales dans le financement de l’éducation a significativement augmenté au fil des décennies et représente désormais une part importante des dépenses d’éducation. Plusieurs estimations récentes évaluent la contribution des collectivités locales à la DIE à environ 23 % (soit plus de 44 milliards € en 2023). 

Les collectivités locales – et parmi elles les communes – investissent massivement dans les bâtiments et équipements scolaires : en 2022, les collectivités ont investi environ 8,4 milliards d’euros dans les établissements scolaires publics, dont 3,6 milliards pour le premier degré . Ces investissements pèsent d’ailleurs très lourdement sur les budgets des petites communes qui ne reçoivent que très peu d’aides de l’Etat.

Au-delà même du temps scolaire, sur le temps périscolaire et l’accueil des enfants en dehors des heures de classe, les communes supportent des coûts significatifs : accueils du matin et du soir, mercredis, centres de loisirs rattachés aux écoles…

Une enquête de l’Association des Maires de France de 2023 indiquait des coûts bruts moyens par enfant de l’ordre de 700 € par an pour les accueils « sur toute la semaine », ces services étant largement portés et subventionnés par les communes.

Mais les communes s’impliquent également dans des projets éducatifs locaux qui leur confèrent un rôle essentiel aux côtés notamment – mais pas uniquement – de l’Education nationale pour des partenariats éducatifs visant à lutter contre les inégalités déjà très marquées dès la petite enfance.

Projets Educatifs Territoriaux – PEDT – , conventions avec l’Éducation nationale – projets de réussite éducative, cité éducative, dispositifs de prévention -, coopération avec les acteurs de l’éducation populaire – associations sportives, culturelles, socio-éducatives – et collectivités intercommunales : ces partenariats rendent possible une offre éducative locale riche et diversifiée, propice à l‘épanouissement et à l’émancipation de tous les enfants.

Mais le constat politique est clair : les priorités du moment et les arbitrages budgétaires nationaux qui en découlent relèguent l’éducation au second plan – le budget des armées vient pour la première fois de dépasser celui de l’éducation et la part consacrée à l’éducation dans le Produit Intérieur Brut a diminué de 1 point en 30 ans, soit une baisse de 29 milliards d’euros -.

Résultat : les collectivités locales doivent  renforcer leur intervention pour maintenir des services éducatifs de proximité et de qualité – périscolaire, rénovation d’écoles, recrutements d’ATSEM ou d’animateurs… -. Elles compensent de plus en plus souvent des choix nationaux  – carte scolaire, suppression ou non de postes, priorités d’investissement… – et se doivent d’assumer sur le terrain des effets d’annonces nationales non concertées ayant des conséquences financières locales imprévues comme par exemple l’obligation de la scolarisation en maternelle, décidée par Jean-Michel Blanquer en 2019, qui a obligé les communes à financer les écoles maternelles privées.

Ce basculement vers une charge locale accrue interroge la soutenabilité financière des communes et appelle des mécanismes clairs de cofinancement et de contractualisation entre l’État et les collectivités, un Etat qui doit cesser de se désengager de la question éducative.

Car au final l’investissement éducatif local n’est pas uniquement technique ou budgétaire : il a un impact direct sur lapossibles cohésion sociale, sur l’égalité des  pour tous les jeunes et sur la construction du bien commun. Une commune qui mobilise ressources et partenaires pour l’éducation favorise l’émancipation en  démocratisant les opportunités culturelles, sportives et citoyennes, renforce la fraternité en créant des lieux et des temps partagés – écoles, cantines, activités périscolaires, maisons de quartier – où se construisent la solidarité et le vivre-ensemble, soutient des politiques préventives – médiation, accompagnement des familles, lutte contre le décrochage – moins coûteuses et plus efficaces que des interventions palliatives tardives.

L’éducation est d’abord et avant tout une question de justice sociale et de cohésion locale.

En plaçant l’éducation au coeur de leur projet politique local, en s’engageant à proposer un parcours éducatif cohérent et de qualité avant, pendant et après l’école, en choisissant d’investir dans l’avenir de notre jeunesse pour créer du commun dans une vision éducative et citoyenne, les équipes qui candidateront en 2026 contribueront à la mise en place d’une société plus fraternelle, plus émancipatrice et plus coopérative.

En un mot, elles feront République.

Yannick Trigance