Après une nouvelle démonstration de force dans la rue, les organisations syndicales veulent hausser le ton à partir du 7 mars. L’exécutif campe sur ses positions.
Et d’un ! Les syndicats ont incontestablement remporté le premier round dans le combat qui les oppose au gouvernement sur la réforme des retraites, et il fallait faire preuve d’une singulière mauvaise foi pour pointer, ce 11 février, un « essoufflement » du mouvement social. Certes, les niveaux de mobilisation étaient légèrement inférieurs à ceux de la journée historique du 31 janvier (2,5 millions de manifestants cette fois-ci contre 2,8 millions alors, selon la CGT), mais le pari de l’élargissement tenté par les organisations syndicales est gagné.
Nos reportages en attestent, les cortèges ont vu affluer un peu partout en France de nouveaux visages – familles, primo-manifestants, salariés précaires – que les journées de mobilisation en semaine pouvaient rebuter.
La journée du 11 février aux quatre coins de France
Plus généralement, la première phase du mouvement social a d’ores et déjà atteint ses deux objectifs : gagner la bataille de l’opinion et enchaîner les démonstrations de force dans la rue. Les sondages qui se suivent le confirment. Une enquête publiée par Elabe quelques jours avant la mobilisation de ce samedi montrait que le projet de réforme des retraites est toujours rejeté par 75 % des ouvriers et employés, 76 % des professions intermédiaires, 63 % des cadres, etc.
« Tout le monde a bien compris qu’avec cette réforme on en prenait pour deux ans de plus, résumait dans nos colonnes Dominique Corona, secrétaire général adjoint de l’Unsa. C’est encore plus difficile à accepter quand on sait qu’il n’y a aucune urgence à réformer, contrairement à ce que veut nous faire croire l’exécutif. »
Pour l’instant, les efforts déployés par ce dernier pour présenter ses « concessions » comme autant d’avancées sociales (sur la pension minimale, les carrières longues, etc.) ne paient pas.
« Passer à un niveau de mobilisation plus intensif »
Cependant, les syndicats savent qu’ils ne peuvent s’en tenir au statu quo : à la base comme au sommet, tout le monde a conscience que les manifestations constituent une condition assurément nécessaire, mais sans doute insuffisante, pour faire plier l’exécutif.
Depuis des semaines, la pression grimpait dans certains secteurs traditionnellement en pointe dans les mouvements sociaux – rail, raffineries, énergie, etc. Et ce 10 février, l’intersyndicale a décidé de muscler le jeu : les huit principaux syndicats du pays se sont dits prêts à « mettre la France à l’arrêt dans tous les secteurs le 7 mars » (fin des vacances scolaires dans les trois zones), si le gouvernement et le Parlement « restent sourds » à la mobilisation.
Au même moment, les syndicats de la RATP ont appelé à une grève reconductible à partir de la même date. Laurent Brun, secrétaire général de la fédération CGT des cheminots, dit de son côté vouloir « ouvrir le débat sur la grève reconductible à partir du 7 mars pour passer à un niveau de mobilisation plus intensif ».
En face, le pouvoir affiche son inflexibilité. Dans le Journal du dimanche, un proche de l’Élysée résume l’état d’esprit qui prévaut en Macronie : « Si on faisait de nouvelles concessions, on présenterait aux Français une réforme inefficace et inutile. (…) Il y a un intangible, c’est le principe de la réforme », c’est-à-dire le passage à 64 ans. Voilà qui a le mérite de la clarté.
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