BIEN COMMUN Contre l’avis du gouvernement, l’Assemblée nationale a adopté jeudi en deuxième lecture un texte, porté par la gauche, pour « protéger EDF d’un démembrement », qui entend aussi élargir le nombre d’entreprises et collectivités bénéficiaires de tarifs réglementés de l’électricité.
« Victoire. Quand il n’y a pas 49.3 et qu’on vote, on fait avancer les sujets concrets contre les macronistes», s’est félicité le député communiste Sébastien Jumel jeudi soir. Sa proposition de loi contre le démembrement d’EDF et pour les tarifs réglementés d’électricité pour les artisans vient alors d’être adoptée, par 127 voix pour, 89 contre.
Déjà voté en première lecture par les députés lors de la niche socialiste en février, puis accepté dans une version amendée au Sénat, ce texte « visant à protéger le groupe EDF d’un démembrement » a connu ce jeudi une étape décisive. Pour cela, la navette parlementaire doit désormais retourner au Sénat, où la gauche a bon espoir de le voir définitivement adopté.
« Pour la première fois dans l’histoire une loi serait intégralement adoptée contre l’avis du gouvernement, après passages au Sénat et à l’Assemblée », revendique le député PS Philippe Brun, corapporteur du texte. « C’est un projet efficace, pragmatique, concret, vante Sébastien Jumel, également corapporteur. Nous aurions pu aller plus loin si nous avions voulu mais nous voulions envoyer un message fort : EDF représente l’intérêt supérieur de la nation. »
Cette proposition de loi vise également à restaurer un tarif réglementé pour les petites et les moyennes entreprises, étranglées par la hausse des prix de l’énergie depuis un an. « Il faut empêcher la vente à la découpe d’EDF. L’énergie n’est pas une marchandise comme une autre, c’est un bien commun », insiste Sébastien Jumel. Les députés LR ont eux aussi soutenu le texte, l’élu du Bas-Rhin Patrick Hetzel voyant dans une potentielle dislocation de ce joyau national « une pure folie contraire à l’intérêt des Français ». À l’entendre, « EDF est sous la menace d’un démembrement qui aurait des conséquences difficiles. Macron cherche à privatiser les activités les plus rentables d’EDF. Cela reviendrait à socialiser les pertes et privatiser les profits ».
Des boulangers venus en soutien
La flambée des prix de l’énergie pour les commerçants, artisans et petites ou moyennes entreprises a occupé une part essentielle des discussions. Certains boulangers artisanaux, menacés, avaient fait le déplacement à l’Assemblée, offrant croissants et pains au chocolat aux députés en amont des débats pour les alerter sur leur situation. « Je regrette l’abandon de notre souveraineté énergétique, a tonné Fabien Roussel, le secrétaire national du PCF, à la tribune. Notre pays n’est plus capable de garantir des prix bas pour l’ensemble de nos entreprises, de nos collectivités et des ménages. » Le député du Nord y voit « le fruit de vingt ans de libéralisme et de concurrence libre et non faussée ». Il s’agit d’y mettre un terme. Les communistes, « tout au long de leur histoire, ont toujours été au rendez-vous » pour défendre l’accès à une « électricité la moins chère et la plus décarbonée d’Europe », a-t-il rappelé.
Le gouvernement, par la voix du ministre de l’Industrie, Roland Lescure, a dénoncé « une politique de la terre brûlée ». « Vous vous battez contre des chimères », a-t-il déclaré en direction des corapporteurs PCF et PS. Lesquels n’ont pas manqué, toute la journée, de rappeler l’héritage du ministre communiste Marcel Paul qui, en 1946, avait su créer un large rassemblement allant des communistes aux gaullistes, pour donner naissance et nationaliser EDF-GDF.
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