Les lecteurs de ce blog savent à quel point nous avons jusqu’ici souligné la distance entre l’évolution positive depuis le 38e congrès du PCF au plan intérieur, l’autonomie reconquise de ce parti, sans rupture au sein de la gauche, sans sectarisme. Une autonomie qui n’était pas seulement celle de la survie d’un parti communiste mais permettait un retour vers la classe ouvrière, les couches populaires. Parce que cette politique était la seule permettant la reconquête de ceux qui déçus par une gauche qui n’en avait plus que le nom s’abstenait ou allait même jusqu’au Rassemblement national le mal nommé puisque son rôle réel était de diviser la nation jusqu’à la guerre civile. Mais nous avons également dénoncé le fait que cet aspect positif était malheureusement remis en cause au plan international, interdisant même la lutte sur des fondamentaux comme la paix et le rôle réel de l’UE en faveur de l’OTAN et des marchés financiers. Mais nous avions également noté l’importance du débat démocratique au sein du PCF, de la base au conseil national en ce sens. Nous nous félicitons donc de l’évolution dont nous voudrions donner quelques exemples aujourd’hui qui nous incitent à soutenir la liste du PCF aux Européennes (note de Danielle Bleitrach pour Histoireetsociete) .
L’intervention de Fabien Roussel à l’assemblée nationale :
Europe : vers une liste de large rassemblement – Extraits du rapport sur l’Europe présenté par Véronique Mahé au dernier CN
Ce rapport qui est complété par des interventions offensives de celui qui dirige cette liste à savoir Léon Deffontaines, nous parait être adapté à la situation. Là encore il a le mérite d’insister sur la cohérence des choix fondamentaux du PCF y compris au plan européen et de montrer par l’exemple à quel point le temps des ambiguïtés masquées par un pseudo radicalisme comme Syriza ou Linke, voire la NUPES était dépassé, mais un autre rassemblement était possible qui lui aussi ne renoncerait pas au programme. On peut certes s’interroger sur l’avenir de LEFT au plan européen, mais c’est également sur toute l’UE et son avenir que l’on peut s’interroger et nul doute que l’avenir accélère une évolution qui en quelques mois a pris de la vitesse pour le pire comme le meilleur.
Au titre du pire il y a la multiplication des conflits sur le modèle de ce qui existe déjà en Ukraine, une balkanisation du continent avec le choix de l’OTAN et de l’atlantisme, l’inflation, le chômage, la paupérisation de la jeunesse en particulier avec une mobilité descendante, dans un contexte de destruction des services publics, et des divisions nées dans l’extrême-droite mais qui finissent par gagner tout le spectre politique. Si partout des Pays-Bas à la Finlande, l’Italie, l’extrême-droite s’installe c’est d’abord à cause de ces politiques mais aussi par un déficit de démocratie. Les citoyens n’ont pas leur mot à dire sur la guerre et la paix et leurs votes ne sont pas respectés. Le spectre de ce déni de démocratie va du 49.3 français au mépris total de leurs votes contre la constitution européenne… En ce qui concerne le déficit de démocratie de toute la vie politique, tout n’est pas levé de la part du PCF et on doit toujours s’interroger sur ce qui a permis le vote de la résolution 390 en faveur de l’armement de l’OTAN en Ukraine et surtout l’absence d’autocritique des élus, qu’en sera-t-il de nos votes pou cette liste surtout intégrés dans le courant LEFT ?
Si le PCF a montré ces dernières années et plus que jamais dans la proposition de cette liste qu’il était sans doute le parti le plus démocratique en France, celui dans lequel l’opinion de ses adhérents était pris en compte celui-ci étant le reflet des forces vives, progressistes qui existent dans le pays, le parti qui demeure encore le plus ancré dans les couches populaires, le plus éloigné de la politique politicienne le chemin pour qu’il soit réellement un parti communiste défenseur de la paix , de la justice sociale, porteur des aspirations de la classe ouvrière autant que de la souveraineté française reste à accomplir. Parce que la véritable démocratie ne se limite pas à la consutation électorale même en cas de respect du mandat de l’électeur mais c’est ce qui favorise l’intervention populaire transforme l’adhérent en militant et l’électeur en acteur.
De ce point de vue, la présentation de cette liste et du rassemblement qu’elle préconise a commencé un éclaircissement qui offre la seule voie à laquelle se rallier. C’est ça ou l’abstention sous couvert de refus de l’Europe, mais une telle abstention n’a jamais été préconisée par les communistes, qui, et Fabien Roussel a raison de rappeler les batailles contre Maastricht, contre la Constitution, ont eu le mérite de prévoir ce que la dite Europe avait de nuisible pour le peuple français. Donc si grâce à un débat démocratique sans équivalent dans aucun autre parti ce qui se présente aujourd’hui se confirme personnellement (sans engager la totalité des contributeurs/lecteurs d’Histoireetsociete) je pense pouvoir dire que nous consacrerons ici une part de nos publications à une telle campagne à la fois pour la soutenir et pour l’enrichir).
Nous continuerons à insister sur la crédibilité de la perspective dans laquelle s’engage le PCF en regard de l’état réel des rapports de forces dans le monde, en particulier son basculement vers un monde multipolaire dont le leader est un pays dont la direction est communiste et le choix du socialisme présente des caractéristiques qui méritent mieux que l’opportunisme face aux campagnes de propagande y compris quand elles viennent de la gauche. Il y a la nécessité de renouveler notre conception de l’internationalisme. Des obstacles sont en train d’être levés mais nous sommes loin de ce qui devrait être envisagé. Ici aussi nous privilégions le processus…
Ce vote nous donne un autre mandat clair, dans la continuité des débats du Congrès de Marseille. À partir de ce vote, la direction du PCF a un mandat pour travailler une liste de large rassemblement, au nom des communistes, et engager les discussions avec les formations politiques de gauche et les personnalités associatives, syndicales ou élues qui se retrouvent dans ces propositions et cette démarche. Nous devons passer à une accélération de la mise en œuvre du choix des communistes, exprimé lors de notre congrès et par ce vote, pour construire une liste de 81 noms, de large rassemblement.
Nous avons sollicité l’ensemble des fédérations afin qu’elles nous fassent des proposions de candidatures du Parti ou d’ouverture, syndicalistes, associatives… d’ici le CN du 9 décembre. Donc cet appel à candidatures est encore en cours. Par ailleurs, nous dialoguons avec plusieurs personnalités syndicales conformément à notre volonté d’une liste incarnant la combativité et les luttes des salariés, d’entreprises et des fonctions publiques, du monde du travail dirons-nous. Après avoir partagé le contenu de nos résolutions, et un échange sur le fond, nous avons ouvert des discussions pour la constitution d’un accord avec la Fédération de la gauche républicaine et notamment GRS. Nous souhaitions pouvoir avancer sur cet accord pour décembre pour qu’ensemble nous appelions à poursuivre l’élargissement de la liste.
L’ensemble des communistes seront appelés à voter sur la liste complète. Nous proposons de pouvoir adopter cette liste en début d’année 2024, avec donc un votre des communistes en janvier ou février. Mais il est important que cela n’empêche pas que la campagne soit d’ores et déjà lancée. Sur la liste nous ferons un point d’étape et d’information au Conseil national de décembre.
Nous savons qu’à ces élections européennes plusieurs listes de gauche vont se présenter séparément car il y a des projets différents. La dernière période met encore plus en difficulté ceux qui militaient pour une liste commune dite « Nupes », qui est derrière nous et enterrée. Mais le débat sur nos différences à gauche, sur nos désaccords souligne que nous avons un espace politique à prendre lors de ces élections qui va bien au-delà du PCF. Nous proposons d’occuper cet espace politique en travaillant tout l’électorat de gauche pour reprendre la main en France et en Europe avec l’ambition de progresser dans les quartiers populaires, des grandes villes aux villages ruraux.
Dès 1979 et à toutes les élections européennes suivantes, notre parti a présenté une liste et fait entendre sa voix et ses propositions originales. Non par volonté de faire cavalier seul, mais parce que des désaccords fondamentaux nous séparent des autres composantes de la gauche à propos de la conduite à tenir face à l’Europe des marchés et de la finance. Trois assemblées gouvernent la France, l’Assemblée nationale, le Sénat et le Parlement européen. L’enjeu qui est devant nous pour 2024 pour le PCF c’est de revenir au Parlement européen, donc d’aller au-delà des 5 % et d’être dans les acteurs nationaux de gauche qui comptent. Nous nous situons en Europe, dans la continuité de notre engagement au sein du Parti de la gauche européenne. Il faut souligner l’apport historique, qui continu, du PCF dans les débats à gauche en Europe et notamment au sein du PGE.
Ces débats sont très compliqués, durs, et même très inquiétants, dans la dernière période de la situation de Die Linke à Syriza pour ne citer qu’eux. Il y a un enjeu européen à notre retour au Parlement, notamment dans le groupe « The Left ». Conformément aux discussions que nous avons eues lors de la conférence européenne, au congrès et dans les différents conseils nationaux, le rassemblement que nous proposons, c’est le rassemblement qui incarne et porte les luttes de France, à l’échelle européenne.
Sur les 80 candidats et candidates qui accompagneront Léon dans cette campagne importante, nous aurons des camarades du PCF, mais aussi des candidat·es d’ouverture : des syndicalistes, des personnalités d’ouverture, dirigeants importants d’autres forces politiques. Également des représentants des outre-mer, des hommes et des femmes élu·es, représentants les combats de territoires, des camarades identifiés à des combats, à des enjeux nationaux et européens : féministes, écologistes, représentant le monde et les luttes dans l’agriculture, l’énergie, l’enseignement, la mobilité, la santé, les douanes, les ports, des élus municipaux, départementaux, régionaux ou parlementaires, des personnalités de nos territoires… Avec un objectif, c’est qu’ils et elles s’engagent dans la campagne et l’animent avec l’ambition partout du meilleur résultat électoral.
L’appel à candidatures, l’appel aux fédérations, même s’il faut le dire tout le monde ne sera pas retenu, ont pour but de nous permettre de construire la meilleure liste possible, correspondant à nos objectifs politiques. Nous souhaitons que partout nous réfléchissions à l’enjeu du résultat électoral, aux meilleures candidatures. Avec l’exécutif national, nous travaillerons à la meilleure liste représentant nos zones de force, mais aussi des zones de reconquête que nous ciblons. Nous allons travailler à cette liste avec le secteur Élections et Pierre Lacaze, avec Léon Deffontaines, notre tête de liste, avec l’exécutif national, mais aussi avec les suivis régionaux en lien avec les fédérations.
Fabien Roussel souhaite s’engager pleinement dans cette campagne pour que nous puissions la réussir et Fabien sera d’ailleurs sur la liste, ce qui sera un atout fort de la notoriété acquise depuis l’élection présidentielle.
Article publié dans CommunisteS, numéro 974 du 29 novembre 2023.
PS. Il faut également souligner dans le même numéro un article de Dominique Bari sur la Chine qui lui aussi va dans le bon sens. Si la confiance que l’on peut avoir dans les personnalités qui sont en train d’opérer un tournant peut être limité par leur parcours antérieur, cela ne doit pas préjuger de la satisfaction que l’on éprouve devant une évolution nécessaire pour le PCF et l’avenir seul dira l’engagement réel de chacun. Pour le moment l’essentiel est l’avancée.
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