Agroalimentaire : Lactalis annonce l’abandon d’une partie des éleveurs + Communiqué PCF82
Le géant de l’industrie agroalimentaire a annoncé vouloir réduire sa commande de lait de près de 9 % dès cette année. Une décision jugée « mortifère » par les éleveurs laitiers.
Un terrible coup pour les producteurs laitiers. Mercredi 25 septembre au soir, le géant français de la transformation du lait Lactalis a annoncé qu’il allait réduire, dès 2024, les volumes prélevés auprès des éleveurs. Au total, sur les 5,1 milliards de litres collectés en France, 450 millions de litres, dédiés à la transformation pour des produits à l’export, ne seront plus commandés.
« La nécessité de se recentrer sur les produits de grande consommation français, mieux valorisés car moins sujets aux aléas des marchés mondiaux, implique de réduire la part du lait qui est collecté pour être transformé en ingrédients industriels destinés aux marchés internationaux », détaille le premier groupe laitier mondial dans un communiqué de presse.
Des producteurs « laissés sur le carreau »
La multinationale a annoncé que cette baisse de collecte sera progressive et couplée à des mesures d’accompagnements pour les exploitations concernées. La première étape, pensée de 2024 à 2030, impliquera une diminution de 160 millions de litres dans les zones de l’Est et des Pays de Loire, ainsi que le non-renouvellement d’un contrat de collecte de 160 millions de litres avec une coopérative, dont ni le nom ni la localisation n‘ont été annoncés. Au total, plusieurs centaines de producteurs pourraient souffrir de la décision de l’industriel.
Cette brutale annonce n’a pas manqué de faire réagir les syndicats et organisations de producteurs, qui craignent l’impact mortifère d’une telle baisse – environ 9 % – des commandes de lait français. « Il est inadmissible que des centaines de producteurs se retrouvent sur le carreau du jour au lendemain ! », s’insurge la Confédération paysanne dans un communiqué. Pour le syndicat agricole, une telle décision remet sur la table la nécessité d’une régulation publique des marchés des produits agricoles, pour échapper à une « régulation imposée par le bon vouloir des industriels ».
Le syndicat agricole majoritaire, la FNSEA, hausse également le ton. Sur Franceinfo, son président Arnaud Rousseau alarme sur une « une déflagration pour le milieu laitier ». « L’enjeu est de s’assurer que les producteurs de lait continueront de trouver quelqu’un qui leur collectera le lait », a-t-il ajouté.
L’annonce de Lactalis est en effet une illustration du bras de fer entre industriels de l’agroalimentaire et producteurs. Ces derniers déplorent le fait de ne pas pouvoir maîtriser les prix de leurs produits, et d’être à la merci des transformateurs au sujet des volumes collectés. François-Xavier Huard, directeur général de la Fédération Nationale des industriels du lait, dont Lactalis est adhérente, interrogé par les Échos, balaie de son côté les critiques des éleveurs : « Il est impossible d’avoir le prix haut et les volumes. On ne peut pas à la fois jouer la carte de la ferme ouverte sur le monde et celle de l’économie administrée ».
Pour la Confédération paysanne, cette annonce de diminution du litrage recueilli représente également une stratégie de pression sur les éleveurs. « La peur d’une cessation de collecte empêche les revendications légitimes pour améliorer le revenu des éleveur·euses laitiers », estime le syndicat. Selon les Echos, au mois d’octobre, Lactalis a payé les producteurs de lait moins chers que ses concurrents : 444 euros la tonne de lait, 474 euros primes comprises. En 2023, le bénéfice net de Lactalis a bondi de 11 %, s’établissant à 428 millions d’euros.
Communiqué du PCF82: Refuser la mort de la filière laitière
Mercredi 25 septembre au soir, le géant français de la transformation du lait Lactalis a annoncé qu’il allait réduire, dès 2024, les volumes prélevés auprès des éleveurs. Au total, sur les 5,1 milliards de litres collectés en France par la multinationale, 450 millions de litres, dédiés à la transformation pour des produits à l’export, ne seront plus commandés.
En Tarn et Garonne, Lactalis et Sodiaal collecte le lait d’une centaine de producteurs. Cette annonce signe la mort de dizaines d’exploitations et met un terme à la juste rémunération du lait pour les agriculteurs. En réduisant de 9% sa collecte, Lactalis favorise le dumping social. Une fois encore ce sont les industriels qui imposent leur bon vouloir. Après avoir généré 428 millions de bénéfices (+11%), ils en veulent plus sans se soucier des milliers de familles qui vivent de l’élevage dans nos campagnes et qui demandent la juste rémunération de leur travail.
Le PCF82 exprime sa solidarité et se tient aux côtés des syndicats agricoles qui dénoncent la mise à mort de la production laitière, interpelle le préfet du Tarn et Garonne et demande au gouvernement d’agir pour un prix du litre de lait rémunérateur, la certitude de débouchés dans la filière et la mise à disposition de produits laitiers de qualité à moindres couts pour les consommateurs. Il en va de la survie de nos producteurs et de nos exploitations agricoles !
Montauban le 28 septembre 2024
PCF82
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