Les communes : des manières de résister et d’expérimenter en commun, en débat à gauche (Vidéo)
Dette publique : accusée de ne pas en faire assez, l’association des maires de France rembarre Bruno Le Maire
Pour camoufler la situation des comptes de l’État, les ministres de l’Économie et du Budget accusent les communes de ne pas participer à l’effort de redressement. Une mise en cause infondée, s’est offusquée l’AMF, rappelant les difficultés financières qui gangrènent les municipalités.
Les comptes de l’État s’amenuisent, les libéraux se déchirent pour trouver le responsable et, à la fin, ce sont les usagers des services publics qui pourraient en payer les frais. Ce mardi, l’Association des maires de France (AMF) et son président David Lisnard, également édile LR de Cannes, ont tenu à répondre aux attaques de Bercy, reprochant aux collectivités de trop dépenser.
Il y a deux semaines, Bruno Le Maire, ministre démissionnaire de l’Économie, a pointé « l’augmentation extrêmement rapide des dépenses des collectivités » pour justifier l’augmentation du déficit de l’État. Un besoin de fonctionnement – « présentés comme un déficit », précise l’AMF dans un communiqué amer – qui serait passé de 9,9 milliards d’euros en 2023 à 16 milliards en 2024.
Une façon de « masquer la situation désastreuse des comptes de l’État »
L’association remet en cause ces chiffres – « il s’agit d’hypothèses dont on ignore les fondements » – et voit ces attaques comme une façon de « masquer la situation désastreuse des comptes de l’État », écrit l’AMF. « Une dégradation des comptes publics a débuté bien avant la crise du Covid. La dette a augmenté plus vite depuis 2019, soit près de 13 points de PIB en France. La moyenne européenne s’élève à 4 points », a ajouté, mardi, David Lisnard.
« Pour nos concitoyens, les maires sont souvent le premier recours mais aussi parfois le dernier espoir. Les communes ne sont pas une charge, elles sont un levier puissant, nécessaire. Malheureusement, l’autonomie financière est devenue une chimère », a abondé André Laignel, premier vice-président délégué de l’AMF.
Les édiles ont ainsi rappelé les postes de dépenses, obligatoires, auxquelles les communes doivent répondre : l’assainissement de l’eau, la gestion des déchets, développer les écoles, le périscolaire, les commerces de proximité, l’accès aux soins, l’accessibilité aux personnes handicapées, les transports et leur financement…
Or ces villes se disent étouffées financièrement. Si l’AMF reconnaît que « des erreurs de gestion peuvent toujours exister », elle rappelle son obligation de respecter la règle d’or, avec une possibilité d’emprunt uniquement pour investir. En trente ans, la dette de ces collectivités s’est ainsi stabilisée autour 8,9 %.
« Pendant ce temps, la dette de l’État a été multipliée par 2,5 », constate David Lisnard. « Si la parole de l’État avait été respectée, c’est-à-dire avec une évolution qui suit l’inflation, on aurait eu 71 milliards d’euros de plus pour les collectivités. » Plus « l’État nous prélève, plus il crée du déficit, car le mal du pays c’est le centralisme : si on nous enlève notre responsabilité devant les contribuables, on est moins enclin à être performants », estime l’élu de droite.
Pour souligner le rôle essentiel des communes, l’AMF a lancé une campagne de sensibilisation et d’information intitulée « Les communes… Heureusement ! ». Elle enjoint aussi au prochain gouvernement (dont David Lisnard pourrait d’ailleurs faire partie) de donner davantage de libertés et capacités d’action aux 498 000 élus locaux.
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