Avec son plan budgétaire, François Bayrou veut accroître encore une logique austéritaire que subissent les classes populaires. Il existe des alternatives qui favorisent la réponse aux besoins sociaux.

© Sebastien ORTOLA/REA
Construisons de larges rassemblements avec les usagers, syndicats, associations et élus pour exiger le déploiement des services publics.
Isabelle Mathurin, Co-présidente de la Convergence nationale des collectifs de défense et développement des services publics
Devant l’ampleur des attaques gouvernementales portant durement atteinte aux conquêtes sociales, la Convergence des collectifs de défense et développement des services publics soutient la mobilisation en cours, l’appel intersyndical pour l’abandon du projet de budget du premier ministre, la contestation de la loi Duplomb, l’appel citoyen à tout bloquer le 10 septembre, l’appel intersyndical à la mobilisation du 18 septembre. Elle nécessite la construction de larges rassemblements avec les usagers, syndicats, associations et élus pour faire échec à ce budget ultra-austéritaire.
La privatisation et la financiarisation des services publics en cours doivent être enrayées car elles nuisent gravement à la qualité du service public et accentuent l’exploitation des travailleur·ses que ce soit dans les transports, la santé, l’énergie, l’école… Tous les secteurs sont touchés.
Des milliards vont dans la poche des actionnaires au lieu de permettre des investissements dans les services publics. En cette année du 80e anniversaire de la Sécurité sociale, la Convergence lance une campagne, « La Sécu, c’est vital », pour donner un nouvel élan à cette conquête sociale, pour un haut niveau de protection garantissant l’accès aux soins de toutes et tous, prenant en charge les besoins d’autonomie et assurant une retraite dans de bonnes conditions, en lien avec le développement des services publics.
Au Parlement, de nombreuses propositions de recettes restent à examiner comme la taxe Zucman, un impôt minimal de 2 % sur les ultra-riches qui rapporterait 20 milliards d’euros, et 60 milliards de recettes avaient été trouvées dès 2024 pour financer les dépenses urgentes et de relance. Des aides d’un montant de 211 milliards sont accordées sans contrepartie selon un rapport du Sénat. Nous demandons l’accroissement des recettes de la Sécurité sociale par les cotisations, notamment en faisant contribuer les revenus financiers des entreprises.
La Convergence nationale des collectifs de défense et développement des services publics appelle à faire autour du 4 octobre des mobilisations et des débats dans toute la France, avec une initiative de large rassemblement à Paris, pour permettre à la Sécurité sociale de jouer son rôle fondateur, « à chacun selon ses besoins et chacun contribue selon ses moyens », et empêcher son étranglement financier.
Il est urgent de répondre aux besoins de la population et déployer les services publics sur l’ensemble du territoire par la mise en place de centres de santé, d’hôpitaux, d’écoles, de bureaux de poste, d’infrastructures ferroviaires, d’une politique d’accès démocratique à l’eau, à la culture, au logement avec du personnel en nombre suffisant et reconnu.
Cela implique de rendre ces budgets prioritaires par rapport au budget de la défense, actuellement vecteur de surarmement. Un tel choix compromet les agissements de forces régressives de droite extrême qui visent à fracturer profondément notre société en détruisant ce qui fait le fondement républicain du « vivre-ensemble ».
Il faut mettre fin au racket par les plus riches et financer nos retraites, notre santé, l’éducation, l’accès aux activités culturelles ou sportives.
Alexandre Derigny, Secrétaire général de la fédération CGT finances
Nous sommes toutes et tous convaincus qu’un changement radical de politique sociale est nécessaire. Les discussions budgétaires pourraient pourtant nous faire douter sur les capacités financières que nous avons pour le mener. La dette est tellement élevée que l’État français serait au bord de la faillite et les collectivités locales sont exsangues. Les libéraux et les gouvernements successifs, avec Bayrou en champion en la matière, n’ont pas cessé d’agiter le chiffon rouge de la dette pour ne pas répondre aux besoins sociaux de la population.
Toutes les arguties les plus farfelues sont bonnes pour manipuler l’opinion comme comparer le budget d’un État à celui d’un ménage. Les contraintes qui pèsent sur ces deux entités sont pourtant très différentes. Par exemple, contrairement à un être humain qui a une durée de vie limitée pour rembourser une créance, l’État, lui, peut se refinancer indéfiniment. D’autre part, on met toujours en avant le rapport entre la dette et le PIB, cela revient à comparer une accumulation de déficits successifs au cours du temps avec les revenus d’une année, dans ce cas les libéraux se gardent bien de faire un même parallèle avec les ménages.
Aucun banquier n’est embarrassé à l’idée d’octroyer un prêt de 200 000 euros pour l’acquisition d’une habitation à un ménage ayant 50 000 euros de revenus annuels, pourtant leur dette s’élèverait à 400 % de leurs revenus annuels. Mais ce qui importe, État ou ménage, c’est leur capacité à rembourser les échéances chaque mois. Enfin, l’essentiel est de savoir pourquoi l’on s’endette. La dette est un cumul d’investissements que nous engageons. C’est l’intérêt social et la pertinence économique de ceux-ci qui devraient être en question.
Le 19 octobre 1945, le gouvernement provisoire de la République française institue officiellement, par ordonnance, le régime général de la Sécurité sociale qui a été dessiné et sera effectivement mis en place par le ministre du Travail, Ambroise Croizat. La France était alors réellement ruinée et ce fut pourtant un investissement extrêmement rentable pour l’ensemble de la population. Or, aujourd’hui, alors que la France n’a jamais détenu autant de richesses et compté parmi elle autant de milliardaires, on voudrait nous faire croire qu’il est impossible de financer nos retraites, notre santé, l’éducation, l’accès à des activités culturelles ou sportives ?
Pour cela, il faut cesser de jeter l’argent par les fenêtres comme en octroyant chaque année 211 milliards d’euros d’aides publiques aux entreprises sans aucun contrôle ni contrepartie, il faut taxer les patrimoines qui se sont accumulés, réformer la fiscalité pour taxer chacun à hauteur de ses moyens et réarmer les services de contrôle afin de mettre fin au racket organisé par les plus riches et les plus grandes entreprises dans le cadre de la fraude fiscale, ce qui nous coûte plus de 80 milliards chaque année.
Alors oui, nous avons besoin d’un changement de politique sociale et, oui, nous avons parfaitement les moyens de le financer !
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