Début juin, après sa réélection, E. Macron a présenté son « école du futur ». Pour l’essentiel, les chefs d’établissement choisiraient les professeurs de « leur équipe » et les expérimentations pourraient être multipliées au niveau local. Telle qu’elle est définie, cette école du futur n’est pas une idée neuve. Elle reprend les thèses de l’ouvrage de J.-M. Blanquer L’école de demain (2016). Inspirée du New Public Management, cette école du futur, loin de résoudre les difficultés récurrentes de l’école française, risque fort de les accentuer.
Illusions et contradictions du projet macronien
Premièrement, les recherches n’ont pas montré que les résultats des élèves sont meilleurs et l’inégalité moins grande lorsque les chefs d’établissement disposent d’un pouvoir hiérarchique qui leur permet de choisir « leurs » professeurs. Cette école du futur ne peut donc résoudre deux des problèmes chroniques de l’école française : fortes inégalités et compétences trop moyennes des élèves. Il en est de même du principe d’autonomie des établissements associé au choix des professeurs. Son intérêt n’a pas été montré. Hattie (2009), à partir de l’analyse de plus de 800 méta-analyses représentant plus de 50 000 études, a conclu à l’absence d’effet de l’autonomie des établissements sur la réussite des élèves. Ce résultat a été confirmé par d’autres méta-analyses. Certaines recherches ont nuancé ce résultat (Inspection générale, 2019), sans toutefois le remettre en cause. Imaginer une école du futur qui serait plus juste et plus efficace alors que ses principes cardinaux ne sont pas confortés par la connaissance scientifique est une illusion. Continuer la lecture de Pierre Merle : « L’école du futur » et les fausses solutions du New Public Management in caf. péda.