Assan Lakehoul : « La laïcité est un combat de gauche »

Violemment attaqué sur les réseaux sociaux, Assan Lakehoul, secrétaire général du MJCF, répond à ses agresseurs. Le retour des religieux parmi la jeunesse est, selon lui, la source des violences.

« Arabe de service », « collabeur », « cousin de Damien Rieu »… Le secrétaire général des Jeunes communistes (MJCF), Assan Lakehoul, est l’objet de violentes attaques sur les réseaux sociaux après avoir dénoncé deux influenceurs religieux intégristes, l’un catholique, l’autre musulman. Il dénonce un clivage dangereux et regrette qu’une partie de la gauche abandonne le combat pour la laïcité.

Quel était votre objectif en dénonçant les influenceurs religieux ?

Nous avons travaillé à un plan de lutte contre la violence chez les jeunes, pour répondre aux annonces de Gabriel Attal qui réchauffe des mesures sarkozystes. Pour les Jeunes communistes, la violence est un sujet. Notre plan repose sur trois piliers : mieux accompagner la jeunesse avec les services publics, combattre les trafics et lutter contre le retour du religieux.

Lorsque la religion occupe une place particulière dans l’espace public, elle ne peut qu’amener à la division. En ce moment, on assiste à un retour dans la jeunesse d’un phénomène religieux basé sur l’intolérance, voire sur la haine de l’autre. Il entretient une vision réactionnaire de la société, considère les femmes de façon moyenâgeuse, ramène la sexualité au XVIIIe siècle et entretient un puritanisme rétrograde dangereux.

Il sert de justification à des actes de violence qui ont marqué l’actualité récente. Lorsque des influenceurs musulmans et catholiques expliquent que la place d’un homme est de ramener de l’argent au foyer et de protéger sa femme du regard des autres, que celle-ci n’a pas le droit de partir en voyage entre amis, qu’il ne faut surtout pas parler de sexualité, ils n’inventent rien. Les religions le disent depuis des siècles. Mais, avec les moyens des réseaux sociaux, les intégristes religieux touchent des millions de personnes. C’est très dangereux.

Quelles réactions a suscitées votre intervention ?

L’influenceur musulman que je dénonçais a fait une vidéo pour me répondre. L’abbé a répondu également sur Instagram. Dans la foulée, ça a lancé une polémique sur les réseaux. J’ai reçu beaucoup de soutien de députés et de sénateurs, tant au PCF que chez nos partenaires à l’élection européenne, et de responsables politiques de gauche en général. Par contre, j’ai été attaqué par une partie de la gauche, certains venant de la FI, ce à quoi je m’attendais moins. Je suis intimement convaincu que le combat pour la laïcité, contre les fondamentalismes, c’est un combat de la gauche.

Ceux qui m’ont attaqué confondent la lutte pour la laïcité et l’islamophobie. En choisissant de ne plus parler de laïcité, des insoumis reculent intellectuellement sur ce plan. La laïcité s’est construite en France dans un rapport de force contre l’église, et elle a dégagé la religion de l’espace public. Il faut l’assumer.

Est-ce qu’un dialogue à gauche reste possible sur cette question ?

J’aimerais qu’on puisse en discuter. Mais si on se fait traiter d’islamophobe ou de « cousin de Damien Rieu » comme ça été mon cas, cela va être compliqué. Ceux qui à gauche ont abandonné ce combat se sont un peu perdus. Derrière, l’extrême droite essaie de faire croire qu’elle est laïque, alors qu’elle est proche des milieux traditionnels catholiques.

C’est une stratégie dangereuse de la part de cette frange de la gauche qui m’a insulté. Elle radicalise sa base et son électorat. Elle clive la société, mais pas sur des bases de classe sociale. Je me bats pour des idées qui ont vocation à être majoritaires. Si je me suis engagé en politique, ce n’est pas pour rester en permanence dans l’opposition, mais pour gagner.

 


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