« J’ai l’impression de revoir Blanquer au moment du Covid… » Canicule à l’école : syndicats et parents d’élèves en colère

La ministre de l’Éducation nationale a appelé, dimanche 30 juin, à « être pragmatique » et à « prendre des décisions au cas par cas » face à la canicule qui frappe la France ce lundi. Les consignes délivrées aux établissements scolaires sont loin de convaincre syndicats et parents d’élèves.

84 départements sont placés en vigilance orange canicule ce lundi avec des températures qui pourront dépasser localement les 40 degrés. Si c’est du « jamais vu » selon la ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, les mesures prises par l’Éducation nationale pour y faire face dans les établissements scolaires sont loin de convaincre. « On doit être pragmatique, prendre des décisions au cas par cas dans chaque territoire », a déclaré la ministre Élisabeth Borne dimanche sur France 3.

« Pour l’accueil des élèves, notamment dans la maternelle et dans le primaire, il est essentiel qu’il y ait une bonne coordination (…) entre le rectorat, les maires et les préfets pour décider par exemple, de permettre aux parents qui le peuvent de garder les élèves des enfants à la maison ou, le cas échéant, d’une fermeture administrative d’école », a-t-elle ajouté dans la soirée à l’issue d’une réunion interministérielle sur la canicule, au ministère de l’Intérieur.

Pour le moment, 200 écoles publiques font l’objet d’une fermeture partielle ou totale lors des prochains jours, sur un total d’environ 45 000, a indiqué la ministre. Parmi les consignes de celle-ci – comme « permettre d’adapter l’heure de passage (à l’oral du bac) pour un élève qui a une situation de fragilité » – une a fait en particulier bondir la secrétaire générale du SNES-FSU, Sophie Vénétitay. Celle recommandant d’accueillir les élèves dans des « espaces préservés de la chaleur ».

« Une forme d’irresponsabilité qui est quand même très choquante »

Ces lieux existent « peut-être dans une réalité parallèle qui est celle de la ministre de l’Éducation nationale, mais pas dans la réalité que je connais au quotidien dans les collèges et les lycées. Quand j’ai entendu Élisabeth Borne, c’est bien simple j’ai eu l’impression de revoir Jean-Michel Blanquer au moment du Covid, avec des annonces la veille de la reprise des cours, des annonces complètement déconnectés de la réalité », a dénoncé la syndicaliste sur BFMTV.

« On a l’impression que le gouvernement découvre les effets de la canicule comme si c’était la première fois que nous en vivions », critique également Aurélie Gagnier, la porte-parole du SNUipp-FSU, dans les colonnes du Monde, ajoutant que « comme d’habitude, les personnels vont faire preuve de vigilance et de débrouillardise et pallier au plus urgent ».

« Il y a une forme d’irresponsabilité qui est quand même très choquante et qui est surtout en train de mettre en colère nos collègues, renchérit Sophie Vénétitay. Et ça prouve une chose, c’est que bien évidemment il faut être capable de réagir dans l’urgence, ce que ne fait pas le ministère mais il va surtout falloir anticiper et se mettre au travail sur les plans d’adaptation, de prévention et enfin lancer le plan de rénovation du bâti scolaire qu’on appelle de nos vœux depuis plusieurs années. »

Car si les températures glaciale en hiver défraient régulièrement la chronique, nombre d’établissements se transforment en véritables « bouilloires thermiques » l’été venu. Un phénomène qui frappe aussi beaucoup de logements où des élèves pourraient devoir demeurer en raison des classes fermées.

Ces fermetures sont « un aveu d’échec et ce sont à nouveau les élèves les plus fragiles, ceux qui n’ont pas de logement adapté, qui sont les plus exposés », a réagi lundi auprès de l’Humanité, Grégoire Ensel, l’un des responsables de la FCPE. Quant aux recommandations du ministère, « les enseignants n’ont pas attendu qu’on leur indique de baisser les stores, de fermer les volets, de donner accès à l’eau aux élèves pour appliquer ces mesures de bon sens qui ne solutionnent en rien le problème structurel du bâti scolaire », insiste le représentant de l’association de parents d’élèves.

Deux mesures d’urgences sont mises sur la table par le FCPE : « des examens uniquement le matin dès l’année prochaine » et « un plan canicule établissement par établissement ». Sans oublier, pour le long terme, un budget soutenant réellement les collectivités territoriales pour les rénovations et les constructions.


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