Pourquoi 50% des féminicides ont lieu en milieu rural

La Fédération nationale Solidarité femmes lance une campagne de sensibilisation et donne des outils, notamment aux élus locaux.

« Près de 50 % des féminicides ont lieu en milieu rural, alors qu’un tiers des Françaises vivent dans ces territoires », explique Marie-Pierre Monier, corapporteuse du rapport « Femmes et ruralité, en finir avec les zones blanches de l’égalité » © PhotoPQR/L’indépendant/Michel Clement

 

C’est sous le choc que le petit village de Torcy (Pas-de-Calais) se réveillait, ce sale matin du 27 mai 2024. Pascaline, 33 ans, mère de deux enfants, avait été tuée par son ex-conjoint. L’homme a déboulé un fusil de chasse en main, a tiré sur elle avant de retourner l’arme contre lui et de se donner la mort.

Un féminicide qui illustre une triste réalité : en milieu rural, la présence d’arme à feu au domicile des conjoints ou ex-conjoints violents renforce le danger pour les femmes victimes. En 2023, un tiers des féminicides a été commis par arme à feu, surtout en ruralité. C’est ce que révèle un rapport détaillé de la Fédération nationale Solidarité femmes (FNSF).

Près de 50 % des féminicides ont lieu en milieu rural

À l’occasion de la Journée internationale des femmes rurales qui se tiendra mercredi 15 octobre, la fédération, qui regroupe 83 associations, a présenté une série de mesures pour agir contre ces violences conjugales en milieu rural.

Lire aussi: rapport sénatorial de 2021

Un événement parrainé par la sénatrice socialiste de la Drôme, Marie-Pierre Monier, corapporteuse du rapport « Femmes et ruralité, en finir avec les zones blanches de l’égalité ». Elle-même ne l’imaginait pas, avoue-t-elle, quand elle découvre l’ampleur du phénomène : « Près de 50 % des féminicides ont lieu en milieu rural, alors qu’un tiers des Françaises vivent dans ces territoires. »

Et si les violences conjugales ne sont pas plus fréquentes à la campagne qu’ailleurs, leurs conséquences y sont pourtant plus dramatiques.

« Les femmes sont doublement victimes, précise la sénatrice : elles subissent aussi l’isolement géographique, social, le manque d’autonomie avec l’absence de transports publics, la précarité, le manque d’anonymat et de structures adaptées, la méconnaissance des associations sur le sujet des violences conjugales… »

Elle pointe du doigt le manque de moyens et les baisses des subventions aux conséquences délétères pour les structures associatives, qui pourtant jouent un rôle essentiel. « Rien que cette année, on constate une baisse des subventions de 15 %. » Pourtant, « toutes les campagnes de lutte contre les violences sexistes et sexuelles ne sont utiles que si elles sont accompagnées de moyens à la hauteur », insiste l’élue.

Éloignement des services d’aide, manque de transports et de logement…

« L’éloignement des services d’aide, le manque de transports, le manque de solution d’hébergement et de logement empêchent les femmes de trouver des solutions pour les sortir des violences », ajoute la directrice générale de la FNSF. Pour Mine Günbay, « l’émancipation des femmes victimes de violence exige des engagements concrets, pérennes et financés ».

Parce qu’à la campagne, les maires des petites communes sont plus proches des habitants, la FNSF va se saisir des élections de 2026 afin de sensibiliser les élus. Et aussi de les outiller, avec une série de préconisations concrètes : mettre en place des bons taxis dans tous les départements, appliquer les protocoles effectifs de saisie des armes à feu du domicile en cas de violences conjugales dès le dépôt de plainte, mais aussi soutenir les actions des associations spécialisées, notamment le déploiement du dispositif Relais ruraux Solidarité femmes, qui vise à recruter et former des citoyens volontaires en zone rurale, ou encore accompagner la mise en place de permanences délocalisées des associations féministes, avec une confidentialité adaptée.


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