Emploi et salaires. Les communistes s’attaquent aux vrais problèmes + Bon de soutien
L’emploi et les salaires constituent la préoccupation numéro 1, le PCF entend donc les replacer au cœur du débat pour 2022. Dès le 9 octobre, place à une semaine de mobilisation sur le travail et le pouvoir d’achat. Puis, en novembre, son candidat, Fabien Roussel, partira à la rencontre des Français.
Imposer la question sociale dans la campagne pour 2022.
Le pari est difficile tant les écrans et les ondes sont saturés par l’extrême droite. Mais le PCF ne désarme pas. « Nous voulons mettre la question sociale et écologique au cœur de la présidentielle, pointer la responsabilité du capitalisme, avec l’ambition de prendre le pouvoir sur l’argent », assure son candidat, Fabien Roussel. « Le décalage est immense entre les préoccupations des Français et les obsessions identitaires imposées dans le débat public. La santé, l’éducation, le pouvoir d’achat caracolent en tête », relève son directeur de campagne, Ian Brossat. Elles feront d’ailleurs l’objet de grandes réunions publiques thématiques avec le candidat communiste.
Le PCF propose une hausse du Smic à 1 800 euros brut ainsi qu’un « nouvel âge de la Sécurité sociale » qui garantisse à chacun un emploi ou une formation avec maintien du niveau de salaire.
Pour remettre les pendules à l’heure, la formation a prévu deux salves d’actions. Étape numéro 1 : une semaine de mobilisation entre les 9 et 17 octobre afin de montrer « l’urgence de répondre aux énormes besoins d’emplois et de formation dans les territoires » et faire valoir « les exigences de sortie de la précarité, de revalorisation des salaires », explique Évelyne Ternant, membre de la direction du PCF. Du Nord au Sud, les militants seront sur le pont pour parler industrie, services publics, salaires ou encore transition écologique. À l’instar du Val-de-Marne, où l’ubérisation sera au cœur d’une rencontre mais où la mobilisation portera aussi sur les transports. « C’est un moyen de montrer que les combats paient puisque nous venons de gagner la réouverture du train d’alimentation entre Perpignan et Rungis », précise Fabien Cohen, en charge de l’emploi pour le PCF du département. Des rassemblements auront lieu aussi autour de la santé devant les sites de Sanofi ou encore les hôpitaux – « malgré le Covid, ils continuent de fermer des lits », déplore le responsable.
Lire aussi : Ubérisation. On achève bien les épiceries du coin
Services publics et réindustrialisation
De services publics, il en sera aussi question dans le Nord, qui fera également de l’industrie, en particulier automobile, l’une de ses priorités. « Auparavant, 50 % des voitures françaises étaient produites dans le pays. Aujourd’hui, on est à moins de 20 % », pointe Karine Trottein, la secrétaire fédérale. À Haubourdin, un rassemblement prendra la forme, le 17 octobre, d’une « inauguration d’un monument éphémère » en « mémoire des 600 emplois détruits depuis 2008, sacrifiés sur l’autel du profit ».
Le travail doit payer. Cela doit passer par des augmentations immédiates de salaires pour tous les Français modestes et de couche moyenne. Ian Brossat
Partout, il s’agit de mettre en débat une série de propositions. À commencer par un « nouvel âge de la Sécurité sociale » via une « sécurité d’emploi ou de formation » qui garantisse l’un ou l’autre et une rémunération. « Le travail doit payer, ajoute Ian Brossat. Cela doit passer par des augmentations immédiates de salaires : pour le Smic bien sûr, qui doit être porté à 1 800 euros brut, mais aussi pour tous les Français modestes et de couche moyenne. Et l’État doit montrer l’exemple avec une hausse de 30 % pour les fonctionnaires. »
Un grand rassemblement à Paris
Quant à la deuxième étape, elle est prévue fin novembre sous la forme d’un rassemblement à Paris, avec un meeting. « C’est un premier pas », précise Karine Trottein, qui entend poursuivre le dialogue avec les syndicalistes et les salariés rencontrés tout au long des mois à venir. C’est aussi un objectif que s’est fixé le PCF : constituer au niveau local des « comités des Jours heureux » afin, souligne Ian Brossat, d’« organiser la mobilisation électorale sur le terrain et (de) permettre à toutes celles et ceux qui se retrouvent dans la candidature de Fabien Roussel de rejoindre la campagne ».
Entretien
« Nous voulons mettre un terme à l’impunité des plateformes »
Barbara Gomes, porte-parole du candidat PCF, Fabien Roussel, conseillère de Paris
Vous dites que l’ubérisation est un « cheval de Troie contre l’emploi ». Peut-on lui barrer la route ?
Barbara Gomes L’ubérisation désigne un modèle d’exploitation du travail qui vise à contourner au maximum le recours au contrat de travail et à prétendre que les travailleurs sont des indépendants. Les plateformes tirent jusqu’au bout la logique ultralibérale. Tout est automatisé via un algorithme : soit le travailleur se conforme à la décision patronale préenregistrée, soit il est exclu. L’objectif est de réduire au minimum le prix du travail. Si cette digue est rompue, à terme on risque tous de subir ces nouvelles formes de travail. Surtout qu’il est devenu possible de travailler à distance. Au-delà des livreurs, l’ubérisation touche les personnes qui font du ménage ou des réparations à domicile, des infirmières… C’est un cheval de Troie : les plateformes jouent avec une apparence de modernité, de liberté, avec un discours presque progressiste pour mieux détricoter le statut de l’emploi et les droits qui y sont attachés. C’est un véritable choix de société.
Les travailleurs de plateforme ont emporté des victoires, mais leur lutte est loin d’être finie. Quelles solutions le PCF met-il sur la table ?
Barbara Gomes Nous voulons mettre un terme à l’impunité des plateformes. Même lorsqu’elles perdent devant les tribunaux, elles restent gagnantes car signer un chèque est très peu pénalisant pour elles. Il faut donc les contraindre par la loi à appliquer le droit du travail. C’est l’objet d’une proposition des parlementaires communistes déposée dès septembre 2019. Il s’agit également, comme pour les appareils électriques à l’étranger, de créer des adaptateurs pour le Code du travail. Par exemple, au même titre que les représentants du personnel des entreprises classiques peuvent recourir à des experts pour décrypter les documents comptables, les comités d’entreprise des travailleurs de plateforme doivent pouvoir être accompagnés par un data scientist pour analyser l’algorithme.
La Macronie a mis en avant l’aspiration aux dépassements des contraintes du salariat pour flexibiliser davantage le travail. Comment en finir avec ce piège ?
Barbara Gomes Avec les gouvernements de droite, la flexibilité bénéficie toujours au patronat, jamais au salariat. Depuis des décennies, ce statut est détricoté. Cela crée des climats dégradés, du management toxique, des gens qui n’aiment pas ce qu’ils font et qui ont des salaires de misère. On ne veut pas de cette vie-là. Il faut renverser la logique et rendre ses lettres de noblesse au salariat, lui permettre d’être protégé du pouvoir arbitraire de l’employeur. Les travailleurs des plateformes ont eux-mêmes renommé la proposition de loi « statut du salarié autonome ». Et pour cause : on veut une autonomie collective pour permettre aux travailleurs de s’émanciper en ayant des capacités de décision sur leur organisation du travail. L’enjeu, c’est aussi de reprendre le pouvoir sur ces technologies. Les gains de productivité qu’elles génèrent ne profitent pleinement qu’à 1 % de la planète, alors qu’ils devraient permettre, par exemple, de réduire le temps de travail.
Je soutiens Fabien Roussel et les propositions qu’il porte, je souhaite rejoindre le comité des Jours Heureux de Castel/Moissac
Derniers avis