Ecole: Nouveau protocole, nouvelle politique sanitaire… in Caf. Péda.

Sans le dire, le gouvernement a bien changé de politique sanitaire. C’est ce qui ressort de la première réunion tripartite entre les syndicats, le ministère et le ministère de la Santé. Le président du Haut conseil de la santé publique estime qu’il n’est plus possible d’arrêter l’épidémie avec Omicron et qu’il faut apprendre à vivre avec. L’allègement du protocole annoncé pour le 2 février et celui qui a eu lieu à la rentrée s’expliquent par cette nouvelle politique qui, jusque là, avait été tue. Une nouvelle version du protocole inscrit le passe vaccinal dans la vie des élèves et traite des autotests des personnels.

L’aveu d’une nouvelle politique sanitaire

L’ambiguïté est levée. Le gouvernement a bien changé de politique sanitaire. Lors de la réunion tripartite syndicats, ministère, Santé, Franck Chauvin, président du Haut conseil de la santé publique a été très clair. Pour lui, on n’arrêtera pas le virus. La stratégie gouvernementale n’est plus que de s’adapter au virus. Le maintien des activités économiques est la priorité.

La question s’était posée après la publication du protocole allégé de la rentrée de janvier qui excluait toute fermeture. Il y avait eu aussi ces propos de J Castex affirmant que « quand on est cas contact on ne risque rien ». « Il y a une incompréhension de la profession sur l’objectif du gouvernement. On ne comprend pas s’il s’agit de lutter contre la diffusion du virus ou de gérer pour viser l’immunité collective », nous disait le 11 janvier Stéphane Crochet, secrétaire général du Se-Unsa. « Le gouvernement gagnerait à clarifier sa position », nous disait Sophie  Vénétitay, secrétaire générale du Snes Fsu.

« On a tous l’impression qu’ils laissent filer l’épidémie », nous dit Guislaine David, secrétaire générale du Snuipp Fsu. « Ce qui nous importe maintenant c’est la charge des directeurs d’école ». En effet ce sont eux qui sont astreints à une comptabilité sanitaire de plus en plus lourde, à compter les jours et les autotests. Ils le font alors que l’épidémie explose dans les écoles et établissements. Au 21 janvier les taux d’incidence étaient de 4838 en maternelle, 6773 en école élémentaire, 7238 au collège et 7096 au lycée. Concrètement cela veut dire qu’il y a en moyenne deux élèves contaminés par classe de l’école au lycée. Toute la réglementation repose sur eux alors que le gouvernement décide de laisser faire l’épidémie.

L’autre victime de cette politique ce sont les élèves. Même si les classes ne ferment plus quand des élèves ont le covid, elles se vident au fur et à mesure des contaminations. Les élèves partent faire les tests quand ils sont cas contacts. Dans les classes, particulièrement dans le 1er degré, c’est un flux perpétuel d’élèves. Du coup les enseignants n’arrivent plus à construire des progressions. « On est en mode dégradé partout », nous dit G David. « Les élèves vont payer cette situation. Il faut réfléchir à un système qui permette de maintenir les apprentissages grâce à des moyens supplémentaires cette année et l’année prochaine.

Le nouveau protocole

Le nouveau protocole publié le 25 janvier n’apporte pas de réponses à ces questions. Il se borne à adapter le protocole au passe vaccinal. Pour toute personne de plus de 16 ans, le passe vaccinal remplace le passe sanitaire. Le passe vaccinal est obtenu avec 3 doses au dessus de 17 ans, deux doses pour les 16-17 ans. Le passe sanitaire continue à s’appliquer aux 12-15 ans.

Le passe sanitaire (pour les élèves de 12 à 15 ans) ou vaccinal (pour toute personne âgée de 16 ans et plus) est exigé dans un certain nombre de lieux (cinémas, musés, théâtres, …). Il s’applique aussi aux trajets longue distance sauf s’il s’agit d’un bus affrété par l’établissement. Aucun passe n’est demandé pour les activités scolaires ou périscolaires quand elles ont lieu de façon régulière dans un local distinct de l’établissement scolaire. Il n’est pas non plus demandé lors d’une sortie où le lieu est réservé aux scolaires. Par contre il l’est si les élèves sont mélangés au public. A noter que les intervenants extérieurs venant dans les établissements scolaires ne sont pas astreints au passe vaccinal.

Les équipements sportifs des collectivités territoriales peuvent être utilisés pour la pratique des activités physiques et sportives sur le temps scolaire. Mais « seules des activités de faible intensité compatibles avec le port du masque sont recommandées dans les espaces intérieurs ». Les activités physiques et sportives en piscine couverte sont suspendues pour les écoliers. « Pour les collégiens et les lycéens, compte tenu de la situation épidémique depuis janvier 2022, il est recommandé dans la mesure du possible de privilégier les activités physiques et sportives en extérieur. Lorsque la pratique en extérieur n’est pas possible, des activités compatibles avec les règles de distanciation doivent être privilégiées. Les activités physiques et sportives en piscine couverte sont possibles pour ces élèves lorsque les conditions d’accueil à la piscine permettent le strict respect des règles sanitaires ».

Les journées porte ouverte sont reportées. « Il est recommandé de reporter les journées portes ouvertes. Lorsque dans certaines filières, telles que la voie professionnelle et les formations post baccalauréat, ces journées apparaissent indispensables, ces dernières ne peuvent se tenir que lorsque la configuration de l’établissement permet de les organiser dans des conditions respectant strictement les consignes sanitaires. A défaut, ces journées sont reportées à une date ultérieure », dit le protocole.

Le protocole change aussi l’accès aux autotests pour les personnels. Jusque là ils étaient distribués dans les établissements. Dorénavant ce sera dans les pharmacies. « S’ils le souhaitent, tous les personnels travaillant au contact des élèves dans les écoles et les établissements scolaires (personnels relevant de l’éducation nationale et des collectivités territoriales) peuvent obtenir gratuitement des autotests en pharmacie. Sur présentation d’une attestation professionnelle établie et remise par l’employeur (service académique ou collectivité territoriale) ainsi que d’une pièce d’identité, chaque bénéficiaire se verra délivrer un lot d’autotests à hauteur de 10 autotests par mois ».

Finalement cette première réunion tripartite aura été éclairante. « Elle a permis de savoir sur quoi repose les protocoles. Ces explications ne nous étaient pas données par le ministère », nous a dit G David. La prochaine réunion, dans 15 jours, aura à aborder la prochaine mesure d’allègement :l’abandon du masque dans les écoles élémentaires.

François Jarraud

Le protocole

Les syndicats interrogent la politique sanitaire

 


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