La deuxième journée du 39ème congrès du PCF s’est déroulé ce samedi avec à l’ordre du jour, des travaux sur les nombreux amendements au texte de base commune. La matinée a été marquée par les interventions de plusieurs invités.
Benoît Payan tout d’abord, maire de Marseille, a rendu hommage aux communistes et à leur histoire en lançant son introduction par un poignant « les communistes seront toujours chez eux à Marseille ! » En s’appuyant sur l’histoire riche du PCF, il est revenu sur le sujet de l’union de la gauche. « Aujourd’hui j’ai devant moi les héritiers d’hommes et de femmes qui ont transformé la société et l’ont rendu meilleure. C’est Maurice Thorez militant infatigable de la paix qui a été l’architecte du Front Populaire. C’est Gabriel Péri, mort pour la France en 1941, qui a été une lumière dans la résistance communiste. C’est Martha Desrumaux, première femme à être élue au comité central qui s’est tant battue pour les droits des travailleuses », a-t-il égrainé avant de conclure.
« Alors oui nous avons besoin à gauche d’un parti communiste fort et il n’est pas question que la nécessaire union nous interdise de cultiver nos spécificités, nos singularités, parce que ce sont nos forces ». Des mots largement ovationnés par les congressistes et qui ont fait échos à ceux de Ian Brossat la veille.
S’en est suivi les discours d’Otto Vaillant, ambassadeur de Cuba en France, venu remercier longuement la mobilisation sans faille des communistes français aux côtés du peuple cubain, et celui de Hala Abou Hassira, ambassadrice de Palestine. « Ce n’est pas un conflit religieux, c’est le combat d’un peuple pour voir ses droits reconnus », a lancé d’emblée cette dernière, largement applaudie.
Un Horizon de transformation sociale
La question du travail est revenue de manière récurrente au cours de ce congrès. Et notamment dans l’après-midi. « Les organisations syndicales ont besoin de travailler avec les organisations politiques pour construire l’horizon de transformation sociale que nos combats visent à mettre à l’ordre du jour », a ainsi déclaré Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT. Pour la syndicaliste nouvellement élue, ce travail doit se faire dans le respect de la complémentarité des rôles, et elle a assuré les congressistes de « pouvoir compter sur le parti communiste français pour être au clair sur cette question ».
Elle a rappelé « que le PCF a joué un rôle important » pour aider à la construction de cette mobilisation historique. Et même si « c’est bien aux organisations syndicales de construire la mobilisation sociale la plus large qui permet à l’ensemble des salariés de s’y investir, que ce soit dans les entreprises ou dans tous les lieux de travail à partir des revendications professionnelles ». Elle a insisté que « cela ne veut pas dire que les organisations politiques n’ont pas de rôle, elles doivent notamment mener la bataille à l’assemblée, comme elles l’ont fait en mettant le projecteur sur le mensonge des 1200 euros ou encore avec le dépôt du projet de référendum ».
Le communisme « déjà-là »
Au cours des travaux, la question du socialisme, en tant que phase immature du communisme a été le sujet de débats de fond dans l’après-midi et brillamment portée par une jeune génération de militants et jeunes cadres. Pour eux, ils s’opposent avec intelligence au mythe du « communisme déjà là » porté par Sève et Friot.
« Nos travaux doivent poser la question de notre capacité à organiser les travailleurs dans la vie politique, et au-delà de ce saut qualitatif, viser la prise du pouvoir de l’Etat. Quand Jean-Luc Mélenchon par exemple, le soir du 1er tour des élections de 2017 dit « c’est bête, à 600 000 voix prêts vous vous seriez évité des manifestations ». C’est inaudible pour nous, parce qu’on n’a pas cette vision délégataire du pouvoir, et c’est ça le socialisme, c’est comment on organise cette intervention continue de la classe travailleuse organisée. Et organisée dans un parti communiste, car effectivement la question du socialisme est celle d’un parti communiste pas seulement laboratoire d’idées, qui répandrait un « communisme déjà là », mais comme force d’organisation de la classe travailleuse », a expliqué Hélène, jeune militante parisienne et membre du conseil national des jeunesses communistes.
La fédération des Ardennes a aussi déposé un amendement sur le socialisme. Celui insistait à nommer précisément « la rupture avec le capitalisme par la reconstruction d’une société socialiste adaptée aux caractéristiques de la France. Il nous semblait nécessaire de nommer ce projet de société différent du capitalisme que vise à construire le parti communiste dans le cadre de sa prise de pouvoir d’Etat. Cela est nécessaire, autant pour clarifier notre projet et pour que chaque camarade puisse se le réapproprier dans le cadre de son militantisme », a insisté Anthony Jacobs, secrétaire des jeunesses communistes des Ardennes.
« Au sein de ce terme que nous nommons socialisme, nous identifions le modèle économique qui rend possible un mouvement vers le communisme, mouvement dont il fait parti et dont il est un saut qualitatif. Ce socialisme, par exemple, c’est celui dont se réclame de nombreux camarades à travers le monde, comme le parti du travail de Belgique ou encore le terme que peuple de Cuba a choisi pour caractériser sa révolution que notre parti défend », a-t-il conclu face aux congressistes.
Est venue en discussion également la question du « communisme déjà-là ». « On parle de déjà-là communiste, mais pourquoi ne pas parler simplement de conquis sociaux », questionnait le jeune Marc, co-secrétaire de la section d’Ajaccio expliquant que « c’est le terme qu’utilisait Ambroise Croizat car ce sont bien des conquis sociaux qui nous permettront d’atteindre une société communiste en prenant du terrain sur la société bourgeoise ». Pour le jeune communiste « ce qu’on a pu gagner par la lutte, si c’est du communisme déjà là, et donc « du tout cuit », on tombe plus dans du réformisme révolutionnaire que dans une forme de communisme ». Une erreur à ses yeux. Et même si « le texte de base commune parle d’ilots de communisme car aujourd’hui ce sont des choses qui sont isolées. Bien sûr on doit les défendre, les développer, mais pour le moment la situation n’est pas favorable à ce développement. Donc arrêtons de parler de « déjà-là » et parlons de conquis sociaux », a-t-il conclu.
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