La collectivité territoriale Est Ensemble (Seine-Saint-Denis) a voté, mardi 28 novembre, la gratuité des premiers mètres cubes d’eau. Son président, Patrice Bessac (PCF), explique ce choix.
Un an après s’être doté d’une régie publique pour la gestion de l’eau, l’intercommunalité Est Ensemble, dirigée par le communiste Patrice Bessac, accélère. Elle vient de voter, ce mardi 28 novembre, la suppression de la part fixe sur la facture d’eau et la gratuité des 10 premiers mètres cubes.
Dans quelle philosophie s’inscrit ce changement de tarification de l’eau ?
Ma vision profonde est celle des biens communs. Les biens et services essentiels à la vie humaine doivent être librement accessibles. La gratuité totale des dix premiers mètres cubes d’eau permet de concrétiser ce vieux combat de la gauche. Cette tranche correspond à l’eau vitale pour une famille de cinq personnes, dans les études de la consommation.
À travers cette mesure sociale, nous avons la volonté de montrer que nous devons disposer, quel que soit notre niveau de revenu, d’un socle de droits fondamentaux et que les biens communs doivent être gérés de manière publique.
Dans l’ensemble, c’est le choix d’une tarification progressive (alors qu’elle était dégressive jusque-là – NDLR), raisonnable et réfléchie. On a calqué les sept tranches sur ce que propose l’ONU. Elles sont utilisées pour qualifier les différents usages de l’eau : vital, pour se laver, etc.
La consommation d’eau des foyers nombreux, pas toujours les plus aisés, est forcément plus importante. N’y a-t-il pas un risque qu’ils ne soient désavantagés ?
Tous les foyers verront leur facture baisser par l’effet de la suppression de l’abonnement et par la gratuité des premiers mètres cubes. Pas de la même manière, puisque cela dépendra du niveau de consommation. Il y a deux dimensions : un aspect de justice sociale et un aspect de justice climatique.
Cela doit conduire à une baisse de la consommation. Nous serons une régie active pour accompagner vers cet objectif. Il doit y avoir un effet incitatif. Alors que, cet été, tous les départements ont été placés en alerte en matière d’accès à l’eau du fait de la sécheresse, il faut que la norme soit l’économie de la ressource. Il faut engager dans tout le pays la réflexion pour rendre obligatoire la tarification progressive de l’eau. Avec notre mesure, remplir une piscine est économiquement plus pénalisé que boire un verre d’eau.
L’État doit-il, selon vous, généraliser ce genre de dispositif ?
Le pays fait face au problème de la raréfaction durable de l’eau, qui est une ressource fondamentale pour l’industrie, l’agriculture ou encore l’alimentation. Les événements que nous avons connus, notamment à Sainte-Soline, témoignent de la concurrence qui existe entre ses différents usages.
Il faut une action planificatrice et anticipatrice, engager une révision complète de la politique de l’eau à l’échelle nationale. Il faut faire le choix du long terme. C’est-à-dire remettre sur la table une régulation publique forte. Mais l’eau ne peut pas être gérée à l’échelle nationale. Il faut travailler sur des formes de décentralisation.
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