Ils se lèvent tous pour la science… à Paris, Toulouse, Bordeaux et ailleurs, en soutien aux chercheurs américains qui luttent pour la défense de la science. Depuis l’arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche, ces derniers sont confrontés à des coupes budgétaires dramatiques, mettant en péril l’indépendance et la liberté de la recherche. « Stand up for science » c’est une initiative de résistance mondiale inédite face à la brutalité trumpiste.

© Marie Aimé
« C’est hyperviolent ce qu’on se prend dans la gueule. Chercheurs, battons-nous ! ». Ce sont les mots, portés par un mégaphone, d’une étudiante de la Sorbonne Nouvelle. Il est 14 h 00 ce vendredi 7 mars à Paris, place Jussieu. Chercheurs, étudiants, professeurs et leurs soutiens crient en chœur : « Du fric, du fric, pour la recherche publique, du blé, du blé, pour l’université ».
Depuis la place, saturée malgré l’annonce du rassemblement il y a à peine 48 heures, les manifestants emboîtent le pas vers le Collège de France où se tiendront des prises de paroles. Ils se sont rassemblés en soutien aux chercheurs états-uniens, victimes de coupes budgétaires, de censure et de licenciements. L’orchestre, qui joue, couvre presque la voix des réfractaires, sur le trottoir : « Trump, il a été élu démocratiquement », lâche un passant.
Aliyah Morgenstern, professeure franco états-unienne de linguistique et vice-présidente Europe de l’université Sorbonne Nouvelle, est horrifiée par les coupes budgétaires dans le domaine de la recherche imposées par Donald Trump aux États-Unis. « Mon cœur saigne quand je vois qui dirige mon pays », déclare-t-elle avant d’ajouter, la gorge nouée : « On est atterrés par le fait que des données scientifiques cruciales puissent devenir inaccessibles. » Elle fait référence à l’interdiction par Donald Trump de mots tels que « femmes » ou « climat » dans les articles scientifiques. Une censure « pas digne d’un monde démocratique », qu’elle juge « épouvantable, autocratique, tyrannique, et impensable au XXIe siècle. »
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Un argument que rejoint Antoine Marie, chercheur postdoctoral à l’École normale supérieure de Paris, pour qui cette censure, au-delàs de sa dangerosité, est « absurde « : « Si tu censures les articles qui contiennent le mot « femme », « transgenre », « statuts socio-économiques, il y a énormément de choses que tu peux plus faire du tout en sciences sociales. »
Contre une politique « populiste, anti-sciences, anti-liberté »
Paulette Samvelian, elle aussi linguiste, est venue pour dénoncer une politique « populiste, anti-sciences, anti-liberté ». Pancarte à la main, elle se souvient, à la fois inquiète et moqueuse, du ridicule des propos tenus par Donald Trump dans son discours du 4 mars devant les deux chambres du Congrès américain : « Quand il parle de 8 millions de dollars dépensés pour créer des souris transgenres, alors là, on touche vraiment le fond. » Car elle le rappelle : il s’agit en réalité d’évaluer l’effet que certains traitements hormonaux peuvent avoir sur la santé humaine, en utilisant des souris comme modèles.

© Marie Aimé
Pascale Gilardi, directrice de recherche au CNRS, peine aussi à cacher son inquiétude, notamment de voir disparaître « des pans entiers de la connaissance » par manque d’investissements, une régression de la connaissance intellectuelle et l’émergence de fake news, dont Donald Trump est, d’après elle, « un spécialiste ».
Le début d’un long combat pour la science
« C’est un mouvement de solidarité et de revendication massif », se félicite Bruno Andreotti, professeur de physique, vice-président de l’Association pour la Liberté Académique et coorganisateur du rassemblement. Après ce rassemblement, qu’il estime être une réussite, il continuera d’organiser « un mouvement défensif » vis-à-vis par exemple de la protection des données scientifiques, face à des menaces « croissantes et systématiques » qui pèsent sur les sciences humaines et climatiques aux États-Unis, où les institutions démocratiques et la recherche sont « sous pression », mais aussi face aux coupes budgétaires en France.
« On a de plus en plus de mal à financer la recherche fondamentale », déplore Bruno Andreotti. Le vote du budget 2025, en France, a notamment fait baisser d’un milliard d’euros les financements dédiés à la recherche scientifique par rapport à l’année 2024.
Aux États-Unis, le mouvement « Stand up For Science » réclame la fin de la censure, la protection des financements et la réintégration des chercheurs injustement évincés de leurs projets. À Paris, une nouvelle marche de soutien sera organisée à l’appel de l’intersyndicale mardi 11 mars dès 12 h 30, au départ de la place de la Sorbonne. Les sciences n’ont pas fini d’élever leurs voix.
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