Brandt: la justice liquide et supprime 700 emplois + video Roussel/Medef

Placé en redressement judiciaire depuis octobre, le groupe centenaire d’électroménager Brandt a vu la justice prononcer sa liquidation, jeudi 11 décembre. Près de 750 emplois sont concernés par la décision du tribunal des affaires économiques de Nanterre, alors qu’un projet de création de Scop était sur la table.

La justice supprime, avec sa décision, 700 emplois.
© Arnaud Herbert/REA

 

Le tribunal des affaires économiques de Nanterre a prononcé, jeudi 11 décembre, la liquidation du groupe centenaire d’électroménager Brandt. Le sort de l’entreprise en redressement judiciaire depuis deux mois a été annoncé le président de la région Centre-Val de Loire, François Bonneau, à l’Agence France-Presse (AFP). Près de 750 emplois vont être supprimés. Leurs salaires ne seront plus versés après le 15 décembre.

Face-à-face sur BFM TV entre Fabien Roussel, secrétaire national du PCF, et Patrick Martin, président du Medef. Au programme : ultrariches, inégalités, salaires, dividendes, désindustrialisation, budget de la Sécu, retraites, jeunesse, guerre commerciale avec la Chine, accords de libre-échange et place du RN dans l’arc républicain.

Devant le site de production situé à Vendôme (Loir-et-Cher) – un second se trouve à Saint-Jean-de-la-Ruelle, près d’Orléans (Loiret) -, une soixantaine de salariés – sur 93 – ont fait part de leur colère. « C’est une décision très choquante, a fustigé Célia Pinto, auprès de l’AFP. On a tout fait, mais ça n’a pas marché, on était bien ici, on est tous sous le choc. Les fêtes de Noël seront tristes. » Comme d’autres, elle a décidé de brûler des documents administratifs devant l’usine, façon de dire « au revoir à Brandt ».

Un projet de Scop sur le carreau

« C’est une terrible nouvelle, un choc et un coup très dur porté à l’industrie française », a réagi François Bonneau. Le président de région estime que cette décision relève du « traumatisme » pour les salariés. « C’est de la rage, de la colère, de l’incompréhension. On se sera battus jusqu’au bout », abonde le secrétaire CGT Melkonyan Khachatur, évoquant avec aperture « un beau cadeau de Noël ».

Le ministre délégué chargé de l’Industrie, Sébastien Martin, avait pourtant annoncé, lundi 1er décembre, que l’État était « prêt » à soutenir un projet de création de Société coopérative et participative (Scop) pour la reprise du groupe, lors d’une visite à Saint-Jean-de-la-Ruelle dans le Loiret, sur un des sites de l’entreprise. « On a 24 heures pour trouver une solution, on a 24 heures pour convaincre, notamment les banques, que le projet est solide, que le projet est viable », défendait le ministre tandis que cette solution de reprise laissait déjà sur le carreau 400 salariés.

Les pouvoirs publics avaient ainsi annoncé des soutiens en cascade. Le gouvernement – qui pousse les industriels français à se reconvertir dans l’armement – avait promis une aide de l’État à hauteur de 5 millions d’euros, suivi par la région Centre-Val de Loire et la métropole d’Orléans pour une somme atteignant au moins 20 millions d’euros. « On ne comprend pas, les soutiens étaient là, une mobilisation sans précédent avait été faite », résume François Bonneau.

Suite à l’annonce de la justice, Bercy a exprimé sa « profonde tristesse ». Le ministre de l’Économie et des Finances, Roland Lescure, et son collègue en charge de l’Industrie, Sébastien Martin, ont déploré que « les autres acteurs indispensables n’aient pas souhaité se positionner pour sauver Brandt », semblant désigner, sans les nommer, les banques. Sébastien Martin a prévu de se rendre, dans la journée, aux côtés des salariés du site situé près d’Orléans.

« La dernière digue » saute

La décision douche les espoirs des salariés autant qu’elle porte un coup à la souveraineté industrielle de l’Hexagone. « On est la dernière digue, j’ai envie de dire, après l’invasion des produits encore asiatiques ou turcs pour ne pas les citer. Et on a un véritable savoir-faire », rappelait, en amont du coup de massue de ce jeudi, Cyril Aubert, délégué au CSE Central Brandt et commercial, faisant valoir la détermination des salariés à « se battre pour faire tourner cette machine qui ne demande que ça, et dans un contexte hyperconcurrentiel, on le sait ».

Outre ses deux usines en France, en Centre-Val de Loire, Brandt possède un centre de service après-vente en région parisienne, à Saint-Ouen-L’Aumône (Val-d’Oise). Avec cette décision, le fabricant des produits Brandt disparaît, tout comme les trois autres marques françaises d’électroménager Vedette, Sauter et De Dietrich.


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