
Cinq mois après l’apparition du premier cas de DNC en Savoie, 110 foyers détectés dans 10 départements et plus de 3 000 bovins abattus, l’Etat ne peut rester sourd aux revendications des éleveurs. Si les mesures d’abattage total auraient pu se justifier au début de l’épidémie, elles s’avèrent aujourd’hui non seulement inefficaces mais aussi dangereuses socialement et économiquement pour de nombreuses exploitations familiales et pour les territoires dans lesquels elles s’inscrivent.
Cette politique sanitaire ne tient pas compte du travail de sélection génétique effectué depuis des décennies – voire des générations – par les éleveurs. Un troupeau n’est pas un moyen de production comme un autre. Difficilement substituable car non standardisé, il est issu de longues années de relations de travail entre éleveurs et animaux, d’où une forte attache émotionnelle.
C’est pourquoi le Parti communiste français s’oppose aujourd’hui à l’abattage total et systématique des troupeaux infectés. Il demande au gouvernement de mettre en œuvre une stratégie sanitaire hybride, proportionnée et fondée sur un solide socle scientifique.
Cette politique doit reposer sur la vaccination, l’abattage sélectif, la mise en quarantaine et le suivi sanitaire des troupeaux comme le propose une intersyndicale agricole inédite qui doit être écoutée.
Sans nier la dangerosité de la maladie ni se substituer à l’expertise vétérinaire, les problèmes soulevés par cette énième crise sanitaire sont éminemment politiques. Un animal reste un être sensible et le sujet soulève d’importantes questions de condition animale. Le PCF dénonce une stratégie gouvernementale guidée par les seuls intérêts commerciaux de la France et soumises aux injonctions libérales de l’Union Européenne. Face aux conséquences désastreuses de l’abattage total pour les éleveurs concernés mais aussi pour l’ensemble de notre agriculture et de territoires ruraux déjà en grande difficulté, le maintien du statut « indemne » de DNC du territoire français ne peut être le seul critère à prendre en compte pour élaborer une stratégie de lutte à la hauteur des enjeux. Ce point est d’autant plus important quand on sait que la DNC ne présente aucun risque pour la santé humaine et que le taux de mortalité des animaux est inférieur à 10% En ce sens, le Parti communiste français exige des stratégies de défense sanitaire détachées des intérêts du capital pour répondre en premier lieu aux besoins des populations et de celles et ceux qui travaillent.
Les communistes défendent également la mise en œuvre de mesures préventives, notamment la généralisation de la vaccination du cheptel, et exigent :
- un assouplissement de la règlementation sanitaire européenne empêchant d’exporter un animal vacciné contre la DNC pendant 14 mois et la négociation d’accords de coopération entre Etats, à l’image des accords passés avec la Suisse et l’Italie qui acceptent, sous conditions, d’importer des bovins issus de zones vaccinales françaises ;
- la mise en place d’un grand service public vétérinaire, visant à sécuriser les chaînes de fabrication et de distribution de vaccins pour les animaux d’élevage. Constitué d’un pôle public de la santé animale (à l’instar du pôle public du médicament que le PCF appelle de ses vœux), et en lien avec les Groupements de défense sanitaire (GDS) et les vétérinaires, il garantirait la juste répartition des vaccins entre les éleveurs ;
- l’intégration des aspects sanitaires dans le régime public d’assurance et de gestion des risques que le PCF promeut, à l’image de la proposition de loi déposée par le groupe GDR à l’initiative d’André Chassaigne en 2020.
Dans le même temps, la DNC intervient dans un contexte où le cheptel bovin français a perdu 1 million de vaches ces 8 dernières années. Le PCF refuse de laisser la décapitalisation bovine se poursuivre à ce rythme et dénonce des politiques publiques qui n’ont pas su œuvrer à rémunérer justement les éleveurs et permettre le renouvellement des générations. Pour les communistes, l’élevage durable constitue la pierre angulaire d’une nécessaire transformation agroécologique basée sur la complémentarité entre animal et végétal, le maintien des prairies permanentes et le développement d’exploitations agricoles à taille humaine s’appuyant sur un réseau dense d’outils d’abattage et de transformation de proximité.
Parti communiste français.

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