La CCAS-énergie ouvre ses centres de vacances aux étudiants

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Quatre lieux gérés par les actions sociales des agents de l’énergie sont mobilisés, depuis quelques semaines, pour offrir un temps de répit aux jeunes frappés par les mesures anti-covid du gouvernement.

C’est dans leur ADN depuis toujours : répondre par la solidarité aux situations de crise qui touchent la société. Les électriciens-gaziers de la CCAS (les actions sociales des entreprises de l’énergie – N.D.L.R.) ont décidé, depuis le début du mois de février, d’ouvrir plusieurs de leurs centres de vacances aux étudiants frappés par les mesures gouvernementales anti-covid. Elles sont, pour un très grand nombre d’entre eux, synonymes d’isolement, de précarité, de détresse psychologique et de rupture dans le cursus universitaire.

« On a appris fin janvier que les colonies de vacances ne pourraient pas se tenir, explique Nicolas Cano, président CGT de la CCAS. L’ombre d’un nouveau confinement planait et on entendait de plus en plus parler de la crise qui traverse le monde étudiant. Certains de nos centres étaient prêts à recevoir du monde. On a donc décidé d’ouvrir celui du Cap d’Agde (Hérault), dans un premier temps, puis trois autres à partir de la mi-février. »

Prévenus par un courrier d’information adressé aux ayants droit de la CCAS, plusieurs centaines d’étudiants, enfants d’agents de l’énergie ont, en moins d’une semaine, répondu à l’appel. Une occasion inespérée, pour beaucoup, de rompre avec la situation imposée par les couvre-feux et la fermeture des universités, d’autant que chaque étudiant, fils ou fille d’agent électricien-gazier, peut inviter un ou une ami non bénéficiaire des actions sociales de la CCAS.

« On a également passé un accord avec le Secours populaire français pour accueillir d’autres jeunes, ajoute Patrick Coulet, président de la CMCAS Languedoc. Dans le centre du Cap d’Agde déjà plus de 250 étudiants se sont inscrits. Ils bénéficient d’un hébergement gratuit et d’une restauration saine et équilibrée. Grâce aux infrastructures existantes, dans le respect de gestes barrières, ils peuvent suivre leurs cours, à distance, de façon collective. Ils ont également la possibilité de profiter des activités sportives et culturelles proposées par le centre mais aussi devenir acteur de ce temps passé dans le centre en proposant des initiatives. » Une belle manière de lutter contre la morosité de cette période peu propice aux échanges et interactions normalement inhérents à la vie étudiante.

Pour l’heure, aucun contact n’a été établi avec le ministère de l’enseignement supérieur. « On n’a pas l’habitude d’attendre l’État pour être volontaire en situation de crise, précise Vanessa Flechet, attachée de presse au sein de la CCAS. Depuis toujours, nos centres sont ouverts l’hiver aux mal-logés. Nous l’avons fait aussi pour accueillir des réfugiés lors du démantèlement de la jungle de Calais ou encore au début de la crise sanitaire pour les soignants et les personnes atteintes du Covid sans lieu pour s’isoler. »

Depuis le 12 février, en plus de celui du Cap d’Agde, le centre d’Anglet, dans le département des Pyrénées-Atlantiques, celui des Sables d’Olonne, en Vendée et de Kaysersberg, dans le Haut-Rhin, sont désormais ouverts pour héberger des étudiants. « Pour l’instant, nous devons mener cette action jusqu’à la mi-mars mais nous espérons l’étendre aussi longtemps que possible », précise Patrick Coulet. Et Nicolas Cano d’ajouter : « Nous n’excluons pas d’ouvrir les portes d’autres centres, dans les prochaines semaines. »

Emilien Urbach

A l’école de la Commune de Paris de Jean-François Dupeyron (Par Daniel Amedro)

Jean-François Dupeyron
A l’école de la Commune de Paris
L’histoire d’une autre école
Editions Raisons et passions, 2020, 310 pages, 18,96 €

La Commune de Paris fête son 150e anniversaire en 2021. Sa pensée éducative et son action effective en matière scolaire sont encore très peu connues car le modèle dominant de l’histoire scolaire française les oublie systématiquement.

Pourtant, la première laïcisationdes écoles publiques fut l’œuvre de la République de Paris dès le 2 avril 1871. De même, celle-ci, dans les conditions extrêmement difficiles que lui imposa le second siège de Paris, entama la construction d’une école inspirée par la pensée pédagogique des divers socialismes du XIXe siècle. La notion d’éducation intégrale fut au cœur de cette approche d’une éducation nouvelle, qui voulait «  qu’un manieur d’outil puisse écrire un livre, l’écrire avec passion, avec talent, sans pour cela se croire obligé d’abandonner l’étau ou l’établi  ».

Cet ouvrage se consacre à l’étude de l’œuvre scolaire de la Commune de 1871 et propose de réhabiliter une histoire pédagogique presque totalement méconnue  : celle qui va des projets pédagogiques ouvriers dès les années 1830 au projet syndical d’école rouge de la jeune CGT avant le premier conflit mondial, en passant par l’école nouvelle élaborée par la Commune.

C’est donc la conception et l’histoire d’une autre école qui nous sont présentées ici : ni l’école étatique des «  républicains d’ordre  », ni l’école confessionnelle des congrégations religieuses, mais une école émancipée construite par et pour le peuple.

Jean-François Dupeyron est enseignant-chercheur en philosophie de l’éducation à l’Université de Bordeaux. Membre de l’équipe de recherche SPH (Sciences, Philosophie, Humanités), il travaille sur les questions d’école et d’éducation.

Librairie Publico
45 rue Amelot – 75011


Extrait:

La requête de la société L’Education Nouvelle à la Commune de Paris le samedi 1er avril 1871 à l’Hôtel-de-Ville

Le JORF en date du dimanche 2 avril 1871 en parle en ces termes :

« Les délégués de la société l’Education Nouvelle ont été reçus hier par les membres de la Commune, auxquels ils ont remis une requête conçue en ces termes :

A la Commune de Paris,

Considérant la nécessité qu’il y a, sous une République, à préparer la jeunesse au gouvernement d’elle-même par une éducation républicaine qui est toute à créer ;

Considérant que la question de l’éducation, laquelle n’est exclusive d’aucune autre, est la question mère, qui embrasse et domine toutes les questions politiques et sociales, et sans la solution de laquelle il ne sera jamais fait de réformes sérieuses et durables ;

Considérant que les maisons d’instruction et d’éducation entretenues par la commune, ou par le département ou par l’Etat, doivent être ouvertes aux enfants de tous les membres de la collectivité, quelles que soient les croyances intimes de chacun d’eux ;

Les soussignés, délégués de la société l’Education Nouvelle, demandent d’urgence, au nom de la liberté de conscience, au nom de la justice :

Que l’instruction religieuse ou dogmatique soit laissée tout entière à la direction libre et à l’initiative des familles, et qu’elle soit immédiatement et radicalement supprimée, pour les deux sexes, dans toutes les écoles, dans tous les établissements dont les frais sont payés par l’impôt ;

Que ces maisons d’instruction et d’éducation ne contiennent aux places exposées au regard des élèves ou du public aucun objet de culte, aucune image religieuse ;

Qu’il n’y soit enseigné ou pratiqué, en commun, ni prières, ni dogmes, ni rien de ce qui est réservé à la conscience individuelle ;

Qu’on n’y emploie exclusivement que la méthode expérimentale ou scientifique, celle qui part toujours de l’observation des faits, quelle qu’en soit la nature, physiques, moraux, intellectuels ;

Que toutes les questions du domaine religieux soient complètement supprimées dans tous les examens publics, et principalement dans les examens pour brevets de capacité ;

Qu’enfin les corporations enseignantes ne puissent plus exister que comme établissements privés ou libres.

La qualité de l’enseignement étant déterminée tout d’abord par l’instruction rationnelle, intégrale, qui deviendra le meilleur apprentissage possible de la vie privée, de la vie professionnelle et de la vie politique ou sociale, la société l’Education Nouvelle émet en outre le vœu que l’éducation soit considérée comme un service public de premier ordre ; qu’en conséquence elle soit gratuite et complète pour tous les enfants des deux sexes, à la seule condition de concours pour les spécialités professionnelles.

Enfin, elle demande que l’instruction soit obligatoire, en ce sens qu’elle devienne un droit à la portée de tout enfant, quelle que soit sa position sociale, et un devoir pour les parents ou pour les tuteurs, ou pour la société.

Au nom de la société l’Education Nouvelle, les délégués nommés dans la séance du 26 mars à l’Ecole Turgot :

Henriette Garoste, rue Saint-Paul, 43 ; Louise Lafitte, rue Saint-Paul, 43 ; J. Manier, rue du Faubourg Saint-Martin, 148 bis ; J. Rama, rue Caroline, 11 ; Rheims, rue d’Hauteville, 33 ; Maria Verdure, rue Sainte-Marie-du-Temple, 8.

« Il a été répondu aux délégués que la Commune était complètement favorable à une réforme radicale de l’éducation dans le sens qu’ils indiquaient ; qu’elle comprenait l’importance capitale de cette réforme, et qu’elle considérait la présente démarche comme un encouragement à entrer dans la voie où elle était résolue à marcher ».

L’analyse de Daniel Amédro pour mieux comprendre l’importance de l’école en ce 150ème anniversaire de la commune (Temps de lecture, en dehors de l’ouvrage de Jean-François Dupeyron, 25 minutes) en fichier PDF à ouvrir en cliquant ci-dessous

Surmenage, stress… « Nos modes de fatigue révèlent les manières d’exister socialement », explique l’historien Georges Vigarello

L'historien Georges Vigarello, en août 2020. © Hannah Assouline/Opale via Leemage

L’historien Georges Vigarello, en août 2020. © Hannah Assouline/Opale via Leemage

Alors que la pandémie accentue l’épuisement de nos sociétés, l’historien, spécialiste des mentalités et des sensibilités, propose une Histoire de la fatigue. Du Moyen Âge à nos jours. Il en montre les mutations comme autant de révélateurs des rapports des sociétés à la perception des corps et à leurs usages. L’infatigabilité devient-elle une nouvelle norme ? Quel lien entre fatigue et affirmation croissante de l’individu ? Entretien.

Historien du corps et de ses perceptions, vous affirmez que, avec la maladie, la vieillesse et la mort, la fatigue serait l’autre empêchement majeur des corps ?

Georges Vigarello Dans les années 2010, j’avais orienté mes recherches sur les évolutions des perceptions du corps, jusqu’à publier le Sentiment de soi. Je m’étais rendu compte que la perception des maladies avait évolué dans le temps, ainsi que celle de la fatigue et des perceptions intérieures. J’ai donc cherché à comprendre comment ce sentiment de fatigue avait évolué dans le temps. De manière anthropologique, il est vrai qu’il y a trois grands obstacles dans l’idée que nous nous faisons de l’existence. Ces trois grands obstacles sont la mort, la maladie et la fatigue. Or il se trouve que l’objet fatigue a été peu travaillé par les historiens, alors que de belles histoires de la perception de la mort et des maladies ont été produites, notamment à travers l’œuvre de l’historien Philippe Ariès. Pour faire cette histoire de la fatigue, j’ai tâché de croiser les textes médicaux, les témoignages des contemporains, les textes de mœurs et de morale, afin de repérer les manières de dire les fatigues. Ces manières de dire permettent, selon moi, de révéler dans chaque époque son rapport aux corps, de restituer en somme la culture d’une société. Nos modes de fatigue révèlent les manières d’exister socialement.

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Ce que l’on sait de CoVepiT, le « vaccin pour la vie » mis au point par un labo nantais

Laboratoire de biotechnologie de la société Ose Immunotherapeutics, à Nantes. © Julien Sureau / Actu.fr

Laboratoire de biotechnologie de la société Ose Immunotherapeutics, à Nantes. © Julien Sureau / Actu.fr

Le jeune laboratoire de recherche OSE Immunotherapeutics pense avoir trouvé un « vaccin pour la vie », efficace contre le Covid et ses variants. Il pourrait être produit début 2022. Si les acteurs publics ne manquent pas le coche de l’industrialisation…

Dans leur laboratoire situé sur les bords de la Loire, à quelques kilomètres des locaux de leur concurrent Valneva, les chercheurs d’OSE Immunotherapeutics développent aussi un vaccin contre le Covid-19.

À entendre la direction de cette jeune entreprise nantaise, le sérum, s’il franchit les prochaines étapes cliniques, pourrait aider à sortir de la crise sanitaire durablement, puisqu’il est conçu pour être efficace pendant plusieurs années.

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