Réforme des retraites : ceux que Macron protège

Le sentiment est très répandu dans le pays que la réforme des retraites portée par Macron n’est pas équilibrée dans l’effort qu’elle demande aux différentes catégories de personnes. Injuste, la réforme ? De fait, certains vont y perdre beaucoup. Mais on en parle moins : d’autres, comme le démontre Ludo, seront vraiment épargnés… voire vont y gagner. Voici les heureux élus.

Les entreprises

La réforme des retraites proposée par le gouvernement ne demande aucune contribution financière supplémentaire aux entreprises. Seule mesure financière les concernant, le basculement d’une partie des cotisations pour accident du travail vers le financement des retraites. Bref, déshabiller Paul pour habiller Jacques.

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Macron ne se contente pas de ne rien demander aux entreprises, il diminue même leurs impôts.  La suppression prévue entre 2023 et 2024 de la CVAE, taxe qui payée à 80% par les grandes et moyennes entreprises représente un cadeau de 9.3 milliards d’euros sur deux ans.

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Revenir sur la suppression de cette taxe et consacrer les recettes fiscales au financement des retraites permettrait de combler de manière pérenne les déficits à venir du système de retraite. On aurait même du rab’. Nous avons montré tout cela dans notre précédente vidéo sur les retraites.

Dans la même veine, le gouvernement s’oppose  à la suppression de niches fiscales inefficaces. Depuis 2016, dans la foulée du CICE, l’Etat a supprimé des cotisations sur les salairescompris entre 1.6 et 3.5 fois le SMIC, pour “baisser le coût du travail” et “augmenter la compétitivité des entreprises”. Le problème c’est qu’après plusieurs années de recul, les études économiques demandées par le gouvernement montrent que ces réductions de cotisations sociales n’ont eu aucun impact positif sur l’emploi ou la compétitivité des entreprises françaises.

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Revenir sur ces cadeaux inefficaces et les attribuer aux retraites donnerait au moins 4 milliards par an au régime. Macron s’y refuse.

Les plus riches et les revenus du capital

Dans le système français, une grande partie du financement des retraites se fait par les cotisations sur le travail, sur les revenus d’activité. Mais les revenus du capital – les loyers, les intérêts, les dividendes, les plus values –  fournissent quand même un petit 4,1 % des recettes de notre système de retraite, soit 13 milliards d’euros en 2021.

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La réforme de Macron 2023 ne compte absolument pas augmenter ce financement des retraites prélevé sur les revenus du capital. On peut s’en étonner pour deux raisons.

D’abord, parce qu’en proportion, le capital finance beaucoup moins les retraites que le travail.

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Quand les cotisations retraites représentent 27-28% des salaires, la part de la CSG qui finance les retraites ne représente que 8.7 % des revenus du capital.

On pourrait se dire : “Oui mais c’est pas aberrant, les cotisations sur le travail ouvrent des droits à la retraite alors que la CSG sur les dividendes ou sur les plus values ne donne, elle, aucun droit”. C’est bien “normal” que le capital finance moins les retraites. C’est une manière de voir les choses qui se défend mais il faut savoir ce moindre financement des retraites par le capital favorise beaucoup les plus riches.

Comme on vous l’expliquait dans “Qui sont les riches?”, une  des premières vidéos de notre site Osons Comprendre,  les plus riches peuvent en partie “choisir” leur source de revenus. Ils privilégient les revenus du capital, bien moins taxés que ceux du travail depuis la flat tax de Macron.

On remarque ça très bien avec ce graphique, les revenus des plus riches de notre pays sont à 50 – 60 et même à 80 % des revenus du capital : des loyers, des plus values, des dividendes, des rentes etc.

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Comme ces revenus du capital contribuent moins au retraites que les salaires, les méga riches de notre pays financent beaucoup moins les retraites en proportion de leurs revenus que toi ou moi.

Et de l’autre côté, comme ils vivent plus longtemps, les plus riches peuvent, malgré leur retraite souvent plus tardive, espérer passer plus de temps à la retraite que les classes populaires.

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On pourrait donc tout à fait défendre le choix de mettre un peu plus à contribution les revenus du capital des plus riches qui vivent le plus longtemps, plutôt que de décaler l’âge légal de la retraite “pour tout le monde”.

Les retraités actuels

Bien entendu, tous les retraités ne roulent pas sur l’or, et loin de là. Plus d’un retraité sur 3 touche moins de 1000 € brut de pension de retraite. Difficile d’en faire des privilégiés.

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Et contrairement à ce qu’essaye de faire croire la com du gouvernement, ces gens là ne toucheront pas 1200 € après la réforme. Michaël Zemmour l’a bien montré dans cet article.

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Une fois qu’on a dit ça, on ne peut occulter certains faits importants sur la situation des retraités actuels.
Les retraités d’aujourd’hui vont avoir des retraites plus longues que celles et ceux qui partiront à la retraite bientôt.

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C’était déjà vrai “avant la réforme” mais si elle passe, il faudra attendre que la génération née dans les années 1990’s partent à la retraite pour qu’on retrouve la même durée en retraite que les baby boomers, les retraités nés autour de 1950.

En plus d’avoir des retraites en moyenne plus longues, les retraités actuels sont en moyenne plus riches que la population générale.

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Les futurs retraités – ceux à qui la réforme Macron demande de bosser plus tard – vont eux perdre peu à peu du niveau de vie.

Quand on voit ces deux faits, on se dit que s’il faut combler des déficits de quelques milliards dans les 10-20 prochaines années, on pourrait peut-être demander aux retraités aisés – qui bénéficient, tant en durée qu’en niveau de vie, de meilleures retraites qu’on en aura jamais – de se montrer solidaire et de financer davantage le système.

Que propose la réforme de Macron là-dessus ? Rien du tout, aucune augmentation de la CSG “retraite” à destination des retraités aisés. Y a zéro euro d’effort demandé aux retraités actuels.

Et là faut qu’on fasse un petit arrêt sur image. Qui dans ce pays est le plus favorable à la réforme de Macron ?

La clientèle électorale de Macron

Quand on regarde les sondages, les groupes sociaux qui soutiennent le plus la réforme, c’est les plus aisés, les plus de 65 ans et les retraités.

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Tiens tiens, comme c’est étonnant : pile les gens qui sont le plus épargnés par la réforme. Et qui a le plus voté Macron au premier tour de la présidentielle 2022 ?

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Ce qu’on comprend, c’est que la réforme des retraites choisie par Macron, elle épargne très largement des groupes qui sont le cœur de cible de son électorat (et en passant aussi celui de LR). Le sentiment très répandu dans le pays que la réforme est injuste, non équilibrée, est justifié.

Ce n’est pas une réforme qui demande à tout le monde de faire un petit effort. C’est une réforme qui demande beaucoup à certains – notamment les classes populaires et moyennes – et très peu à d’autres, les retraités actuels et surtout les français les plus riches, qui se trouvent être les meilleurs électeurs de Macron. Certains appelleraient ça une réforme de classe!


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