Une semaine après le mouvement « Bloquons tout », qui avait rassemblé 400 personnes dans les rues de Montauban, une nouvelle journée de mobilisation avait lieu ce jeudi 18 septembre, après l’appel des syndicats (CFDT, CGT, CFE-CGC, Unsa, FSU, Solidaires, Confédération paysanne) à manifester.
Montauban a concentré l’essentiel de la mobilisation tarn-et-garonnaise du 18 septembre 2025. Un seul mouvement d’ampleur s’est formé dans le département à l’appel de la grève intersyndicale. Le rendez-vous était fixé à 10 heures sur la place Prax-Paris. Selon les organisateurs, 3 000 personnes ont défilé dans les rues, 1 300 d’après les chiffres de la préfecture.
« C’est pacifiste, c’est bon enfant »
Après divers discours des leaders syndicaux présents, le cortège a entamé sa marche aux alentours de 11 heures. Dans la foule, l’ambiance est légère : « C’est pacifiste, c’est bon enfant », note une femme à une autre. Le cortège est sans incident, animé par la musique : « On ne va pas se laisser faire, se faire imposer un budget trop léger », chantent deux manifestantes sur un air de Bella Ciao.

Jean-Manuel, éducateur spécialisé, s’est arrangé pour pouvoir venir protester. Pour lui, la priorité est d’améliorer la situation des travailleurs : « Le travail ne permet plus de vivre dignement, les salaires ne sont plus en rapport avec le coût de la vie. Avant, un chariot de courses plein, c’était 100 euros sans problème ; maintenant, 100 euros, c’est un fond de chariot », déplore l’homme de 54 ans.

Quelques pas plus loin, deux Montalbanaises discutent d’un sujet qui a alimenté le cortège : la santé. « Les mutuelles augmentent, ils veulent maintenant nous supprimer des remboursements de la Sécu. Tout augmente, mais la retraite, quand ils l’augmentent, c’est de quelques euros », explique Arlette, 79 ans. Elle poursuit : « Quand on est malade, on a déjà des problèmes de santé, mais en plus maintenant on nous enfonce : on nous retient de plus en plus d’argent pour les médicaments, pour les examens… Comment voulez-vous qu’on s’en sorte ? », déplore la retraitée désabusée.

Sa partenaire de manifestation, Sylvie, 62 ans, renchérit : « Et sans parler des déserts médicaux ! Moi, ça fait deux ans que je n’ai plus de médecin traitant, plus de gynéco, plus rien. En parallèle, il y a des cabinets de médecins privés qui ouvrent, mais ils demandent 60 euros et ce n’est pas remboursable. »

Aux abords du cortège, un lycéen de 15 ans confie : « C’est la première fois qu’on vient dans ce genre de mouvement. » Celui qui a vu la plupart de ses cours annulés reconnaît des visages dans la foule : « On a croisé nos profs dans le cortège », s’amuse-t-il.

Justement, quelques pas plus loin, Emmanuelle, professeure d’arts plastiques, fait partie des 17 % d’enseignants de l’académie de Toulouse en grève aujourd’hui. Elle brandit sa pancarte « Prenez vos responsabilités, pas notre avenir » en expliquant : « Il y a des choix à faire pour changer le monde, mais ils amputent notre avenir, que ce soit au niveau de l’écologie, des droits, du travail ou de notre santé mentale. »
« Il faut changer la façon de faire la révolution »
Depuis son enfance, elle descend régulièrement dans la rue, même si elle a l’impression que sa voix s’essouffle au fil des années : « Manifester, c’est un des moyens qu’on a aujourd’hui pour protester, même si ce n’est pas forcément le bon parce qu’on voit que ça ne fonctionne pas. Il faudrait peut-être des grèves perlées ou bloquer davantage, sans violence, mais il faut changer la façon de faire la révolution, parce qu’il faut une révolution », glisse-t-elle avant d’aller se joindre à une chorégraphie au pied de la mairie.

Après un dernier passage par la rue de la Résistance, au milieu des clients de restaurants et des commerçants intrigués derrière la vitrine de leur boutique, la manifestation s’est achevée à son retour sur l’esplanade des Fontaines à 13 h.
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