Présentation par Alexandra Tricottet du livre: « La Situation de la classe laborieuse en France » (éditions Delga)
Jeudi 20 octobre, ESPACE METAIS à Castelsarrasin à 18h00
Ouvert à toutes et tous
(Possible venue de A. Vatan en Janvier/Février 2023)
Propos recueillis par Kévin Boucaud-Victoire
Docteur en économie, agrégé de sciences économiques et sociales et professeur à l’université Paris-Nanterre, Antoine Vatan vient de publier « La Situation de la classe laborieuse en France » (éditions Delga), étude économique et statistique sur la dégradation de la condition des travailleurs dans notre pays.
Dans La Situation de la classe laborieuse en France (éditions Delga), dont le titre est un clin d’œil assumé à Friedrich Engels, Antoine Vatan entend dévoiler la dynamique du capitalisme et ses effets sur les travailleurs, en remettant au goût du jour l’analyse marxiste. C’est donc tout naturellement que le jeune économiste, statistiques à l’appui, analyse l’évolution du « taux d’exploitation » (part de la richesse créée par les travailleurs que s’approprient les patrons) et de la « plus-value » (excédent que récupère un capitaliste après vente de ses marchandises et paiement des salaires, à partir du travail de ses salariés), afin de montrer que la « baisse tendancielle du taux de profit » (tendance à la baisse, sous le capitalisme, du profit réalisé pour chaque investissement) annoncé par Karl Marx se réalise bien.
Marianne : Qu’entendez-vous par « classes laborieuses » ?
Antoine Vatan : C’est l’ensemble des gens qui travaillent, c’est-à-dire, dans le capitalisme, ceux qui ne possèdent pas les moyens de production et qui, avec toute la puissance intellectuelle et mécanique du corps humain comme leurs bras ou leurs cerveaux, transforment la matière pour produire des marchandises. Il s’agit d’un rapport social particulier. Les travailleurs ne possèdent ni les moyens de production, ni leur production. Par exemple, celui qui travaille à l’usine pour fabriquer des voitures, à la fin de la journée, ne possède pas la voiture qu’il a lui-même produite. L’ensemble des gens qui travaillent sont dans ce cas. Historiquement, c’est beaucoup plus facile de voir à travers des exemples industriels, car ce que je viens de dire prend tout de suite sens : il y a transformation de la matière pour une production concrète.
Mais on y associe aussi, ce qu’on appelle de manière abstraite « les catégories intellectuelles » ou le travail intellectuel : les professeurs, les cadres, les ingénieurs, qui gèrent la comptabilité, le droit, etc. Pourquoi ? Parce qu’ils ne sont pas directement dans la transformation de la matière, mais leur travail concret aide à le faire et eux non plus ne possèdent pas les moyens de production.
Vous utilisez également le terme de « prolétariat », pour qualifier ces « classes laborieuses ». « Proles » en latin signifie « descendance ». Étymologiquement, le prolétaire est celui qui a sa descendance pour seule richesse. Le mot « prolétariat » est-il encore adapté ?
À l’époque de Marx, ce n’était déjà plus le cas. Tu es un prolétaire lorsque tu n’as que ta force de travail, c’est-à-dire ta force physique ou ta force intellectuelle, mais pas les moyens de production. En France, 98 % de la population française gagne majoritairement sa vie avec des revenus du travail. Tous ces gens-là peuvent, stricto sensu, être considérés comme prolétaires. Grosso modo, l’actionnaire qui a suffisamment d’actions peut gagner sa vie en restant toute la journée dans son canapé. Le prolétaire, même lorsqu’il gagne bien sa vie, ne peut pas se le permettre.
« Est-ce que la plupart des cadres peuvent se passer d’aller travailler pour vivre ? Non, car l’écrasante majorité ne possède pas les moyens de production. »
Cette définition du prolétariat n’a probablement jamais été aussi acceptable, parce qu’à l’échelle planétaire le nombre de prolétaires n’a jamais été aussi élevé. Lorsque Marx écrit Le Capital (1867), le rapport capitaliste est minoritaire dans le pays le plus avancé au monde, à savoir l’Angleterre. Sa grande prédiction, c’est que le capitalisme devra nécessairement passer par une extension du prolétariat. Aujourd’hui, le prolétariat existe dans n’importe quel pays du monde. C’est d’ailleurs pour cela que lorsque l’on traverse la planète, à part quelques divergences culinaires ou culturelles, tout le monde a à peu près la même vie, avec des niveaux de vie plus ou moins différents. Mais qualitativement, dans ses rapports sociaux, elles sont semblables : tout le monde doit aller travailler, c’est-à-dire s’employer.
Selon vous, les cadres appartiennent pleinement au prolétariat. N’est-ce pas une classe qui paradoxalement tire des bénéfices économiques et symboliques du capitalisme, tout en étant exploité ? Vous montrez d’ailleurs de grandes disparités en termes de niveau de revenu, d’espérance de vie ou d’espérance de vie en bonne santé. Par exemple, un ouvrier a une espérance de vie en bonne santé de 59 ans, contre 69 ans pour un cadre…
On peut effectivement faire des différences au sein des prolétaires. Il n’est pas question de dire qu’un chômeur a une vie identique à un cadre de la BNP Paribas. Néanmoins, il faut bien établir des classes, et pour cela, il faut regarder la caractéristique la plus essentielle, à savoir comment gagne quelqu’un sa vie. Est-ce que la plupart des cadres peuvent se passer d’aller travailler pour vivre ? Non, car l’écrasante majorité ne possède pas les moyens de production. Après, qu’il y ait une hétérogénéité chez les prolétaires, c’est un fait. Il y en a d’ailleurs une chez les cadres eux-mêmes. Il n’y a pas grand-chose de commun dans la vie concrète quotidienne entre un chef de rayon chez Leclerc, qui est un cadre, et un trader. Mais cette disparité est très secondaire dans l’analyse. Depuis les années 1950, c’est d’ailleurs la catégorie des cadres qui perd le plus relativement. Ce qui signifie qu’ils sont non pas « prolétarisés », puisqu’ils sont déjà prolétaires, mais appauvris.
Qu’entendez-vous par « qui perd le plus relativement » ?
En 1945, un cadre en moyenne gagnait 4 fois plus qu’un ouvrier, aujourd’hui c’est 2,5 fois. Par rapport à un ouvrier, son niveau de vie a donc baissé. La question du salaire était déjà secondaire au sortir de la guerre, elle l’est encore plus actuellement.
Mais cette frange du prolétariat a pour l’instant intérêt au maintien de ce système, même symboliquement, là où « les prolétaires n’ont rien à perdre que leurs chaînes » disait Marx ?
Subjectivement, peut-être. Mais objectivement, elle a tout intérêt à la sortie du capitalisme, à l’exception d’une toute petite sous-couche, qui est la couche tampon, qui gagne son salaire avec l’augmentation de la plus-value. Ça va par exemple être le cas avec quelqu’un qui sort d’HEC et dont le métier va être de chercher le prolétaire sur la planète le plus corvéable pour réduire au maximum les coûts. Il est prolétaire au sens où il gagne sa vie avec le travail, mais il gagne sa vie positivement à la plus-value. C’est une infime partie des cadres, les autres ont un revenu qui baisse avec l’augmentation de la plus-value. Donc, ils ont aussi intérêt à la sortie du capitalisme.
« Le confinement et le télétravail ont pu être un déclencheur pour certains. »
Peut-être que dans la sphère culturelle ou « symbolique » [qui jouit d’une reconnaissance particulière dans la société, N.D.L.R.] pour parler en bourdieusien, ils se racontent des histoires. Mon travail est de leur montrer qu’ils se tirent une balle dans le pied. Dans le livre, je dis qu’ils se tirent une balle dans le pied, mais surtout, ils tirent une balle dans le dos de l’ouvrier. Pas mal commencent à comprendre qu’ils n’ont pas intérêt au maintien du capitalisme, comme en témoigne le vote pour la Nupes. Le confinement et le télétravail ont pu être un déclencheur pour certains : si leur travail n’exige plus leur présence dans l’entreprise, il peut devenir délocalisable et un Indien pourrait remplacer un cadre français.
Quid des petits patrons, qui ne sont pas exploités, mais dont les intérêts s’opposent aux grands patrons ?
En réalité, ils sont exploités. Il y a un continuum entre un chauffeur Uber et un petit patron d’une PME de 250 employés. Où est-ce qu’on met la frontière ? Je ne sais pas. Mais l’immense masse des patrons de TPE, tout comme les indépendants sont des prolétaires comme les autres. C’est encore plus vrai aujourd’hui avec le développement des monopoles. Certes, ils possèdent leurs moyens de production, mais ils n’ont pas de revenu par leur simple propriété. Prenons un menuisier qui possède sa visseuse : celle-ci ne va rien faire toute seule, s’il ne l’utilise pas. Il doit travailler pour gagner sa vie. L’actionnaire de Bosch qui a fabriqué de la visseuse, lui, peut rester dans son canapé et regarder le menuisier travailler. La propriété privée des moyens de production pour un indépendant, c’est la propriété privée de la production des monopoles. Aujourd’hui qu’est-ce qu’un plaquiste – on ne dit même plus « plâtrier » ? C’est un installateur Saint-Gobain, qui ne décide même pas de ses prix. De même, le chauffeur Uber est en réalité un salarié. L’ensemble des petits patrons a intérêt au socialisme.
Autant grâce aux commissions, Uber extorque une plus-value de ses chauffeurs, autant personne n’extorque de plus-value au boulanger…
Je connais mal ce secteur, mais lui aussi doit être soumis à des monopoles. Comme je disais, il y a des continuums et certains sont moins exploités que d’autres. Certains boulangers gagnent 6 000 euros par mois. Ils sont moins exploités que le chauffeur Uber. Ce n’est pas une question d’exploitation individuelle : je raisonne en termes de classes. L’essentiel des petits patrons et des indépendants sont soumis aux monopoles. Regardez les agriculteurs : ils sont tout aussi dépendants des prix des monopoles agroalimentaires.
À une autre échelle, GM&S Industry (équipementier automobile, qui a fait faillite en 2017) était totalement dépendante des carnets de commandes de Peugeot et Renault. Même si c’était une grosse PME et que le patron gagnait probablement bien sa vie, il y avait une soumission aux monopoles.
Sans oublier le rôle des banques…
Elles sont en effet toutes soumises en amont au monopole bancaire. Qu’est-ce qu’un prêt ? C’est de la création monétaire. La banque prête de l’argent qu’elle n’a pas, mais demande de rembourser en termes bien réels. Si une entreprise emprunte 100 000 euros et doit en rembourser 110 000, il faut qu’elle produise cette valeur. Il y a donc par le prêt bancaire une extorsion de plus-value détournée. Toutes les PME et TPE doivent passer par le crédit.
Selon vous, toute la classe laborieuse voit son niveau de vie diminuer, c’est-à-dire voit son « taux d’exploitation » progresser. C’est-à-dire ?
Le but de mon ouvrage est d’essayer de prouver que la loi de la « baisse tendancielle du taux de profit » de Marx s’applique, y compris en France, où on nous dit que nous sommes moins exploités qu’ailleurs. L’augmentation de l’exploitation est une réaction à cette baisse tendancielle du taux de profit. On peut le déduire intuitivement, en analysant sa vie concrète : on n’a jamais produit autant de richesse, pourtant le niveau de vie globale moyen stagne. Qu’est-ce que les richesses ? C’est ce qui a été produit par le prolétaire. La différence entre ce que le prolétariat a produit et ce qui lui revient définit l’exploitation, puisque c’est ce qui va dans les mains de la bourgeoisie, qui est la classe qui ne produit pas.
« Quand on a un niveau qui stagne ou qui augmente moins vite que le nombre de richesses produites, le taux d’exploitation augmente. »
Quand on a un niveau qui stagne ou qui augmente moins vite que le nombre de richesses produites, le taux d’exploitation augmente. Aujourd’hui, même un cadre à Paris a du mal à partir en week-end en voiture. C’est la traduction de quoi ? Du fait que la classe, en tant que telle – il y a toujours des individus pour qui ce n’est pas vrai –, est plus exploitée. Dans les données de Piketty, on constate qu’une poignée de milliardaires gagne autant que 50 % de la population mondiale. Ce n’était pas le cas il y a 50 ans. Pour constituer des fortunes pareilles, il a fallu extorquer plus de plus-values. Cela signifie que le taux d’exploitation a augmenté.
Comme Emmanuel Todd, vous discutez la méthodologie de l’INSEE sur le logement. En classant celle-ci dans le patrimoine, elle passe sous silence le fait que l’augmentation des prix immobiliers est vécue comme un coût pour la majorité, expliquant la baisse du niveau de vie…
Todd le fait à partir d’une critique du calcul de l’inflation, qui sort l’immobilier. Moi, je ne discute pas de ce point. Pour moi, le plus important, c’est que l’immobilier fait partie de ce que Marx nomme « le coût de reproduction de la force de travail », c’est-à-dire l’argent avancé pour pouvoir travailler demain. Il faut manger, boire et dormir. Il faut donc acheter une maison ou un appartement. Le fait que cette partie-là augmente, sachant que l’immobilier est majoritairement acheté par la voie du crédit, fait que le taux de ce que j’appelle « la forme indirecte de l’exploitation » augmente elle aussi. Comme pour la PME, lorsque j’emprunte 100 000 euros, je dois travailler à hauteur de ces 100 000 euros pour rembourser. Où vont ces 100 000 euros ? Dans la poche de la bourgeoisie. D’ailleurs, ils sont immédiatement valorisés sur les marchés financiers. Qu’est-ce que cela signifie ? Au contraire de la vision libérale qui affirme que je me constitue un patrimoine financier, plus j’achète mon bien immobilier cher, plus je me fais exploiter indirectement. Si la valeur d’un bien d’un travailleur équivaut à 15 ans de salaire, cela signifie qu’il a travaillé 15 ans pour rembourser un crédit, afin d’avoir le droit de vivre.
Vous parlez d’une concentration et d’une socialisation de la production. Pouvez-vous revenir dessus ?
Le développement historique du capital fait que pour lutter contre « la baisse tendancielle du taux de profit », il est nécessaire de concentrer la production. C’est pour cela qu’aujourd’hui, il existe de gros monopoles. Il n’y a aucune raison technologique au fait qu’on ait des gros monopoles comme cela. Il n’y a pas que des productions concentrées, il y a des productions en concentration. Dans ses travaux, David Autor, économiste au MIT, trouve que tous les secteurs aux États-Unis se concentrent. On comprend tous que la production d’avions doit être plus concentrée que celle de stylos. Mais la raison pour que les deux secteurs suivent le même mouvement ne peut être que le développement historique. Celui-ci est dû à la baisse tendancielle du taux de profit. Pour quelle raison une entreprise se concentre ? Pour réaliser des « économies d’échelle », c’est-à-dire pour relever le profit alors qu’il ne cesse de baisser tendanciellement.
« Le travail n’a jamais été aussi parcellisé. »
Il y a deux conséquences. D’abord, je vais devoir produire à une échelle beaucoup plus grande par entité de production. Il va donc falloir spécialiser les travailleurs, à l’image de Charlie Chaplin qui ne serre qu’un seul boulon. Mes données montrent que, contrairement à l’inconscient collectif, le travail n’a jamais été aussi parcellisé. Même les cadres aujourd’hui font des tâches très répétitives.
Le deuxième aspect, c’est que notre travail devient socialisé au sens où nous sommes tous de plus en plus interdépendants. Je ne fais plus rien tout seul, contrairement au mythe libéral du travailleur « Robinson Crusoé ». Même pour produire une bière : entre celui qui a fait l’engrais, celui qui a planté et récolté le blé, celui qui a produit la bouteille, il a fallu plusieurs interventions. Dès l’instant que quelqu’un s’arrête, toute la chaîne de production s’arrête. Lorsque dans le langage libéral, on dit que le gréviste est « preneur d’otage », c’est au final ce qui est exprimé. Si on est tous des Robinson Crusoé, on peut tous se mettre en grève dans notre coin, sans que cela ne change la vie de personne. C’est donc bien la preuve d’une socialisation de la production qui peut être une arme politique.
Car pour vous, cela a créé une « solidarité objective » chez les travailleurs…
On déplore beaucoup à gauche l’absence de conscience de classe, et on n’a pas tort. Mais pour faire renaître une conscience de classe, il faut le faire sur des bases objectives, pas avec des vœux pieux, du type : « Soyez solidaires ! » J’utilise de manière provocatrice « solidaire », mais il faudrait dire « interdépendants ». Objectivement, nous le sommes tous déjà. Il suffit de transformer notre solidarité objective en solidarité subjective, afin de passer d’une production déjà socialisée à une production socialiste.
Et cette solidarité ne concerne pas que les travailleurs français, mais est à échelle planétaire…
Prenons le conflit en Ukraine. Il y a 300 ans, la même guerre n’aurait produit aucun effet sur nous, ni aucune inflation. Qu’est-ce que cela signifie ? C’est que nous sommes tous interdépendants dans l’alimentation. Il y a deux positions vis-à-vis de cela. D’abord, la position traditionaliste de droite, qui va regretter ce développement et va tenter de revenir à des paradis perdus pour la bourgeoisie – il y a 50 ans, ce n’était pas le rêve pour le prolétariat.
Ensuite, l’analyse marxiste qui comprend les effets historiques produits par le capitalisme, lequel a pour une part un aspect progressiste pour l’histoire de l’humanité, comme disait Lénine. Mais ce qu’il faut faire, c’est prendre la situation telle qu’elle est et montrer que les rapports de productions concrets – liés à la technologie notamment – sont en train d’entrer en contradiction avec les rapports sociaux. Le capitalisme a produit des forces productives qui ont socialisé la production à un point tel que revendiquer la propriété des moyens de production devient absurde et un frein. Il s’agit de passer à une production socialiste, puisque ce sera cela ou la guerre.
Dans votre livre, vous critiquez l’idée d’une relocalisation : dans les conditions actuelles, cela reviendrait à augmenter le taux d’exploitation des Français…
Poser la question de la relocalisation sans poser celle du capitalisme revient à défendre un taux d’exploitation supérieur. Car, si je ne change pas les rapports de productions, en respectant la propriété de capital, il est impossible d’exiger du capitaliste qu’il investisse et implante une usine. Donc, pour qu’il le fasse, il faut qu’il puisse espérer un taux de profit suffisant, donc il faut remonter l’exploitation.
Ce que les économistes libéraux appellent « améliorer la compétitivité »…
Oui. Je pense qu’il faudra relocaliser certaines choses, ne serait-ce parce qu’il est honteux de laisser des choses produites par des enfants. D’un point de vue républicain et robespierriste, nous ne pouvons cautionner cela. Mais nous devons défendre cette idée en posant celle des rapports de production. Relocaliser peut avoir du sens en régime socialiste.
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