Malgré l’interdiction de « dispositifs sonores portatifs », les manifestants se sont fait entendre à Ganges où le président de la République a poursuivi ce jeudi son opération de com pour tenter de tourner la page des retraites.
Comme la veille en Alsace, un comité d’accueil attendait Emmanuel Macron à son arrivée à Ganges dans l’Hérault, où le président s’est rendu pour continuer son opération diversion, cette fois sur le thème de l’éducation. Après la sortie du chef de l’Etat la veille sur les casseroles qui ne feront pas « avancer la France », les gendarmes ont tout de même empêché leur entrée dans le village. Les « dispositifs sonores portatifs » ont été interdits par un arrêté préfectoral, et les manifestants ont été fouillés à leur arrivée.
« Cet arrêté préfectoral est totalement illégal. Un périmètre de protection de l’article L226-1 CSI n’a que pour seule fonction que de prévenir le risque terroriste et non protéger le président des hués de ses citoyens », a réagi le professeur de droit public, Serge Slama.
Peine perdue de toute façon, si quelques ustensiles de cuisine sont bel et bien passés, les manifestants étaient aussi déterminés à donner de la voix. Les « à bas, à bas, la Ve République », « et on ira, et on ira, et on ira jusqu’au retrait », « et nous, aussi, on va passer en force » ont résonné sur la place de ce petit village languedocien de 4 000 habitants.
L’électricité de nouveau coupée
Dès l’atterrissage d’Emmanuel Macron, la CGT énergie a annoncé avoir procédé à une « une mise en sobriété énergétique » de l’aéroport de Montpellier tandis que l’électricité a été coupée dans le collège Louise-Michel de Ganges où était prévue la table ronde avec 5 professeurs, 7 parents, 4 élèves, et le principal. « La coupure au collège durera moins longtemps que celles et ceux qui n’arrivent pas à payer leurs factures », explique Serge Ragazzacci, le secrétaire de la CGT de l’Hérault.
C’est donc dans la cour de l’établissement qu’a eu lieu la rencontre, avec le concert de casseroles et de slogans en fond sonore. Dès avant son arrivée, la mobilisation battait déjà son plein sur la place du village où un cortège funèbre a traversé la foule, avec un mot sur le cercueil : démocratie.
Un message qui a trouvé de l’écho, lors de l’accueil du chef de l’Etat par les élus du cru. « Vous êtes en terre cévenoles, je vous offre ce livre sur les Camisards, grand lieu de résistance au monarque », lui a annoncé le député FI de l’Hérault, Sébastien Rome. « Ça a toujours été une terre de résistance et elle le reste. La résistance elle est un peu loin, mais elle est là », a poursuivi le parlementaire pointant le doigt en direction de la manifestation et précisant que son cadeau est « une édition de jeunesse donc accessible à tous ».
« On peut aller la voir, si les gens sont prêts à parler », a répondu Emmanuel Macron qui n’a pas manqué de lâcher une nouvelle provocation dans la foulée, au troisième des « cent jours de l’apaisement ». « Si les gens sont juste prêts à faire du bruit ou jeter des choses, ça ne vaut pas grand-chose », a-t-il lancé. Avant d’ajouter : « Chez moi, les œufs et les casseroles servent à faire la cuisine. » Comme si le message des manifestants n’était pas des plus clairs. Il s’affiche pourtant à chaque déplacement du président : retrait de la réforme des retraites.
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