La DETTE publique : un instrument de chantage, de prédation et de coercition contre le peuple

C’est un texte intéressant que propose Gilbert Rodrigue dans son blog Front syndical de classe.. Effectivement le retour à Marx s’impose mais pas seulement pour démontrer le caractère illusoire de la dette publique mais c’est toute la « comptabilité » du capital, y compris le rôle que joue l’endettement monstrueux des Etats-Unis et l’inflation qu’elle génère avec au coeur les dépenses d’armement. La baisse de fait de la prouctivité des « services » que le citoyen peut attendre de l’élévation des coûts liés à cette inflation qui pèse sur le niveau de vie entraine un mécontentement populaire, mais aussi le choix fasciste qui couvre avec un Etat toujours plus autoritaire le recours à la seule « propriété privée » sous sa forme financiarisée la gestion d’une « division du travail » de plus en plus destructrice des emplois et des qualifications. (note de danielle Bleitrach histoireetsociete)

Nos médias et ses chiens de garde se déchaînent en ce moment afin de culpabiliser le bon peuple qui, s’il n’acceptait pas les sacrifices et les remises en cause exigées par l’extrême centre serait hautement fautif au regard des générations à venir.

N’est-ce pas monsieur le premier ministre en sursis Monsieur François  Bayrou?

Autre forme du «  il n’y a pas d’alternative » si cher à Margaret Thatcher.

La France au bord du gouffre, qui a vécu au dessus de ses moyens et que guette le sort de la Grèce utilisée comme repoussoir. En oubliant de spécifier que le peuple grec a été trahi par Syriza et son premier ministre  d’Alexis Tsipras cédant aux injonctions et aux ukases de la commission européenne en 2015.

Junker, le commissaire européen affirmant  » qu’il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens « . déclaration dont la réalité est contestée mais qui de toute manière constitue un reflet de la pratique réelle et concréte des  » élites  » du continent.

Mais revenons à la dette !

La plupart, des économistes, des politiques … dissertent sur la dette et la nécessité absolue de son remboursement  … sans jamais aborder la question de la manière dont elle s’est construite, de qui la détient, quelle fonction elle remplit dans les mains des classes possédantes et dirigeantes, quelle est son histoire … et des solutions pour s’en libérer autrement qu’en passant par les fourches caudines des  créanciers !

Alors revisitons cette histoire éclairée par les yeux de Karl MARX dont la modernité ne se dément décidément pas !

Dans  le chapitre XXXI du livre premier du capital   » La genèse du capitalisme industriel  » il écrit :

 » Le système du crédit public, c’est-à-dire des dettes publiques, dont Venise et Gênes avaient au Moyen âge , posé les premiers jalons, envahit l’Europe définitivement pendant l’époque manufacturière.

Le régime colonial, avec son commerce maritime et ses guerres commerciales, lui servant de serre chaude, il s’installa d’abord en Hollande.

La dette publique, en d’autres termes l’aliénation de l’Etat, qu’il soit despotique, constitutionnel ou républicain marque de son empreinte l’ère capitaliste.

La seule partie de la soit-disant richesse nationale qui entre réellement dans la possession collective des peuples modernes, c’est leur dette publique ?

 Le crédit public voilà le crédo du capital. Aussi le manque de foi en la dette publique vient-il, dès l’incubation de celle-ci, prendre la place du péché contre le Saint-Esprit, jadis le seul impardonnable.

La dette publique opère comme un des agents les plus énergiques de l’accumulation primitive. Par un coup de baguette magique, elle doue l’argent improductif de la vertu reproductive et le convertit ainsi en capital, sans qu’il ait pour cela à subir les risques, les troubles inséparables de son emploi industriel et même de l’usure privée.

Les créditeurs publics, à vrai dire ne donnent rien, car leur principal, métamorphosé en effets  publics d’un transfert facile, continue à fonctionner entre leurs mains comme autant de numéraire..

Mais à part la classe de rentiers oisifs ainsi créée, à part la fortune improvisée des financiers intermédiaires, entre le gouvernement et la nation- de même que celle des traitants, marchands, manufacturiers particuliers, auxquels une bonne partie de tout emprunt rend le service d’un capital tombé du ciel – la bonne parti de tout emprunt a donné le branle aux sociétés par actions, au commerce de toute sorte de papiers négociables, aux opérations aléatoires, à l’agiotage en somme, aux jeux de bourse et à la bancocratie moderne.

Marx étudie, dévoile les mécanismes de l’accumulation primitive du capital à une époque donc révolue.

MAIS pour autant au vu de ce qu’il décrit à son époque : dotation de la vertu reproductive de l’argent improductif, aliénation de l’état, agent majeur d’accumulation du capital, dépossession du peuple, mécanisme circulaire emprunts/accroissement de l’impôt … Tout cela au profit d’intérêts privés, tout cela nous parle d’une brûlante actualité.

Le processus de dépossession débouchant sur le chantage contre l’intérêt général et faisant système contre les peuples : il faut obéir au doigt et à l’oeil aux marchés financiers flanqués de leurs agences de notation, juges et procureurs de l’austérité exigeant d’urgence et dans la durée les  » réformes structurelles  » qui vont venir nourrir et engraisser  l’ogre privatif dévorant nos hôpitaux, nos transports publics, notre système de santé, nos structures d’accueil des anciens, nos droits et nos conquis du temps où le rapport de force avec le capital étaient plus favorable comme au lendemain de la Libération !…

Sordide prépondérance  » des eaux glacées du calcul égoïste  » !

Les tenants du système nous menacent des pires catastrophes si nous n’acceptons pas de réduire les « dépenses » publiques « , en réalité les investissements publics ALORS qu’en réalité c’est leur politique de soumission aux intérêts privés, aux riches, aux privilégiés qui a déjà conduit à la concentration des richesses dans les mains d’une minorité, à l’appauvrissement de gens de plus en plus nombreux, à la désindustrialisation, à la vassalisation de notre pays au suzerain d’outre-Atlantique …

Donc à la catastrophe présente !

Nécessairement la bataille pied à pied contre la politique que le pouvoir macronien et ses sbires, les médias à leur service veulent imposer derrière les minauderies consensuelles passe aussi par une bataille idéologique déconstruisant l’argumentation qui justifie la soumission aux contraintes de la dette publique, effectivement instrument de domination et d’aliénation des peuples, du peuple.

Sans quoi c’est l’acceptation des contre-réformes, des empiètements du capital, la démolition des services publics déjà largement entamée , l’acceptation de la vassalité contre la souveraineté nationale et celle du peuple qui l’emportera.

Il est plus que temps que les forces démocratiques et populaires contestent arguments à l’appui la prétention de l’oligarchie de parler au nom de l’intérêt général et de celui des générations à venir !

Eh dans la foulée,  pour se libérer réellement c’est cette emprise oligarchique, cette domination construite et entretenue, ce vaste mouvement de privatisation des activités et des richesses collectives relancé et amplifié depuis la contre-révolution conservatice des années 80 qu’il va bien falloir démolir.

En renouant avec les objectifs, l’espoir et la nécessité du véritable socialisme qui passe par la propriété collective des grands moyens de production.

En retirant par conséquent à l’oligarchie les moyens de sa domination !


On pourra également se référer aux textes du :

La protection des créanciers dans l’histoire contemporaine

La phase néolibérale du capitalisme commencée dans les années 1970, qui coïncide avec le passage du colonialisme au néo-colonialisme (dans lequel la domination est indirecte), consacre la domination du capital financier dans l’économie mondiale. Les nouvelles règles du jeu fixées par les classes dominantes et les institutions financières internationales présentent le remboursement des dettes comme une obligation à laquelle il ne peut y avoir quasiment aucune dérogation : ce sont les créanciers qui sont protégés, même si leurs comportements ont été prédateurs (par exemple en prêtant à des dictatures notoires ou en prêtant à des taux d’intérêt usuriers) et même si le remboursement conduit à des crises dont les conséquences sont désastreuses pour les populations.

https://www.cadtm.org/La-dette-comme-outil-de-domination

 


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