La colère gronde chez les enseignant·es, mais aussi chez les chef·es d’établissement. La succession d’annonces – groupes de niveau, uniforme, internats de punition, redoublement, généralisation du SNU… – dont beaucoup doutent de la légitimité voire les estiment contraires à leurs valeurs, mettent à mal la communauté éducative. « Depuis des mois, ça monte », nous dit Bruno Bobkiewicz, secrétaire général du SNPDEN, « les collègues sont ulcérés par tout ce qui se passe. Le ministère organise un hold up sur les moyens engagés des établissements, la ligne rouge est franchie ». Si l’ire des chef·fes d’établissement semble aujourd’hui atteindre un niveau rarement égalé, c’est par ce qu’ils et elles ont appris dans un mail lapidaire que l’institution récupérait sans délai les HSE et IMP non utilisées comme vous le révélait en exclusivité le Café pédagogique lundi 29 avril. Depuis, le ministère a annoncé, via l’envoi d’un communiqué de presse aux rédactions mardi 1er mai à 16 heures, avoir reculé. « Le Premier ministre et la ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse ont souhaité que les établissements scolaires continuent à disposer des moyens de mener à bien leurs missions » est-il indiqué. « En conséquence, la ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse a donné instruction pour que, dès demain, les académies recouvrent les moyens budgétaires initialement notifiés afin de poursuivre l’attribution d’heures supplémentaires dans les établissements ». Retour sur cet épisode rocambolesque. Continuer la lecture de HSE et IMP récupérées : histoire d’un rétropédalage in Caf. Péda.
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Monsieur le Premier ministre de l’Éducation Attal, « l’école du civisme », c’est pour tout le monde
« Choc des savoirs » : pourquoi les groupes de niveau au collège sont une machine à tri social
Avec le « choc des savoirs » et ses groupes de niveau, le gouvernement prétend apporter une réponse aux difficultés de nombreux collégiens. C’est en réalité tout l’inverse : sa réforme, la recherche le montre, aura pour effet d’aggraver les inégalités scolaires, au détriment des classes populaires.

C’était le 5 décembre dernier. Gabriel Attal, alors ministre de l’Éducation, faisait le choix d’annoncer son plan du « choc des savoirs » en même temps que sortait l’enquête internationale Pisa (Programme international pour le suivi des acquis des élèves). On décelait là un objectif double : faire écran de fumée et, en même temps, répondre à cette publication de l’OCDE (Office la coopération du développement économique) aux résultats franchement catastrophiques pour la France. Face à une enquête qui documentait le recul des résultats des élèves français et l’aggravation du caractère socialement inégalitaire de notre système éducatif, il fallait montrer que le gouvernement ne restait pas inactif et empoignait le taureau par les cornes. Continuer la lecture de « Choc des savoirs » : pourquoi les groupes de niveau au collège sont une machine à tri social
Éducation : l’État condamné pour les heures perdues par le non-remplacement de professeurs
Le tribunal administratif de Cergy-Pontoise a annoncé la condamnation de l’État pour les heures perdues par des élèves à la suite du non-remplacement d’enseignants.

© LOIC VENANCE /AFP
C’est une première. L’État a été condamné pour les heures perdues par des élèves de l’académie de Versailles en raison du non-remplacement de professeurs, a fait savoir, ce mercredi 10 avril, le tribunal administratif de Cergy-Pontoise. Dans les douze affaires soumises à la juridiction, « les élèves se plaignaient d’avoir été privés (…) d’un volume d’heures d’absence cumulées très important au cours d’une même année scolaire, soit d’une part importante, (…) sans que le recteur de l’académie de Versailles ait pu justifier de nécessités inhérentes à l’organisation du service », précise le tribunal dans un communiqué. Continuer la lecture de Éducation : l’État condamné pour les heures perdues par le non-remplacement de professeurs
Caporalisation et exigence en baisse : les annonces de Macron peinent à convaincre les professeurs
Pré-recrutement à bac + 3 mais reprise en mains des contenus et crainte pour la qualité des savoirs : la réforme de la formation initiale des enseignants, dévoilée le 4 avril par le président de la République, suscite plus d’inquiétudes que d’espoirs.

Les « écoles normales du XXIe siècle » sont… en marche. L’expression est parfaitement appropriée puisque, tout en cherchant une réponse à la crise d’attractivité des métiers enseignants, les annonces sur la réforme de la formation initiale des professeurs, faites le 4 avril par Emmanuel Macron lui-même, sont vertement critiquées comme témoignant d’une volonté de reprise en main de la profession par le pouvoir politique.
Pour faire simple, le principe est celui de concours de recrutement après la licence (bac + 3), et non plus après le master (bac + 5), comme c’est le cas depuis 2011. Objectif : élargir le vivier des candidats potentiels, forcément plus large à ce niveau, tout le monde n’ayant pas les moyens de financer de longues études. Les lauréats entameraient ensuite deux années de formation en ENSP (Écoles normales supérieures du professorat), les fameuses « écoles normales du XXIe siècle », se concluant par l’obtention d’un master. Continuer la lecture de Caporalisation et exigence en baisse : les annonces de Macron peinent à convaincre les professeurs
Le « choc des savoirs » et la mort du collège unique

Institué en 1975 par René Haby, le collège unique est né d’une contradiction dont il n’est jamais sorti. D’un côté, il est l’école de tous, celle qui prolonge jusqu’à l’âge de 16 ans les classes de fin d’études de l’école élémentaire.
De l’autre côté, le collège unique est défini comme le premier cycle du lycée « bourgeois », jusque-là réservé aux plus privilégiés et aux meilleurs des élèves. D’abord professeurs d’enseignement général de collège (des instituteurs spécialisés dans deux disciplines), ces enseignants laissent place aux professeurs du secondaire, capésiens et agrégés, spécialistes d’une discipline, travaillant indifféremment au collège et au lycée.
Dès lors, l’école commune à toute une classe d’âge est aussi la première étape d’un « tri » scolaire défini par la pédagogie lycéenne et l’excellence lycéenne. Près de cinquante ans après sa naissance, le collège unique n’est jamais sorti de cette contradiction. Continuer la lecture de Le « choc des savoirs » et la mort du collège unique
Financement de l’école privée : « C’est grave de distribuer de l’argent public sans contrôle »
Pour l’élu Paul Vannier, co-rapporteur de la mission d’information sur le financement public de l’école privée sous contrat, les trop nombreuses dérives – financières, pédagogiques, légales – pointées par le rapport montrent que de profonds changements sont devenus impératifs.

Cette mission d’information est-elle une « mission Stanislas », lancée après le scandale lié à cet établissement parisien huppé ?
Paul Vannier, Député du Val-d’Oise
Non. L’affaire Oudéa-Castéra a certes ouvert une fenêtre de débat, mais j’avais demandé cette mission dès juin 2023. Quarante ans après la mobilisation contre la loi Savary, j’avais le sentiment qu’on arrivait au bout d’un cycle, celui d’une omerta politique interdisant d’aborder la question de l’enseignement privé sans être accusé de vouloir raviver la « guerre scolaire ». Continuer la lecture de Financement de l’école privée : « C’est grave de distribuer de l’argent public sans contrôle »
Laïcité, sécurité, conditions de travail : Les chefs d’établissements en première ligne
Trois jours après l’annonce du départ du proviseur d’un lycée parisien menacé de mort après une altercation avec une élève pour qu’elle enlève son voile, le principal syndicat, le SNPDEN-Unsa a salué l’action de l’État estimant ne plus être « à l’époque du « pas de vague »». Le SNUPDEN-FSU pointe, pour sa part, le manque de moyens alloués aux collèges et lycées qui ne permet pas « de travailler en amont » correctement.

Trois jours après l’annonce de sa mise en retrait par le proviseur du Lycée Maurice Ravel, à Paris, menacé de mort après une altercation avec une lycéenne à qui il avait demandé d’enlever son voile, quelques dizaines de personnes se sont rassemblées, ce vendredi 29 mars au matin, dans le 20e arrondissement de Paris, peu avant une conférence de presse du SNPDEN-Unsa, syndicat majoritaire des chefs d’établissements. Une quinzaine d’élus socialistes et écologistes étaient présents pour réaffirmer leur « attachement à l’École et aux lois de la République », a fait savoir le PS sur les réseaux sociaux. Continuer la lecture de Laïcité, sécurité, conditions de travail : Les chefs d’établissements en première ligne