Éditorial de Fabien Roussel et les propositions du PCF

Dans la livraison d’aujourd’hui, sous différents angles nous abordons une question qui nous parait de plus en plus incontournable. Disons tout de suite que l’angle d’analyse et de propositions qu’a choisi Roussel en tant que secrétaire du PCF de ce que l’on définit très mal comme la crise des banlieues nous satisfait plus que tout autre position politique en France. C’est la seule position qui n’accepte pas les ghettos dans lequels on a coutume d’enfermer la misère, d’y déverses quelques soins palliatifs de la charité alors que partout les élus locaux , tous les “fantassins du social” que sont les enseignants, les personnels soignants, les pompiers, les agents des services publics en général y compris la police sont privés des moyens réels de leur action. Roussel refuse cette logique et réclame la dignité du travailleur et du citoyen, le refus de “racialiser” les problèmes. Est-ce un hasard si cette position qui est celle d’un parti communiste qui revendique son autonomie, son approche de paix, de securité et de dignité et qui se heurte à une gauche de plus en plus “communautarisée” et face à cela veut rassembler tous ceux qui veulent FAIRE. C’est ce que nous ne cessons de réclamer du PCF et donc nous approuvons cette avancée. Mais dans le dossier que nous ouvrons aujourd’hui nous tentons de montrer que ce choix communiste ne peut pas se concilier avec celui de l’OTAN, de la guerre ou même avec le silence fait à ce sujet. Même si nous sommes d’accord avec des rassemblements qui doivent s’opérer dans chaque cas avec ceux prets à oeuvrer et qui peuvent être en désaccord sur d’autres questions, il faut que le parti communiste ait une position claire sur la paix, l’OTAN, quitte à ne pas en faire un préalable pour les actions immédiates. (note de danielle Bleitrach pour histoireetsociete)

Édito de Fabien Roussel

La mort du jeune Nahel a provoqué une immense émotion et a mis à nouveau en lumière la violence des rapports entre une partie de la police et des jeunes de notre pays.

Et les violences qui ont suivi ont montré que la colère provoquée par cette situation pouvait être détournée au profit d’actes destructeurs à l’encontre de personnes, d’institutions, de biens.

Je le dis avec clarté et fermeté : toutes ces violences sont insupportables et inacceptables. Je considère qu’elles n’ont pas leur place en République. Nos concitoyens ont le droit à la sécurité, à la tranquillité publique.

Elles témoignent de la crise profonde de notre pays, des fractures entre catégories sociales, entre personnes en proie ou non au racisme et aux discriminations, entre modes de vie différents.

Une partie de la France ne comprend plus ce qui se passe dans une autre partie du pays.

La solidarité envers la famille du jeune Nahel et l’exigence d’autres rapports entre une partie de la police et de la jeunesse devraient être fortes et unir le pays. Mais les fractures et la haine déversées par les forces de droite et d’extrême-droite ainsi que les actions violentes et les pillages de commerces par des groupes d’individus, les fermetures de services et les couvre-feux qui impactent lourdement notre vie quotidienne, divisent un peu plus chaque jour la France.

Pourtant, dans les banlieues populaires de nos villes comme dans les communes rurales de notre pays, une même souffrance est là dans la jeunesse, dans le monde du travail, et un même sentiment de relégation, provoqué par des décennies de politiques néolibérales.

Des millions de Françaises et de Français y vivent une situation intenable, frappés par la pauvreté et la précarité, qu’elles résultent de la privation d’emploi ou d’un travail dévalorisé et peu rémunéré, constatant des services publics et des petits commerces disparaître les uns après les autres, des associations n’ayant plus les moyens d’intervenir, une insécurité qui se renforce avec des violences quotidiennes. C’est sur ce terreau commun que les fractures grandissent et que les idéologies les plus dangereuses, xénophobe et islamiste, se développent.

L’heure est venue d’arrêter cette spirale infernale et non de mettre de l’huile sur le feu. La déclaration récente aux accents séditieux de deux syndicats de policiers, qui sème les germes de la guerre civile, doit déboucher sur des sanctions. Et ce n’est pas l’État d’urgence qui règlera la situation mais bien des politiques publiques audacieuses pour les privé·es d’emplois et les salarié·es, les jeunes, des politiques qui unissent nos concitoyennes et concitoyens.

J’appelle à un Grenelle pour l’égalité des territoires et contre toutes les discriminations, rassemblant tous les acteurs et actrices des communes et quartiers concernés, pour qu’enfin une politique à la hauteur des enjeux soit décidée et mise en œuvre avec eux.

Dans cet objectif je verse aujourd’hui au débat un plan de réconciliation nationale par l’égalité républicaine. Comme citoyen, comme élu de la République, c’est l’ambition que je porte pour la France.

Fabien ROUSSEL
Secrétaire national du PCF et député du Nord


TÉLÉCHARGER LE PLAN DE RÉCONCILIATION NATIONALE POUR L’ÉGALITÉ RÉPUBLICAINE

Les mesures proposées

5 mesures prioritaires :

® La création d’une police de proximité dotée de 30 000 fonctionnaires et
l’ouverture d’un débat national sur le rôle et les missions de la police.
® L’abrogation de la loi de 2017 qui élargit la possibilité
aux agents de police d’utiliser leur arme et une nouvelle
doctrine d’engagement.
® La refonte de la formation des agents et l’augmentation
de la durée de celle-ci.
® Le recrutement de 25 000 magistrat·e·s et l’augmentation
du nombre d’éducateurs et des moyens de la PJJ.
® Un fonds d’urgence pour les associations oeuvrant
pour la jeunesse et les publics en difficulté.
® Investir 10 milliards pour nos communes.
® Le maintien en « politique de la ville » des quartiers
dont le nombre d’habitant·e·s est inférieur à 1 millier.
® Un fonds de développement des services publics de proximité.
® La création d’une MaPrimeRenov logement social
avec un financement par logement au moins
équivalent à MaPrimeRenov Copropriétés.
® Renforcer la protection et le suivi des jeunes au sein
et à l’issue du parcours d’Aide sociale à l’enfance (ASE).
® La limitation du travail en horaires décalés
et des modes de garde pour chaque enfant.
® Aucune fermeture de classes à la rentrée scolaire.
® Recrutement en L3 de 10 000 enseignants en urgence.
® Augmenter le temps scolaire pour que tous
les devoirs soient faits à l’école.
® Zéro jeune au chômage : un emploi ou une formation
qualifiante rémunérées pour chaque jeune.

 


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