En recevant la Palme d’or pour son quatrième long métrage, « Anatomie d’une chute », Justine Triet avait tancé la surdité du gouvernement au mouvement social, les violences policières et la remise en cause du financement du cinéma français. Pour « l’Humanité magazine », la réalisatrice évoque les femmes, les chiens et cette « machine géniale et dangereuse » qu’est le 7e art.
En quatre longs métrages, la cinéaste s’est imposée comme une des têtes d’affiche du cinéma d’auteur jusqu’à obtenir, avec « Anatomie d’une chute », la récompense la plus prestigieuse du septième art. La Palme d’or décernée par le jury présidé par Ruben Östlund a couronné un thriller brillant, féministe, porté par une mise en scène qui reconfigure l’imaginaire du film de procès et l’interprétation somptueuse de la géniale comédienne allemande Sandra Hüller. Elle incarne une romancière accusée du meurtre de son mari dont la chute reste inexpliquée. Il n’y a pas de preuves, que des incertitudes, et deux témoins potentiels en dehors de l’accusée, son jeune fils malvoyant… et son chien. Avant ce film, il y avait eu « la Bataille de Solférino », plongée naturaliste dans les conflits d’un ex-couple le jour de l’élection de François Hollande à la présidence de la République. Puis « Victoria », une comédie sublimée par Virginie Efira, avocate et mère célibataire, elle aussi en bisbille avec son ex-mari. Avait suivi « Sibyl », avec encore Efira en psychothérapeute désireuse de revenir à ses premières amours littéraires, déjà Sandra Hüller en cinéaste trompée et Adèle Exarchopoulos, comédienne manipulée et manipulatrice. Rencontre avec une cinéaste qui s’interroge sur l’art et la manière de le concevoir. Continuer la lecture de Justine Triet : « Les femmes de mon entourage ont mis les mains dans le cambouis »