Castelsarrasin: les masques tombent, la respectabilité aussi… ( + Bulletin de soutien)

Pendant que certains continuent de tergiverser sur l’éventuel soutien à apporter aux seuls candidats de Gauche dans les élections départementales des 20 et 27 juin prochain, le stratège Lopez poursuit son offensive en annonçant son soutien, et celui du RN aux candidats Angles & Beorchia.

Dans un tweet reprenant le tract distribué sur Castelsarrasin (Sur les comptes de campagne de M. Angles , nous l’espérons!), le RN appellent à voter pour cette liste de « rassemblement des droites » faisant « exploser » le vernis du soi-disant « républicain ». Dans une période ou l’extrême droite poursuit une offensive démagogique et dangereuse pour la démocratie, dans une période ou les atteintes à la République se font jour, le soutien du RN à M. Angles est insupportable.

Il sera donc dit que cette droite a perdu son patronyme républicain au profit d’un aventurisme nauséabond. Disons le tout net: « M. Angles, vous venez de vous vendre et l’emballage du cadeau que vous voulez faire au canton est définitivement à vomir! »

Il reste une semaine aux forces de gauche pour se rassembler et empêcher l’effroyable main-mise du RN sur la ville de Pierre Perret, grand humaniste s’il en est!. Les candidats Alexandra Tricottet et Maximilien Reynès-Dupleix combattrons jusqu’au bout cette alliance néfaste. D’ici au soir du 20 juin, ils espèrent pouvoir compter sur l’appui explicite des acteurs politiques locaux et départementaux, des associatifs, des syndicalistes, des sportifs, des personnalités et des artistes pour se hisser au second tour, battre le RN et sa marionnette locale. Une 1ère liste de 120 personnalités qui soutiennent déjà cette gauche qui ne lâche rien sera présentée dans les prochains jours.

Avant ce 1er tour des départementales, nous serons comme toujours présents dans les quartiers, les villages et les campagnes à la rencontre de nos concitoyens.

Nous ne lâcherons rien, soyons encore plus nombreux!

Pour un Tarn et Garonne Social, Solidaire et Ecologiste, Per far un Tarn-e-Garòna social, solidari e ecologista,

Pour Alexandra Tricottet, Marie Line Cavaillé et Pierre Mayanobe

Maximilien Reynès-Dupleix

Les candidats restent à votre disposition : 82socialsolidaireecologiste@gmail.com

 


Je refuse de laisser mon canton aux mains du RN et de ses acolytes Angles et Beorchia,; j’apporte mon soutien à la seule liste de gauche, « Pour un Tarn et Garonne Social, Solidaire et Ecologiste, Per far un Tarn-e-Garòna social, solidari e ecologista,« 

 

Elections départementales 20 et 27 juin 2021: La Santé au niveau du département (F. Tardin)

Contribution de Françoise Tardin qui soutient les candidats de « Pour un Tarn et Garonne Social, Solidaire et Ecologiste » dans le canton de Castelsarrasin.

 

 

Une crise sanitaire sans précédent pour nos générations vient de révéler la fragilité de notre société, mais aussi tout l’intérêt d’un Service Public de Santé, ainsi que du dispositif de Solidarité en matière de soins que représente la Sécurité Sociale dont nous disposons depuis 1945, date de sa création à l’initiative d’Ambroise Croizat, ministre communiste du Travail et de la Sécurité Sociale de 1945 à 1947 dans le cadre du gouvernement dirigé par le Gal De Gaulle.

Bien que la compétence « Santé » ne soit pas expressément du ressort du Conseil Départemental, il est bon de rappeler le contexte national et,  de se pencher sur le fonctionnement actuel du système de soins.

La Sécurité Sociale, dont le principe est : « Chacun cotise en fonction de ses moyens et reçoit selon ses besoins », est un dispositif qui a permis depuis plus de 75 ans de permettre l’accès aux soins à toute personne sur le sol français, ce qui représente un progrès humain inestimable au regard, d’une part, de l’état de santé général de notre population, mais aussi, des conséquences financières de la maladie pour les familles modestes qui, auparavant, tombaient dans la précarité si l’un des leurs était touché. Continuer la lecture de Elections départementales 20 et 27 juin 2021: La Santé au niveau du département (F. Tardin)

Banalisation de l’extrême droite : la cote d’alerte est franchie + Appel pour la Marche des Libertés

NDLR de MAC: La meilleure réponse à apporter est un vote massif les 20 et 27 juin pour les candidats présentés par la gauche et/ou des partis progressistes partout en France! En Tarn et Garonne, à Castelsarrasin et Moissac, partout, endiguer dés le premier tour la vague Lepéniste et ses alliés comme Angle et consorts.
Maximilien Reynès-Dupleix candidat aux départementales, « Pour un Tarn et Garonne Social, Solidaire et Ecologiste, Per far un Tarn-e-Garòna social, solidari e ecologista »

La dédiabolisation du Rassemblement national et de la fachosphère a atteint des sommets tels que la gauche est aujourd’hui présentée comme étant plus dangereuse que Marine Le Pen par des intellectuels et des élus. Même les mises en scène macabres sur le Web ne suscitent pas un tollé général.

Marine Le Pen est donnée qualifiée une seconde fois au second tour de l’élection présidentielle. Et beaucoup détournent les yeux. Le Rassemblement national est en passe de remporter la région Provence-Alpes-Côte d’Azur. Et beaucoup détournent les yeux. De plus en plus de chaînes télévisées déroulent le tapis rouge à l’extrême droite. Et beaucoup détournent les yeux. Des militaires factieux appellent au coup de main. Et beaucoup détournent les yeux. La Macronie reprend les éléments de langage du RN. Et beaucoup détournent les yeux. Des intellectuels ayant pignon sur rue apportent, l’air de rien, un soutien à Marine Le Pen. Et beaucoup détournent les yeux… mais pas tous. Certaines voix s’élèvent. Mais il faut bien mesurer le niveau d’apathie du pays face à la montée permanente des idées et candidats d’extrême droite dans notre République. Continuer la lecture de Banalisation de l’extrême droite : la cote d’alerte est franchie + Appel pour la Marche des Libertés

« Atteinte à la République » Communiqué des communistes de Castelsarrasin/Moissac/pays de Serres

Atteinte à la République

Communiqué des communistes de Castelsarrasin/Moissac/pays de Serres

Au cri de « Montjoi St Denis », un individu s’en est pris aujourd’hui au président de la République.

Cela survient dans un climat de tensions entretenues par la droite extrême et ses corollaires du Rassemblement National comme nous le voyons chaque jour sur le terrain et sur les réseaux sociaux où leur haine s’étale jusqu’à mimer l’exécution d’un militant de gauche dans une vidéo. Par ailleurs, certains animateurs TV ne sont jamais en reste pour alimenter les propos les plus vils.

Nous condamnons de toutes nos forces cet acte et demandons que les groupuscules royalistes, identitaires et néonazis soient dissout partout où ils sévissent, comme c’est le cas dans nos cantons avec leurs affichages révisionnistes sur Pétain.

Nous condamnons cette atteinte à la République et appelons les citoyens-nes à se rendre au rassemblement du samedi 12 juin à 11h00 à Moissac pour combattre les idées d’extrême droite et dans les isoloirs les 20 et 27 juin prochain pour marquer leur attachement aux valeurs que nous portons Liberté, égalité, solidarité et fraternité.

Pour un Tarn et Garonne Social, Solidaire et Ecologiste, Per far un Tarn-e-Garòna social, solidari e ecologista,

Pour Alexandra Tricottet, Marie Line Cavaillé et Pierre Mayanobe

Maximilien Reynès-Dupleix

Les candidats restent à votre disposition : 82socialsolidaireecologiste@gmail.com

 

Bac 2021. Maintien des épreuves, grand oral… Jean-Michel Blanquer fait le choix du pire

Des élèves mal préparés, dans le « flou total ». L’angoisse monte à l’approche du « grand oral », épreuve phare de la réforme, maintenue coûte que coûte. © SYSPEO/SIPA

Des élèves mal préparés, dans le « flou total ». L’angoisse monte à l’approche du « grand oral », épreuve phare de la réforme, maintenue coûte que coûte. © SYSPEO/SIPA

Fallait-il maintenir certaines épreuves après une année si perturbée ? En méprisant les demandes des élèves et des enseignants, le ministre abîme un peu plus le baccalauréat, au risque de dévaloriser cet examen fondateur. Du côté des profs et des lycéens, le grand oral cristallise toutes les inquiétudes.

Une année folle, avec le bac pour apothéose. Voilà ce qui vient à l’esprit quand on essaie de se représenter cette année scolaire 2020-2021. Jamais, sans doute, une session du bac n’aura été préparée dans des conditions aussi chaotiques. Élèves et enseignants le vivent très mal. Au point que dans plusieurs centaines de lycées, des mouvements et blocages ont eu lieu pour demander l’annulation des épreuves. L’angoisse de ces jeunes n’aura certainement pas été adoucie par les premiers résultats de Parcoursup, publiés le 27 mai, nombre d’entre eux ayant appris que leurs vœux étaient refusés… Continuer la lecture de Bac 2021. Maintien des épreuves, grand oral… Jean-Michel Blanquer fait le choix du pire

Mobilisation. Les AESH refusent d’être les oubliés de l’école inclusive + Com. PCF82

© D. Prezat/Avenir Pictures/Abacapress.com

© D. Prezat/Avenir Pictures/Abacapress.com

Les accompagnants d’élèves en situation de handicap sont en grève, ce jeudi. Rouages essentiels du dispositif, ces précaires réclament un salaire décent, un vrai statut et une formation. Ils demandent aussi la fin d’une réforme organisationnelle qui dégrade leurs conditions de travail et pénalise les enfants.

« Ce qui a fait déborder le vase, c’est que le gouvernement ne veut pas dialoguer. Au Grenelle de l’éducation, nous n’avons été ni reçus, ni entendus », explique Aurélie, du collectif AESH en action. Comme beaucoup de ses collègues accompagnants d’élèves en situation de handicap, elle sera en grève ce 3 juin pour demander un statut, un salaire décent et la fin de la dégradation de ses conditions de travail.

Éternels précaires

Alors qu’ils représentent un dixième du personnel de l’éducation nationale, les AESH n’ont obtenu du ministre que la vague promesse du versement de 20 euros brut par mois, pour les aider à payer une mutuelle. « Aucune annonce n’a été faite sur la reprise des discussions, aucun calendrier de négociations n’a été donné », dénonce le communiqué de l’intersyndicale appelant à la mobilisation. Continuer la lecture de Mobilisation. Les AESH refusent d’être les oubliés de l’école inclusive + Com. PCF82

G. Neupont: « Le Service Public hospitalier en Tarn-et-Garonne ne se réduit pas l’hôpital de Montauban ! » (Lettre ouverte)

Lettre ouverte à Emmanuel MACRON

Président de la République

et à

Christian ASTRUC

Président du Conseil Départemental Du Tarn et Garonne

Messieurs,

La presse s’est faite l’écho de vos projets pour l’hôpital de MONTAUBAN lors de la venue du Président de la République. Depuis, le directeur nouvellement nommé au CH de Montauban ou GHT du Tarn-et-Garonne n’a de cesse de se réjouir du projet en vue et attend avec impatience sa réalisation. Ces orientations sont sans véritable logique ni de service aux populations ni financière. Il faut pour cela résumer la population Tarn et Garonnaise à celle de Montauban et sa proche périphérie ?
En ce qui concerne la logique, il faut faire fi de la proximité de Toulouse, de son CHU, de ses douze établissements, de l’Oncopôle ainsi que de ses innombrables cliniques.

En tant que Président du Comité de Défense du Centre Hospitalier Intercommunal Castelsarrasin-Moissac (CHIC),  je dois vous  rappeler que le Centre Hospitalier de Montauban fait partie du Groupement Hospitalier de Territoires regroupant plusieurs hôpitaux et EHPAD du Tarn-et-Garonne, et en particulier le CHIC Castel-Moissac qui assure la couverture sanitaire d’une large partie Ouest du département ( environ 80 000 habitants), avec en particulier Urgences et Services chirurgicaux.

Le Service Public hospitalier en Tarn-et-Garonne ne se réduit pas l’hôpital de Montauban !

Ce qui est factuel et indiscutable :

  • L’hôpital hors de Montauban (10 km du centre, 11 min minimum) éloignera les plus fragiles du parcours de soins et entrainera des coûts de déplacement pour les malades,  leurs familles et les organismes de sécurité sociale qui n’ont pas besoin de ça. La puissance publique a laissé bâtir des logements (immeubles de rapport) sur les terrains nécessaires à la pérennité de l’actuel hôpital de Montauban sous la houlette de la mairie.
  • La construction de ce nouvel hôpital signera la fin des hôpitaux ruraux du département, l’argent des soins partira dans le carburant des ambulances et autres hélicoptères comme nous avions pu le constater dans le Gers avec l’hôpital d’Auch par exemple. Aucune vague promesse n’y fera rien.
  • En cas d’AVC ou d’infarctus du myocarde, les chances de survie baissent de 10% chaque minute d’attente de prise en charge, le délai d’acheminement à Bressols calculé au plus juste à partir de Moissac, après conditionnement du malade, est supérieur à 40 minutes ! Pensez aussi aux communes plus retirées.
  • Il parait incroyable que l’on trouve aujourd’hui… ou demain, des centaines de millions pour bétonner alors que l’on refuse de consacrer quelques dizaines de millions d’euros pour faire fonctionner et entretenir correctement les hôpitaux existants . Si le CHIC Castel-Moissac a bénéficié, il y a près d’une dizaine d’années, de la rénovation des Urgences et du Bloc Opératoire, ainsi que de l’installation d’un scanner  parallèlement à la suppression de la maternité, une rénovation des locaux dépourvus du confort minimal s’impose. Cet établissement est le pivot sanitaire d’un large bassin de vie du Tarn-et-Garonne, déjà déficitaire en nombre de médecins généralistes et spécialistes. C’est pourquoi l la population y est très attachée
  • Enfin, nous pouvons redouter que, pour mieux « essorer ce pognon de dingue » (argent public), nos gouvernants ne s’inspirent de l’épopée de l’Hôpital Sud Francilien, qui a dû servir de modèle à l’ENA.

Alors que la crise sanitaire qui frappe la population met en exergue les insuffisances de notre système public de santé, dont le délabrement est à l’actif de certains des promoteurs actuels de Bressols, qui le facilitèrent, ceux-ci tentent à nouveau d’imposer des décisions contraires aux intérêts des populations, tant ils aspirent à la mise en œuvre de grands chantiers.

En conclusion, avant de lancer cette machine infernale, montrez-nous ce dont vous êtes capables ; mettez toute votre capacité d’action pour faire nommer des praticiens et personnels hospitaliers en nombre suffisant à l’hôpital de Castelsarrasin-Moissac ; cela ne nécessite que la détermination et de l’engagement citoyen en sus des moyens financiers, somme toute, modestes devant le coût de la construction projetée à Bressols.

Dans le cas contraire, nous inviterions nos concitoyens à réserver leurs voix pour d’autres listes que celles qui vous sont proches.

Pour le Comité de Défense, son président

Gilles NEUPONT
Président du comité de Défense
de l’Hôpital Castelsarrasin Moissac

 

Dérives factieuses dans l’armée et la police : quel danger pour la République ?

Manifestation de la police nationale à Paris, le 19 mai 2021. © Matthieu de La Rochefoucauld

Manifestation de la police nationale à Paris, le 19 mai 2021. © Matthieu de La Rochefoucauld

L’appel de généraux en retraite et la tribune de militaires parus dans Valeurs actuelles, ainsi que les déclarations de syndicalistes policiers lors du rassemblement devant l’Assemblée nationale, le 19 mai, suscitent de fortes inquiétudes.

Pour en débattre, les contributions de :

  • Sophie Wahnich, historienne
  • Dominique Rousseau, professeur de droit public
  • Ariane Vidal-Naquet, professeure agrégée de droit public.

Un marchepied pour l’extrême droite

Sophie Wahnich, historienne. © Patrick Nussbaum

Par Sophie Wahnich Historienne, directrice de recherche au CNRS

La dissémination des idées défendues par les généraux et les cadres militaires depuis le 21 avril 2021 s’est faite avec un ordre efficace pour l’extrême droite. Les réseaux sociaux ont constamment relayé, souvent avec des images de la Légion étrangère déjà vues au moment des tentatives de l’extrême droite de récupérer toute la colère des gilets jaunes. « Force et honneur » était le slogan qui permettait de faire lien entre toutes sortes de composantes de ce mouvement quand les généraux prétendent défendre l’honneur et la patrie.

En intervenant de la sorte dans l’espace public, ces généraux créent une guerre des interprétations sur la nature du pays qui déstabilise la mémoire, l’histoire et les institutions républicaines.

Rappelons que sur le plan des principes, le pouvoir militaire, même dans les institutions de la V e République, doit toujours être subordonné au pouvoir civil. C’est pourquoi les militaires, s’ils peuvent lancer des alertes de dysfonctionnement au sein de leur institution et par voie hiérarchique, n’ont pas le droit de s’adresser comme militaires à l’opinion publique.

Les révolutionnaires français, qui avaient de fait fondé en 1792 l’armée républicaine, savaient le danger qu’elle constituait et mettaient en garde contre la « stratocratie », ou le pouvoir des généraux. Face à ce pouvoir, les citoyens. C’est pourquoi faire appel à la Marseillaise comme dans la deuxième tribune pour s’en réclamer, c’est falsifier l’histoire. La carrière évoquée est celle des citoyens-soldats, non des professionnels des armes. Se réclamer de ce professionnalisme fait lien avec le vocabulaire néolibéral où la profession est l’alpha et l’oméga de la légitimité experte, loin de toute éthique citoyenne.

La République démocratique s’oppose chez ces généraux à la France éternelle, associée à une France indivisible, une signalétique républicaine flirte ainsi avec une mystique installée hors le temps historique, mystique dont on sait désormais qu’elle fut la référence et de Vichy et d’un certain nombre de résistants nationalistes, y compris du côté gaulliste.

La Résistance de la Seconde Guerre mondiale est donc elle aussi enrôlée. Or, l’extrême droite défendait cette France éternelle, non pas aux côtés des militants républicains mais à côté d’eux et ce, pendant fort longtemps. Cette confusion des idéologies n’a guère été éclaircie après coup, car le résistancialisme a aussi servi à cela, faire oublier que la Résistance était si composite qu’elle était d’abord pour la plupart une défense du pays, de la nation sans être une défense des principes républicains. Une fragile restauration républicaine et non une refondation après 1945, avait conclu Anne Simonin dans son travail sur l’indignité nationale.

La référence à la « génération du feu » fait lien pour ces généraux avec les poilus, ces résistants nationalistes et les Croix-de-Feu. La banalisation supposément républicaine de ces derniers orchestrée par l’establishment historien français ne laisse pas beaucoup de lucidité dans ce qui se trame là.

La date du 21 avril, soixante ans après le putsch des généraux félons d’Alger, est passée moins inaperçue. Elle est inquiétante car le « on » d’un supposé recours à l’armée ne dit pas que ce « on » est le pouvoir du seul chef des armées en France, à savoir le président. Mais si Marine Le Pen prend effectivement le pouvoir par les urnes, elle aura beau jeu de se poser en sauveur qui fait légitimement appel à l’armée.

Ces tribunes, pétitions, émissions sont donc des tests, le pays sera-t-il consentant ?

Si les signataires sont 250 000, une infime part du pays donc, un sondage Harris affirme que 49 % des Français considèrent que l’armée devrait intervenir pour garantir l’ordre, même sans la sollicitation du gouvernement.

Les principes républicains les plus ordinaires ne font donc plus sens commun et c’est sans doute là que réside l’information la plus alarmante. Il n’y a plus désormais de boussole historique républicaine.

Dernier livre paru : Stridences en conjoncture trouble. Notre situation historique, Excès, 2021

Dossier Tribunes des généraux : tous nos articles sur le sujet


Les démocrates peuvent légitimement s’inquiéter

Par Dominique Rousseau Professeur de droit public à l’université Paris-I-Panthéon-Sorbonne

« On peut tout faire avec les baïonnettes, sauf s’asseoir dessus », disait Talleyrand. C’est pourquoi quand les militaires menacent de les sortir, ils deviennent un danger pour la démocratie, qui « fonctionne » au droit. Et, sur cette tension entre la force et le droit, la France est un bon laboratoire. C’est le général Bonaparte qui, le 18 brumaire, sort les baïonnettes pour mettre fin à la République ; c’est son neveu, également général, qui, le 2 décembre 1851, abolit la II e République. C’est le général Boulanger qui, le 27 janvier 1889, hésite et renonce à marcher sur l’Élysée après avoir attaqué pendant trois ans les institutions de la III e République. Et il faut se souvenir que la V e République est née d’une forte pression de l’armée sur le président de la République René Coty pour qu’il ne nomme pas un premier ministre favorable à l’indépendance de l’Algérie et fasse appel au général de Gaulle, qui, en réponse, « se déclare prêt à assumer les pouvoirs de la République ». Et quelques années plus tard, le 21 avril 1961, des militaires encore font sécession à Alger contre ce même général de Gaulle parce qu’il veut donner l’indépendance à l’Algérie.

Les temps ont sans doute changé et l’armée ne cherche pas à prendre le pouvoir. Mais elle continue de peser sur la définition de la politique budgétaire de la défense en faisant savoir publiquement ses critiques et en manifestant publiquement son désaccord par des démissions. Ainsi de l’amiral André Patou, chef d’état-major de la marine, en 1960, de Jean Delaunay, chef d’état-major de l’armée de terre, en 1983 et, le 19 juillet 2017, de Pierre de Villiers, chef d’état-major des armées, qui avait critiqué la politique du président de la République. «  Je suis votre chef, avait répliqué Emmanuel Macron, si quelque chose oppose le chef d’état-major des armées au président de la République, le chef d’état-major des armées change. » Et le président de la République avait raison. L’article 15 dit clairement que « le président de la République est le chef des armées ». Traduction : la Constitution soumet les forces armées au pouvoir civil.

Dès lors, quand des militaires, même à la retraite, accusent les élus du peuple de laisser la France « se déliter » et même de participer à ce « délitement », quand ils les invitent à changer radicalement de politique et les menacent, s’ils ne le font pas, « d’une intervention de nos camarades d’active dans une mission périlleuse de protection de nos valeurs civilisationnelles et de sauvegarde de nos compatriotes sur le territoire national », ils affirment, contre la Constitution, la volonté de soumettre le pouvoir civil aux forces armées. Quand, quelques jours plus tard, lors d’une manifestation de policiers devant l’Assemblée nationale, un syndicaliste déclare qu’il faut faire « céder les digues, c’est-à-dire les contraintes de la Constitution », il avoue que la police voudrait bien pouvoir agir à l’abri du regard constitutionnel des citoyens.

Et quand les sondages montrent que militaires et policiers manifestent une forte préférence pour le Rassemblement national, les démocrates peuvent légitimement s’inquiéter.

S’inquiéter et donc agir. Avec des principes simples : une politique sociale qui met en scène la richesse de la diversité française (article 1 er de la Déclaration de 1789) ; l’affirmation que si une force publique est nécessaire elle doit servir à garantir les droits de l’homme et du citoyen (article 12) ; et le droit de la société de demander compte à tout agent public de son administration (article 15). Il faut donner force au droit pour que les baïonnettes deviennent intelligentes.


Une dérive anticonstitutionnelle

Ariane Vidal-Naquet, professeure agrégée de droit public.

Par Ariane Vidal-Naquet Professeur agrégée de droit public, faculté de droit et de science politique, Aix-en-Provence (1)

La grande muette peut-elle parler politique ? Parues récemment dans « le magazine de la droite qui s’assume », les deux tribunes émanant de militaires et dénonçant le délitement de la France et la lâcheté des autorités politiques méconnaissent non seulement les obligations résultant du statut des militaires mais encore le principe constitutionnel de la subordination du pouvoir militaire au pouvoir civil.

L’article L 4111-1 du Code de la défense pose que « l ’armée de la République est au service de la nation  » et que « l’état militaire exige en toute circonstance esprit de sacrifice, pouvant aller jusqu’au sacrifice suprême, discipline, disponibilité, loyalisme et neutralité ». Cette neutralité se traduit de différentes manières. Elle implique, en premier lieu, une obligation de réserve dans l’expression des opinions. Si cette dernière s’impose à tous les fonctionnaires, elle est renforcée pour les militaires. L’article L 4121-2 du Code de la défense indique que « les opinions ou croyances, notamment philosophiques, religieuses ou politiques, sont libres », mais ne peuvent être exprimées « qu’en dehors du service et avec la réserve exigée par l’état militaire », et que «  cette règle s’applique à tous les moyens d’expression ». Pèse, en outre, sur eux une obligation particulière de discrétion pour les faits ou informations dont ils auraient connaissance dans ou lors de l’exercice de leurs fonctions. À cette limitation de la liberté d’expression s’ajoute la restriction des droits politiques. À plusieurs reprises dans l’histoire, les militaires ont été privés du droit de vote – d’où l’appellation de grande muette –, jusqu’à ce qu’il soit rétabli en 1945. Mais ils ne peuvent pas, encore à l’heure actuelle, adhérer à des groupements ou associations à caractère politique. S’ils peuvent être candidats à une fonction élective, ils ne peuvent pas exercer de mandat politique national, notamment parlementaire, sauf en position de détachement. Les militaires ne sont donc pas des fonctionnaires ni même des citoyens comme les autres, ce que reconnaît d’ailleurs l’article L 4121-2 du Code de la défense : « L es militaires jouissent de tous les droits et libertés reconnus aux citoyens. Toutefois, l’exercice de certains d’entre eux est soit interdit, soit restreint. »

Ces obligations trouvent leur fondement dans le principe constitutionnel « de libre disposition de la force armée » par le pouvoir civil. Sous des formes variables, de nombreuses Constitutions françaises ont affirmé le principe de séparation et, plus encore, le principe de subordination du militaire au civil. La première Constitution de 1791 pose le principe selon lequel «la force publique est essentiellement obéissante» et la place entre les mains du pouvoir législatif. Sous la V e République, en revanche, l’armée est à la disposition de l’exécutif. L’article 15 de la Constitution précise que le président de la République est le chef des armées ; l’article 21 indique que le gouvernement dispose de la force armée. S’appuyant notamment sur ces deux articles, le Conseil constitutionnel a consacré un principe de « nécessaire libre disposition de la force armée » dans deux décisions rendues en 2014. Ce principe constitutionnel républicain justifie les obligations pesant sur les militaires, et notamment leur neutralité politique, qui exclut toute prise de position, surtout pour critiquer l’action de l’exécutif. Si la grande muette parle politique, c’est anticonstitutionnellement.

(1) Chargée de mission lutte contre le racisme et l’antisémitisme

Régionales 2021. Tour d’horizon des slogans… ou l’art (abstrait) de nommer sa liste

Les slogans et intitulés retenus pour identifier les listes des élections des 20 et 27 juin en disent long sur un scrutin peu lisible où les signatures politiques restent floues.

Certains veulent « la Région, partout et pour tous ». « Construisons la région de demain », enjoignent les autres. D’autres encore rêvent de « l’Alternative » ou d’« Un nouveau souffle ». Qui dit campagne électorale dit foire aux slogans. Car si la politique est affaire de convictions, de programme, de passion militante, elle est aussi une machinerie publicitaire. Une science en soi.

Le synthétisme, tout un programme

« Un bon slogan doit être à la fois assez marquant pour qu’on le retienne, assez pertinent pour porter un programme de manière synthétique, mais ne doit pas succomber à l’appauvrissement de la pensée. Tout ça en peu de caractères », résume la sémiologue Élodie Mielczareck. Continuer la lecture de Régionales 2021. Tour d’horizon des slogans… ou l’art (abstrait) de nommer sa liste

Éducation. Pourquoi le Grenelle déçoit les profs

Jean-Michel Blanquer au Conseil économique, social et environnemental, à Paris, le mercredi 26 mai. Geoffroy Van Der Hasselt/AFP

Jean-Michel Blanquer au Conseil économique, social et environnemental, à Paris, le mercredi 26 mai. Geoffroy Van Der Hasselt/AFP

 

La « revalorisation historique » des enseignants n’aura pas lieu : c’est la principale leçon des annonces en trompe-l’œil faites par Jean-Michel Blanquer mercredi soir.

Décorum solennel, éclairages soignés, mise en scène « comme à la télé » : mercredi 26 mai en fin de journée, la présentation des résultats du Grenelle de l’éducation par Jean-Michel Blanquer semblait hésiter entre show de variétés pour ménagère de moins de 50 ans et podium du Salon de l’auto – pom-pom girls en moins. Après trois mois d’ateliers et de tables rondes, de claquements de porte (dont ceux de la CGT et de la FSU) et aussi quelques crises de nerfs, le moment devait être « historique », ainsi que le ministre lui-même n’avait cessé de le répéter. Patatras : la montagne de com a accouché d’une souris politique… et semé quelques petits cailloux, comme autant de pièges possibles pour l’avenir du système éducatif français. Continuer la lecture de Éducation. Pourquoi le Grenelle déçoit les profs