Le Rhaine et Reconquête ne sont pas les bienvenus…

Pierre Ouzoulias, sénateur CRCE-K

Le RN et Reconquête n’ont rien à faire à la cérémonie de panthéonisation de Missak Manouchian. Ils sont les héritiers de Vichy et d’une vision ethnique de la nation. Nous sommes les héritiers de Manouchian et d’une vision politique de la nation.
Cet antagonisme historique et politique était vrai hier et perdure encore aujourd’hui. Sinon, comment expliquer que depuis l’annonce officielle de la panthéonisation (18 juin), Marine Le Pen n’a pas prononcé un mot à ce sujet (y compris le jour même, comme en témoigne cette capture d’écran), que le RN a dénoncé l’électoralisme d’Emmanuel Macron, tandis que Zemmour lui a fustigé « une manipulation » qui laisse penser que « seuls les étrangers se sont battus pour la France, c’est faux ».
Chères et chers journalistes, plutôt que de nous demander pourquoi nous ne voulons pas d’eux mercredi prochain, demandez-leur pourquoi ils n’ont rien à dire ou pourquoi ils s’insurgent de la panthéonisation de Missak Manouchian.
Vous comprendrez alors ce qui sépare les républicains de ceux qui ne le sont pas.

Strophes pour se souvenir

Vous n’avez réclamé la gloire ni les larmes
Ni l’orgue ni la prière aux agonisants
Onze ans déjà que cela passe vite onze ans
Vous vous étiez servi simplement de vos armes
La mort n’éblouit pas les yeux des Partisans

Vous aviez vos portraits sur les murs de nos villes
Noirs de barbe et de nuit hirsutes menaçants
L’affiche qui semblait une tache de sang
Parce qu’à prononcer vos noms sont difficiles
Y cherchait un effet de peur sur les passants

Nul ne semblait vous voir français de préférence
Les gens allaient sans yeux pour vous le jour durant
Mais à l’heure du couvre-feu des doigts errants
Avaient écrit sous vos photos MORTS POUR LA FRANCE
Et les mornes matins en étaient différents

Tout avait la couleur uniforme du givre
À la fin février pour vos derniers moments
Et c’est alors que l’un de vous dit calmement
Bonheur à tous Bonheur à ceux qui vont survivre
Je meurs sans haine en moi pour le peuple allemand

Adieu la peine et le plaisir Adieu les roses
Adieu la vie adieu la lumière et le vent
Marie-toi sois heureuse et pense à moi souvent
Toi qui vas demeurer dans la beauté des choses
Quand tout sera fini plus tard en Erivan

Un grand soleil d’hiver éclaire la colline
Que la nature est belle et que le coeur me fend
La justice viendra sur nos pas triomphants
Ma Mélinée ô mon amour mon orpheline
Et je te dis de vivre et d’avoir un enfant

Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent
Vingt et trois qui donnaient leur coeur avant le temps
Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant
Vingt et trois amoureux de vivre à en mourir
Vingt et trois qui criaient la France en s’abattant.

Louis Aragon, Le Roman Inachevé

Loi contre les dérives sectaires : Booba rejoint Le Pen, LFI vote avec le RN… Que se passe-t-il ? In Avant Garde

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Loi contre les dérives sectaires : Booba rejoint Le Pen, LFI vote avec le RN… Que se passe-t-il ?

Depuis 2023, le gouvernement prépare une loi de lutte contre les dérives sectaires. En effet, si le sujet avait été peu considéré et n’était plus vraiment pris au sérieux depuis 20 ans, considéré comme un problème secondaire voir marginal, il était réapparu violemment dans le champ médiatique à la faveur de la pandémie de covid-19.

Confinement, port du masque, vaccination générale… Tous ces sujets avaient mis en avant dans l’espace public des oppositions farouches, parfois très violentes, portées par des personnalités politiques de tous bords (et souvent majoritaires à l’extrême droite), des gourous et parfois par des médecins en dissidence avec le consensus de leur discipline. Tous visant le même public et la même manière d’agir : instiller non pas le doute raisonnable, mais le soupçon généralisé contre les autorités politiques, universitaires, pharmaceutiques et médicales indistinctement ciblées, sans jamais se soucier des faits. Continuer la lecture de Loi contre les dérives sectaires : Booba rejoint Le Pen, LFI vote avec le RN… Que se passe-t-il ? In Avant Garde

Le Conseil d’État presse l’ARCOM de mieux contrôler CNews

Le Conseil d’État, plus haute juridiction administrative française, demande à l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (ARCOM), de contrôler davantage le pluralisme et l’indépendance de la chaîne d’information CNews.

CNews va-t-elle être contrainte d’arrêter de dérouler ses thèses d’extrême droite matin midi et soir ? Dans une décision rendue le 13 février, le Conseil d’État, la plus haute juridiction administrative nationale « enjoint à l’Arcom de réexaminer dans un délai de six mois le respect par la chaîne CNews de ses obligations en matière de pluralisme et d’indépendance de l’information », selon un communiqué. Continuer la lecture de Le Conseil d’État presse l’ARCOM de mieux contrôler CNews

Le Pen, Bardella, Maréchal… Des peoples comme les autres ?

Marine Le Pen et ses chats, Jordan Bardella et sa recette de pâtes, Marion Maréchal dans sa robe blanche : en moins de dix ans, l’extrême droite, quasi absente des magazines et émissions de divertissement, a réussi sa stratégie de « peopolisation » qui sert sa normalisation.

Verre de blanc, far aux pruneaux et éclats de rire. Dans son jardin, assise sur une chaise en osier, Marine Le Pen, tout sourire, raconte à Karine Le Marchand son amour pour les chats, sa vie en colocation à 50 ans passés, ses chagrins d’enfant et sa passion du jardinage en écoutant Sister Sledge (We are Family).

En 2016, puis en 2021, la candidate d’extrême droite montre à 3 millions de spectateurs une image sympathique, gaie, en évitant, à tout prix, de parler de politique. « C’est un tournant majeur pour le RN, estime Alexis Lévrier, spécialiste de l’histoire du journalisme. C’est le triomphe de la normalisation voulue par Marine Le Pen. » Continuer la lecture de Le Pen, Bardella, Maréchal… Des peoples comme les autres ?

Enquête : comment l’extrême droite s’arme légalement en France

En France, de nombreux attentats meurtriers sont commis avec des armes légales. Si la législation se veut stricte, il n’est en fait pas si difficile de s’armer. Et l’extrême droite en profite.

Eric Zemmour joue avec un fusil de précision à l’exposition Milipol à Paris, le 20 octobre 2021. ©️Florent Bardos/ABACAPRESS.COM

Le 19 mars 2022, à Paris, l’international de rugby Federico Martín Aramburú boit un verre à la terrasse du bar Le Mabillon. À côté de lui, un groupe tient des propos racistes. Il intervient, une bagarre éclate, on les sépare. Federico Martín Aramburù règle la note et prend le chemin de son hôtel avec son associé Shaun Hegarty. Sur le retour, une jeep les rattrape. Deux hommes en descendent, les mêmes qui tenaient des propos racistes au Mabillon. Ils sont armés, hors de contrôle. Six coups de feu partent. Federico Martin Aramburù s’effondre. Il meurt dans la nuit.

Première surprise de l’enquête : les tireurs auraient dû se trouver en prison. Ce sont des militants d’extrême droite qui ont tabassé et torturé Édouard Klein, leur ancien chef au GUD. Selon le journal « Marianne », ils ont bénéficié d’une libération sous caution payée par un proche de Marine Le Pen. Deuxième surprise, selon Me Christophe Cariou-Martin, l’avocat de Shaun Hegarty, les armes utilisées étaient « parfaitement légales ». Il s’agissait de « revolvers à poudre noire, une arme de catégorie D, en vente libre, sans permis ». Continuer la lecture de Enquête : comment l’extrême droite s’arme légalement en France

Beaumont de Lomagne : La haine plein les murs

Stupeur et indignation à Beaumont, ce matin en arrivant au collège Despeyroux comme à l’établissement privé de Lestonnac, en voyant les tags odieux emplis de haine contre les migrants et « pour la France aux Français » dans un charabia propre aux émules de Zemmour et consorts, fautes de français comprises. Les chefs d’établissement ont déposé plainte dans la matinée à la gendarmerie.

Au feutre avec les slogans habituels contre les « gauchiste(s) » et la référence porcine en exergue, le ou les auteurs n’ont pas fait dans la finesse et dans l’argumentation intelligente, si tant soit peu en la matière, cela soit du domaine du possible. Théodore Despeyroux, mathématicien et humaniste doit se retourner dans sa tombe. Continuer la lecture de Beaumont de Lomagne : La haine plein les murs

Education : la « labellisation (Caporalisation) » des manuels scolaires, une sélection politique

Un projet de décret sera examiné aujourd’hui par le Conseil supérieur de l’éducation (CSE). Le syndicat enseignant SNUipp-FSU et l’association les Éditeurs d’éducation dénoncent une dangereuse restriction de la liberté pédagogique.

Le gouvernement souligne vouloir financer uniquement les manuels labellisés, sous forme de commandes groupées ou faites par des municipalités.
Eric TSCHAEN/REA

C’était le 5 décembre 2023. Gabriel Attal, alors ministre de l’Éducation nationale, avec l’annonce de son « choc des savoirs », entendait « élever le niveau de notre école ». Parmi le flux des mesures promises, l’une d’elles aurait presque pu passer inaperçue : la labellisation des manuels scolaires, du CP à la terminale, d’ici à 2026. Gabriel Attal justifiait son choix par la publication, le jour même, des résultats de la dernière enquête internationale Pisa, la France figurant parmi les mauvais élèves. Depuis, devant l’ampleur de la tâche, le ministère a quelque peu rétropédalé. Continuer la lecture de Education : la « labellisation (Caporalisation) » des manuels scolaires, une sélection politique

Journée des dupes pour l’éducation

Quelles sont les causes du mal-être agricole ?

À l’appel des organisations syndicales, les agriculteurs poursuivent leur mobilisation cette semaine. Ils revendiquent de pouvoir vivre décemment de leur travail.

Un revenu décent pour les agriculteurs ne pourra passer que par la fixation de prix planchers rémunérateurs garantis par l’État et non par la loi du marché, revendique le Modef ( mouvement pour la défense des exploitants familiaux ).
© Sameer Al-Doumy / AFP

 

Les agriculteurs se sentent abandonnés et estiment que leur dignité est bafouée. Ils exigent une meilleure rémunération.

Arnaud Gaillot

Président des Jeunes Agriculteurs

Depuis des années, nous n’avons cessé d’alerter sur la colère grandissante du monde agricole. Nous avons besoin d’un cap. Grâce à la mobilisation, fin 2023, de tous nos départements qui dénonçait les incohérences de nos politiques, nous avons pu obtenir de premières avancées. Mais trop de sujets demeurent en suspens et la colère persiste. Un mouvement inédit s’est amorcé pour faire entendre notre voix encore plus fort. Continuer la lecture de Quelles sont les causes du mal-être agricole ?

Collectivités – enseignement privé : des cadeaux qui se chiffrent en millions d’euros