Élèves handicapés, le mirage de l’école inclusive

Plus des trois quarts des élèves handicapés n’ont pas accès à une scolarité normale, voire sont déscolarisés, selon une enquête publiée le 28 août par l’Unapei, un réseau d’associations, qui dénonce le non-respect par l’État français de ses obligations envers les enfants porteurs de handicap.

Une classe de primaire à l'école publique de l'Île-d'Arz, dans le golfe du Morbihan, le 2 septembre 2019.

Une classe de primaire à l’école publique de l’Île-d’Arz, dans le golfe du Morbihan, le 2 septembre 2019.
AFP

Caroline Boudet partage depuis plusieurs années sur les réseaux sociaux le quotidien de sa fille Louise, 8 ans, qui a une trisomie 21. À chaque rentrée scolaire ressurgissent les mêmes incertitudes et les mêmes angoisses. Louise, scolarisée en classe Ulis (Unités localisées pour l’inclusion scolaire), aura-t-elle une AESH (accompagnants d’élèves en situation de handicap) pour l’aider ? Le nombre d’heures d’accompagnement accordé par la MDPH (Maison des personnes handicapées) pourra-t-il suffire pour donner à sa fille des chances d’avancer à son rythme ? Comment contrer les demandes répétées de sortir Louise de l’école ordinaire pour l’envoyer dans un Institut médico-éducatif (IME), dont les délais d’attente se comptent en années ? Continuer la lecture de Élèves handicapés, le mirage de l’école inclusive

Snes-FSU : la réalité vs les discours

Justine Triet : « Les femmes de mon entourage ont mis les mains dans le cambouis »

En recevant la Palme d’or pour son quatrième long métrage, « Anatomie d’une chute », Justine Triet avait tancé la surdité du gouvernement au mouvement social, les violences policières et la remise en cause du financement du cinéma français. Pour « l’Humanité magazine », la réalisatrice évoque les femmes, les chiens et cette « machine géniale et dangereuse » qu’est le 7e art.

Je ne fais pas partie des cinéastes qui creusent toujours le même sillon formel même si je raconte toujours un peu la même chose. Philippe Labrosse / Divergence

Je ne fais pas partie des cinéastes qui creusent toujours le même sillon formel même si je raconte toujours un peu la même chose. Philippe Labrosse / Divergence

En quatre longs métrages, la cinéaste s’est imposée comme une des têtes d’affiche du cinéma d’auteur jusqu’à obtenir, avec « Anatomie d’une chute », la récompense la plus prestigieuse du septième art. La Palme d’or décernée par le jury présidé par Ruben Östlund a couronné un thriller brillant, féministe, porté par une mise en scène qui reconfigure l’imaginaire du film de procès et l’interprétation somptueuse de la géniale comédienne allemande Sandra Hüller. Elle incarne une romancière accusée du meurtre de son mari dont la chute reste inexpliquée. Il n’y a pas de preuves, que des incertitudes, et deux témoins potentiels en dehors de l’accusée, son jeune fils malvoyant… et son chien. Avant ce film, il y avait eu « la Bataille de Solférino », plongée naturaliste dans les conflits d’un ex-couple le jour de l’élection de François Hollande à la présidence de la République. Puis « Victoria », une comédie sublimée par Virginie Efira, avocate et mère célibataire, elle aussi en bisbille avec son ex-mari. Avait suivi « Sibyl », avec encore Efira en psychothérapeute désireuse de revenir à ses premières amours littéraires, déjà Sandra Hüller en cinéaste trompée et Adèle Exarchopoulos, comédienne manipulée et manipulatrice. Rencontre avec une cinéaste qui s’interroge sur l’art et la manière de le concevoir. Continuer la lecture de Justine Triet : « Les femmes de mon entourage ont mis les mains dans le cambouis »

« Encore un effort pour être républicain comme Ferdinand Buisson, monsieur le Président » C. Lelièvre

Claude Lelièvre, historien, a tenu à répondre à Emmanuel Macron dans cette tribune qu’il signe dans le Café pédagogique Il revient sur la référence du Président à Ferdinand Buisson. Un petit cours d’Histoire qui semble plus que nécessaire…

Une image contenant Visage humain, personne, homme, habits Description générée automatiquementDans votre interview au journal Le Point de mercredi dernier, vous avez affirmé qu’«il s’agit de faire des républicains, comme disait Ferdinand Buisson ». Compte tenu de l’importance de cette ambition que l’on peut tout à fait partager, encore faut-il que cela soit le plus clair possible. Or Ferdinand Buisson s’est longuement exprimé à ce sujet et le mieux est de saisir ce qu’il a dit dans toute sa force pour éviter les contrefaçons., et d’abord la vôtre. Continuer la lecture de « Encore un effort pour être républicain comme Ferdinand Buisson, monsieur le Président » C. Lelièvre

À Strasbourg, Fabien Roussel tacle un président qui « ne vit pas en France » (Vidéo)

Le secrétaire national du PCF a prononcé son discours de rentrée samedi soir, à l’université d’été des communistes. Il a dressé les priorités de son parti, appelant les militants à se mobiliser pour la campagne des élections européennes.

La paix, le climat, la question sociale : ce sont les priorités du PCF pour cette rentrée, tracées par le secrétaire national Fabien Roussel ce samedi 26 août à Strasbourg. Le dirigeant communiste a pris la parole à l’issue de la deuxième journée de débats à l’université d’été de son parti. Un rendez-vous de fin d’été qu’il a qualifié de « nécessité, tellement les communistes ont une grande responsabilité ». Dans une salle qui a entonné l’Internationale avant la prise de parole de Fabien Roussel, ovationné les salariés en lutte de Clestra qui sont intervenus devant les communistes, le secrétaire national du PCF a choisi de démarrer son allocution par les « événements internationaux graves » liés à la guerre en Ukraine. Il a ainsi relancé son « plan de paix » en cinq points, qu’il a déjà proposé au président de la République. Continuer la lecture de À Strasbourg, Fabien Roussel tacle un président qui « ne vit pas en France » (Vidéo)

Violences faites aux femmes : « L’État a la responsabilité d’organiser la prise en charge des hommes violents »

Alors qu’avait lieu le 20 août à Grigny (Essonne) un rassemblement en hommage à Armale, alias Deo, 75e femme assassinée par son compagnon depuis le début 2023, les journalistes Laurène Daycard et Mathieu Palain tentent d’expliquer les difficultés à faire évoluer les hommes violents.

Peut-on guérir les hommes violents ? À travers deux ouvrages distincts écrits à la ­première personne, les journalistes Laurène Daycard ( Nos absentes, Seuil) et Mathieu Palain ( Nos pères, nos frères, nos amis, Les Arènes) ont questionné le continuum de violences contre les femmes qui règne dans notre société, et mène tous les deux jours à un féminicide.

Pourquoi avez-vous voulu écrire sur les féminicides ?

Laurène Daycard : Cela m’est apparu comme une nécessité, journalistique et intime. Le féminicide est l’acmé d’un processus de continuum des violences sexistes et sexuelles. Mais c’est aussi un concept qui a permis de politiser ces violences. Le nombre de meurtres conjugaux a commencé à être publié par le gouvernement (1) en 2006. Avant cette date, on ne pouvait même pas parler de ce ratio d’une femme tuée par son conjoint tous les deux ou trois jours.

En tout, plus de 2 200 femmes sont mortes ainsi depuis 2006. Et malgré des lois comme la circonstance aggravante créée pour les meurtres conjugaux, les statistiques ne baissent pas. Le ratio est toujours de 110 à 130 femmes tuées chaque année.

Le féminicide est un meurtre à mobile misogyne. Il y a encore une méconnaissance à ce sujet, y compris pour les affaires non conjugales. Dans encore beaucoup trop de cas, les victimes décédées n’ont toujours pas droit à un traitement respectueux, digne, ou même juste « factuel ».

La prise en charge des victimes a-t-elle évolué ?

Mathieu Palain : J’ai rencontré beaucoup de femmes qui n’ont pas réussi à porter plainte. Les commissariats les refusent ou les forcent à déposer une simple main courante. Dans le livre, je raconte comment une femme, qui avait fait constater ses blessures et ses ecchymoses, n’a pu montrer ses photos à des policiers, sous prétexte que la clé USB qui les contenait pouvait faire sauter leur système informatique.

Cécile, dont l’histoire constitue le fil rouge de mon livre, a porté plainte dans un commissariat du 15e arrondissement de Paris, avec sa mère. Elle avait tenu à prévenir son copain mais, trois mois plus tard, il a contre-porté plainte. Il n’y avait aucun élément dans son dossier, mais la justice n’a pas voulu trancher. Elle les a tous les deux condamnés à suivre un stage de responsabilisation à la violence. Ce n’est pas anecdotique.

Les policiers ne sont pas forcément bienveillants à l’égard de femmes qui viennent porter plainte. De son côté, la justice estime encore parfois qu’il s’agit « d’histoire de couple », dont elle n’a pas à se mêler. Il y a pourtant des enquêtes à mener et des sanctions à prendre.

Laurène Daycard : Une petite dizaine d’affaires de féminicide conjugal sont présentées dans mon livre. Dans tous les cas, il s’agit de femmes qui avaient dénoncé des violences, partagé leur peur, mais qui n’ont pas été crues ou suffisamment entendues. On a par exemple le cas de Géraldine, tuée par son conjoint dans la montagne de Reims en 2016. Pourtant alertée par ses filles de la présence de fusils à domicile, la gendarmerie ne les a pas saisis et ils ont ensuite servi au meurtre.

Razia, elle, avait été mise à l’abri avec ses enfants à Besançon, grâce au réseau Solidarité Femmes, à la suite d’une plainte déposée à Marseille. Mais son ex-conjoint a reçu par erreur un courrier de l’Assurance-maladie mentionnant sa nouvelle adresse et a recommencé à la harceler. Razia a déposé sept plaintes contre lui au commissariat de Besançon, accompagnée par une travailleuse sociale de Solidarité Femmes. « Mais enfin, madame, c’est un père qui veut voir ses enfants », s’est-elle entendue dire par les gendarmes avant d’être tuée à coups de couteau à la sortie du tramway à Besançon par son ex.

L’État est-il responsable de cette situation ?

Mathieu Palain : L’État a la responsabilité d’empêcher les violences de perdurer et d’organiser la prise en charge des hommes violents. Trop peu sont condamnés, et même ceux qui le sont ne sont pas pris en charge. Ils font six mois dans une maison d’arrêt surpeuplée, enfermés vingt-deux heures sur vingt-quatre avec deux heures de promenade dans la journée.

Quand ils sortent, ils ont la rage, et n’ont rien appris du tout. Certains ont perdu leur boulot. Leur sentiment de déni est très fort, parfois couplé à un sentiment de vengeance. Alors, si le but de la prison était l’absence de récidive, c’est raté. Penser que ces hommes violents sont des monstres qui doivent rester dans l’ombre sans qu’on s’en occupe, c’est dangereux. C’est potentiellement les encourager à récidiver. Ils sont des centaines de milliers, voire un million dans ce pays. Or il n’y a pas un million de monstres.

Laurène Daycard : Un auteur de violence conjugale peut faire plusieurs victimes au cours de sa vie. La condamnation n’enraye pas la récidive, c’est une réalité statistique. J’ai même remarqué, au fil de l’immersion dans un stage de responsabilisation, qu’elle peut accentuer le sentiment de victimisation. L’inversion de la culpabilité est le mécanisme pernicieux au cœur des violences conjugales.

Les victimes se culpabilisent pour les violences qu’elles subissent. C’est l’une des raisons pour lesquelles il est compliqué d’aller porter plainte. À l’inverse, les conjoints-agresseurs se victimisent. Au début du stage que j’ai suivi, j’entendais : « Elle l’a bien cherché », « Moi aussi j’ai subi des violences et il faudrait que la justice l’entende », « J’ai du mal à me sentir coupable », etc. C’est tristement banal. Ces hommes se pensent victimes du système.

C’est pour ça que la responsabilisation est un des dispositifs de lutte contre la récidive, développée dans le cadre du Grenelle contre les violences conjugales, avec la création d’une trentaine de centres de prise en charge des auteurs de violences conjugales en France (CPCA), sur le modèle du Home des Rosati à Arras, où j’ai fait mon immersion.

Dans ces groupes de responsabilisation, comment lutte-t-on contre la récidive ?

Mathieu Palain : On ne peut pas assister à un groupe de parole en se disant que ces auteurs de violence vont en sortir guéris. Pour certains, une graine est plantée et va peut-être germer. Ça implique chez ces personnes une volonté d’avancer et la capacité de se dire : « J’ai un problème avec la violence, ça vient aussi de la manière dont j’ai été éduqué, d’une société qui encourage la violence comme moyen pour régler des conflits, mais il faut que je me prenne en charge. »

Je passe du temps à Grenoble dans une association qui prend en charge les hommes violents et met en place des thérapies sur le long terme. Car ça peut prendre plusieurs années d’entamer un travail de déconstruction pour revoir ses modèles et s’éloigner des stéréotypes autour de la virilité que tout homme hétérosexuel a connus à l’adolescence.

Vouloir régler les questions de violences conjugales, forcément liées aussi à un comportement sexiste extrêmement ancré dans la société, implique un travail de longue haleine, qui peut s’étendre sur dix ans.

À eux seuls, les groupes de parole ne peuvent pas servir à grand-chose. Mais ces hommes sont d’abord dirigés vers ce type d’association sous mandat de justice, où ils vont récupérer une attestation de suivi de stage, qui leur permet de ne pas retourner en prison. Sauf que ces injonctions de soins durent souvent six mois, de temps en temps un peu plus, jusqu’à deux ans.

En plus la qualité de l’accompagnement diffère d’un territoire à l’autre, selon qu’il y ait ou non des associations adhérentes à la Fnacav (Fédération nationale des associations et des centres de prise en charge des auteurs de violences), qui travaillent avec beaucoup de psychologues et de juristes.

Laurène Daycard : Dans mon livre, je fais la distinction entre hommes violents et auteurs de violences conjugales. Cette distinction est aussi faite dans la recherche en psychologie.

D’un côté, il y a ceux qui, comme le meurtrier de Seloua, sont des personnalités psychopathiques. Ils répondent structurellement par la violence. De l’autre, les auteurs de violences conjugales. C’est dans cette nuance que l’on peut trouver l’espoir d’un changement, même si ces comportements sont profondément enracinés dans l’éducation et la socialisation de ces hommes.

Un auteur de violences conjugales, directeur dans l’industrie de la grande distribution, me disait que sa grille de lecture machiste imprégnait toute sa vie. Il était considéré comme très coriace par les travailleurs et travailleuses sociaux. Il a fait l’objet d’une arrestation musclée chez lui par des policiers armés de la brigade anticriminalité. Mais un an après avoir été suivi au centre Clotaire à Arras, il a beaucoup avancé. Il s’est vraiment impliqué dans le groupe de responsabilisation et a continué ensuite une thérapie en individuel.

Détail significatif, il a pour la première fois embauché des femmes dans ses équipes au travail. Il en est même arrivé à dire qu’il remerciait sa femme d’avoir porté plainte parce que, sinon, ça se serait fini aux assises. C’était très fort de l’entendre dire ça. Mais ça ne l’empêche pas de savoir qu’il peut récidiver. C’est important d’avoir conscience de ce risque. C’est un des symptômes d’une prise de responsabilité.

Les hommes auteurs de violences conjugales peuvent-ils guérir ?

Mathieu Palain : Le fait d’être confronté à la parole de ses pairs peut fonctionner pour certains. Mais ça n’est pas systématique. Le premier groupe dans lequel je suis resté six mois était extrêmement virulent, composé de personnalités ancrées dans le déni. Leur discours était construit sur l’idée qu’ils n’étaient pas des hommes violents et n’avaient rien à faire là. Le dialogue a été très compliqué. La collégialité a moins d’intérêt quand on renvoie à ses pairs : « Vous êtes des monstres qui frappez les femmes, moi, je n’ai rien à voir avec ça. »

En revanche, il y a une possibilité d’avancer si les hommes sélectionnés dans le groupe sont sur un point de bascule et si, dès le premier tour de table, l’un d’eux dit : « J’ai honte de ce que j’ai fait, mais je sais que ça ne suffit pas pour dire je suis guéri parce que je vais peut-être recommencer. » Entendue par le groupe, cette parole peut en écho en déclencher d’autres comme : « J’attends de ce groupe de comprendre pourquoi je suis violent, pourquoi je dégaine vite, pourquoi je suis un nerveux. »

Dans ce type de cas, dix semaines ou six mois peuvent être bénéfiques, parce que la parole va être libérée. Les gars savent qu’ils sont entre eux, qu’ils ne seront pas jugés par les autres. S’ils sont là, c’est parce qu’ils ont tous la même condamnation, qu’ils sont ex æquo sur les faits.

Ces expérimentations ont-elles un réel impact ?

Laurène Daycard : Les professionnels estiment qu’elles peuvent faire tomber le risque de récidive de 40 à 50 %, voire jusqu’à 90 %, selon les données statistiques du parquet. Mais ce n’est pas une solution miracle.

Ce processus de responsabilisation n’est que l’amorce d’une réflexion introspective qui va durer sur des années, si possible avec un accompagnement thérapeutique. Mais il faut continuer à essayer, car pour le moment, des femmes sont victimes, certaines sont tuées, et des enfants grandissent dans ce contexte de violence. Perdre espoir est un luxe que nous ne pouvons pas nous permettre. L’espoir c’est politique.

Mathieu Palain : Il est évident que corriger le tir va prendre très longtemps, puisqu’on a derrière nous des siècles de domination masculine totale. Il y a peu (2), l’homme était dans la loi le chef de la famille. Il avait quasiment droit de vie et de mort sur tous ses membres. Mais notre société est en mouvement. La norme évolue.

Les féminicides sont médiatisés, il y a des collages sur les murs, des manifestations, des mouvements militants féministes radicaux qui se mobilisent justement pour que les hommes ne puissent plus exercer leur domination en toute tranquillité. C’est cette addition de pressions qui fait bouger la société. Ce mouvement est encore trop lent, mais nous partons de loin.

(1) La dernière « Étude nationale sur les morts violentes au sein du couple » date du 26 août 2022. (2) C’est la loi du 4 juin 1970 qui supprime le statut de « chef de famille » du Code civil.

Directeur d’école : Le décret est publié

Oui il a fallu détruire l’État socialiste et le parti léniniste mais il demeure la question : Comment en est-on arrivé à Gorbatchev ? A Robert Hue ?

Temps de lecture: 18 minutes

Le livre d’Ostrovski Erreur ou trahison dans sa dernière partie, intitulée “la fin” ne laisse pas beaucoup de place au doute, il y a eu “trahison” et celle-ci a nécessité de la ruse et de l’obstination. Il décrit pourtant le caractère “objectif” d’un écroulement de l’URSS sous les effets conjugués d’une crise économique, de l’affaiblissement du pouvoir de l’union, de sa centralité autant que de sa maitrise sur les événements, de la croissance d’un mouvement d’opposition lié de fait directement à Washington, y compris sous ses formes nationalistes, qui développe sa prise sur le terrain que le pouvoir de l’union laissait en jachère, ainsi que de l’effondrement de l’ancienne idéologie et de la diffusion de nouvelles valeurs idéologiques occidentales. Si l’on en restait à ce constat, ce que font la quasi totalité de ceux qui parlent de la fin de l’URSS en France, communistes compris, l’affaire peut être jugée, ce système n’était pas viable.

En général, c’est même pire, la chute de l’URSS est devenue un lieu obscur dont on ne parle pas, le diagnostic est bien le caractère invivable et sordide, et ce silence sur les FAITS conditionne des attitudes fondamentales et devient force d’inertie. La première conclusion que l’on peut tirer de ce livre est qu’il est urgent que les communistes français mais en s’appuyant sur les nombreux travaux qui se développent au plan international affrontent à partir de leur propre but et valeurs cette question des raisons de la fin de l’URSS, comme celle de la liquidation de leur parti, une réalité. Continuer la lecture de Oui il a fallu détruire l’État socialiste et le parti léniniste mais il demeure la question : Comment en est-on arrivé à Gorbatchev ? A Robert Hue ?

Rentrée : des étudiants toujours plus précaires, selon l’Unef

Dans une étude publiée ce lundi 14 août sur leur compte X, le syndicat étudiant Unef a révélé une augmentation du coût de la vie étudiante à hauteur de 6,47 %. Pour Flavie Quilan-Lacour, présidente de la branche picarde du syndicat, le problème n’est pas nouveau, il fait craindre une dégradation des conditions de vie pour les étudiants.

AFP

Transport, alimentation, énergie… Plusieurs secteurs dont les frais sont en hausse devraient impacter le porte-monnaie des étudiants français à la rentrée, c’est ce qu’indique une étude du syndicat étudiant Unef publiée sur leur compte X, ce lundi. Entre inflation et manque d’action du gouvernement, la précarité étudiante ne fait que croître depuis plusieurs années.

Malgré l’annonce du gouvernement de revaloriser le montant des bourses étudiantes à hauteur de plus de 500 millions d’euros, «  jamais, en 19 ans d’enquête de l’Unef, l’évolution du coût de la vie étudiante n’avait atteint de tels sommets », s’indigne l’Union nationale des étudiants de France. Continuer la lecture de Rentrée : des étudiants toujours plus précaires, selon l’Unef

La classe ouvrière et le pacte républicain face à l’arrogance de caste

Pour la France de Macron:
il est inacceptable que l’on viole “la démocratie” au Niger, celle qui garantit à la France un uranium à un prix dérisoie, mais il est tout à fait acceptable que celui qui « soustrait » son uranium n’ait pas d’électricité chez lui. Moins de 20 % de la population au Niger dispose de l’électricité. C’est dire ce qu’est leur démocratie et le lâche consensus sur lequel il repose… ce consensus, cette union sacrée autour de l’envoi d’armes pour l’OTAN.

Cette France-là est chassée d’Afrique, est méprisée de tous pour son impuissante vassalité, elle a trahi son peuple comme tous les autres peuples, son secteur manufacturier s’effondre et la bourse chute parce que leur démocratie n’est que tyrannie et que les capitaux fuient comme toujours.

Il y eut jadis d’autres voix rocailleuses qui tonnèrent à l’Assemblée Nationale au nom de la classe ouvrière, Il interpellait malicieusement Queuille en pleine guerre de Corée et lui disant : “taisez-vous Correzien du Sud…” Ce qui ne manquait pas de sel quand on sait le partage de la Corrèze entre ceux qui respectaient les maitres du château et les rebelles…
ou encore s’adressant à l’Assemblée Nationale à ceux qui par leur atlantisme trahissaient la France et qui pour masquer leur trahison se déchaînaient en propos anticommunistes:
“Nous sommes bien sûrs de valoir autant que vous et quand je dis autant je suis sûr de ne pas exagérer… Vous parlez de démocratie pour masquer votre arrogance de caste..” Ce discours de Jacques Duclos dont nous publions ci-dessous des extraits a été prononcé alors que les événements se précipitaient en Indochine “Ce qui se dégageait de la marche des événements, c’était d’abord la volonté du gouvernement français d’empêcher l’unité du Vietnam en maintenant la Cochinchine sous un régime autonome et en recherchant d’autres partenaires que le camarade Ho chi Minh” et Duclos ajoute “Ainsi, la IVe République allait faire ses débuts avec à son flanc une situation en train de s’aggraver en Indochine et qui devrait prendre peu à près un caractère d’extrême gravité. On peut dire que la guerre d’Indochine qui a fait tant de mal au peuple vietnamien et qui a été ruineuse pour notre pays a eu pour cause la rapacité des colonialistes et le manque de courage et de clairvoyance de dirigeants politiques qui se laissèrent manoeuvrer par des personnages totalement imperméables à la compréhension de la volonté de libération des peuples colonisés et figés dans l’attitude coloniale la plus rétrograde et la plus stupide”. (1)

Un mot encore, je me suis toujours demandée pourquoi alors que la social démocratie avait toujours trahi partout, pourquoi non seulement Jaurès ne trahit pas, pourquoi dans la Commune de Paris viennent y compris des officiers qui refusent la défaite, je crois que c’est parce qu’il y a la Révolution française avec Robespierre, celui qui porte la République le plus loin, en faisant du peuple la boussole… le principe jacobin celui à partir duquel se dessinera la dictature du prolétariat.

Il suffit d’écouter ce discours de Duclos et le double contexte dans lequel il est prononcé à savoir au plan intérieur face aux manœuvres qui vont finir par détruire la IV république et qui – déjà sous la pression des Etats-Unis – vont évincer les communistes du gouvernement et à travers eux chasser la classe ouvrière le peuple français de l’exercice de la démocratie, ils n’entendent pas plus les peuples qui exigent souveraineté et libération internationale que chez eux celle du peuple. Ils baptisent démocratie ce qui n’est qu’une arrogance à courte vue de caste…

il est à noter que si on lit ce texte: Jaurès n’est pas le modèle offert aux communistes, il est seulement la preuve qu’il existe dans notre pays des Républicains sincères avec qui on peut gouverner. Ce qui est aux antipodes de la manière dont on tente de transformer le parti de Maurice Thorez en parti de Jaurès et qui confirme le choix social démocrate qui alors peut se contenter du parlementarisme et d’un strapontin pour la classe ouvrière… Jaurès est un appel aux socialistes baptisés en l’occurrence des “républicains sincères”

En revanche, oui le parti communiste français part de ses traditions héritées de la Révolution française et de son roman national pour donner à la classe ouvrière son rôle émancipateur et souverain, patriote, du jacobinisme vers le socialisme qui a triomphé avec l’URSS et qui vient de ré-affirrmer son rôle dans la lutte contre le nazisme.

Le pacte républicain dont faisait état Jacques Duclos a été brisé : chaque président de la Ve République a eu à cœur d’aggraver la facture qu’il soit de droite ou de gauche, la part du patrimoine hérité est remontée de 34% en 1970 à 60% aujourd’hui.
La moitié des Français reçoivent moins de 70 000€ en héritage, mais les 0,1% les plus aisés reçoivent au moins 12,5 millions, soit au minimum 180 fois plus. Le taux d’épargne des 40% les moins aisés est inférieur à 5%. Ceux-là n’ont pas le choix : ils consomment la quasi-totalité de leur revenu et subissent de plein fouet l’inflation. Leur Europe est sans perspective autre que celle de la mise en concurrence des forces de travail et la gloire des marchés financiers et des marchands d’armes. La zone euro est entrée en récession. Les salaires ne suivent pas l’inflation, d’où la contraction de la consommation, et l’investissement (dont l’immobilier) est aussi en berne. La guerre et le pillage néocolonial n’aide même plus à assurer le dit pacte républicain, il est à la base d’un exode qui devient seulement un argument sécuritaire. Le consensus qui tend à s’établir autour de ce pillage et de l’UE en est de plus en plus infâme.

Quand le PCF revendiquait le pouvoir au nom de la classe ouvrière et dénonçait “leur” démocratie comme une arrogance de caste menant à la catastrophe …

“Nous avons conscience d’avoir autant de mérites, autant de droits que vous ; et quand je dis “autant”, je suis bien sûr de ne pas exagérer.

La classe ouvrière, dont nous avons conscience d’être les représentants essentiels, a fait son devoir, alors que les fausses élites sombraient dans la lâcheté et le déshonneur.

Cela on le reconnaissait hier : on l’oublie aujourd’hui. Pendant la clandestinité, un académicien, qui maintenant est de service au Figaro écrivait : la classe ouvrière seule, dans sa masse, aura été fidèle à la France profanée.”

Mais cet élan de sincérité hier est oublié aujourd’hui. Et l’on voit transparaître la haine de classe chez ceux-là même qui parlent d’amour pour cacher leur mépris du peuple et qui parlent de démocratie comme pour cacher un esprit de caste.

Ce qui reste, mesdames, messieurs, c’est que le parti qui représente la plus large fraction de la classe ouvrière est considéré comme un parti de seconde zone, et cela parce qu’il est représentatif de la classe ouvrière.

Les ouvriers, c’est bon pour produire, c’est bon pour se battre, c’est bon pour payer, c’est bon pour se faire tuer, mais ce n’est pas bon pour gouverner au même titre que les autres citoyens !

Les postes de premier plan sont interdits à une catégorie de Français. Le peuple servant de piédestal à une aristocratie méprisante et hautaine, voilà la philosophie politique que certains semblent vouloir faire triompher.

C’est ce qu’on a ressenti au cours des événements de ces derniers jours et l’on a la sensation de voir se dérouler ici des intrigues dont on a pas de mal à deviner qu’elles se nouent en dehors de l’enceinte du Palais Bourbon.

A côté des Républicains attachés à la démocratie et décidés à jouer le jeu parlementaire, il est des hommes qui ont associé leur destin moins peut-être au destin de la République qu’à un destin personnel. Et le plan de ces hommes est de discréditer la démocratie, dans l’espoir de frayer la voie à je ne sais quelle autre forme de pouvoir.

(…) On réfléchit aujourd’hui dans les usines, dans les mines, dans les chantiers, dans les boutiques, dans nos campagnes. On réfléchit à ce fait nouveau que, pour certains, la haine de classe prime l’intérêt de la patrie. Le peuple ne peut pas ne pas comprendre, devant l’interdit qui frappe le Parti communiste, que lorsque ces gens parlent d’union nationale, c’est simplement une comédie, ce n’est pas sincère.

La France veut aller de l’avant dans la voie du progrès. Elle ne veut pas que les conquêtes sociales de la dernière période soient remises en question. Elle ne veut pas que les nationalisations effectuées soient abolies pour le plus grand profit des puissances d’argent.

Elle ne veut pas que les forces d’obscurantisme reprennent le dessus.

Elle ne veut pas, la France, que plus de cent cinquante ans après la proclamation des droits de l’homme et du citoyen, on puisse établir chez nous des catégories entre Français et ériger en principe qu’aux hommes du peuple les fonctions supérieures sont à jamais interdites.

La France ne veut pas cela ! La France ne veut pas retourner aux mœurs féodales, au règne du bon plaisir et de l’arbitraire!

Nous sommes sûrs en défendant ces principes fondamentaux de la démocratie, d’être à l’unisson du pays républicain tout entier.

Nous représentons la partie la plus agissante la plus ardente de nos populations ; nous représentons les couches profondes de la nation dont Jaurès pouvait dire “qu’elles sont la vérité en mouvement, la vie elle même dans son évolution nécessaire”.

Le peuple de France ne permettra pas qu’on essaie de nous conduire à contresens de l’histoire et, avant de terminer, je veux faire appel à l’union de tous les Républicains que peu vent séparer des barrières de partis, mais qui doivent se retrouver unis pour assurer la marche paisible de la France vers l’affairmissement des institutions républicaines et pour barrer la route aux chercheurs d’aventurs quels qu’ils soient.

Jaurès que je me permets de citer disait :

“La société d’aujourd’hui est menacée par le retour offensif de toutes les forces du passé. C’est le devoir des socialistes, quand la liberté républicaine est en jeu, de marcher avec ceux qui ne veulent pas revenir en arrière”.

(1 ) Mémoires de Jacques Duclos. 1945-1952 ; p.169, 170, 171. Nous sommes dans le gouvernement provisoire de Léon Blum, mais la IVe République se met en place avec l’élection du président de la République par l’Assemblée nationale qui est fixée le 14 janvier 1947.