En s’attaquant à l’allocation de solidarité spécifique, le filet de sécurité destiné aux chômeurs en fin de droits, pour la remplacer par le revenu de solidarité active, l’exécutif poursuit sa politique délibérée de précarisation des chômeurs et de démantèlement de l’assurance-chômage. Leur horizon : le contre-modèle allemand.
On peut reprocher beaucoup de choses à Emmanuel Macron, mais pas de manquer de constance : après avoir entamé son premier quinquennat en expliquant aux chômeurs qu’ils n’avaient qu’à « traverser la rue » pour retrouver du boulot et poursuivi en menant les réformes les plus régressives de l’histoire de l’assurance-chômage, le voici qui relance son second mandat en rouvrant le chantier de démolition.
Une délégation menée par Fabien Roussel et composée de travailleurs a été reçue, samedi, par le cabinet de Gabriel Attal. Le secrétaire national du PCF était porteur de témoignages de personnes frappées par la vie chère.
Samedi 3 février en début d’après-midi, Fabien Roussel et la délégation qui l’accompagnait sortent de l’Hôtel de Matignon. Avec une annonce : le cabinet du premier ministre les a informés qu’un rapport rédigé par des économistes concernant le niveau des salaires en France serait remis d’ici l’été.
Un peu plus tôt, le secrétaire national du PCF, accompagné d’une délégation de salariés, de la tête de liste communiste aux élections européennes, Léon Deffontaines, et de deux sénateurs de son parti, Ian Brossat et Silvana Silvani, était reçu à Matignon afin de remettre une pétition contre la vie chère, et des milliers de fiches de paye reçues dans le cadre de l’opération « vérité sur les salaires ».
« Nous avons le sentiment que le gouvernement n’entend que de son oreille droite » dénonçait Fabien Roussel devant 200 personnes rassemblées à quelques pas du siège du gouvernement. « Nous voulons donc lui montrer la vraie vie » en lui présentant les fiches de paye recueillie par les communistes.
À ses côtés, Claudine, agente hospitalière, Alix, cuisinier dans la restauration collective, Lamia, salariée à Monoprix. Le dirigeant communiste évoque la retraite de Claudine. « Elle a attendu ses 67 ans pour partir, et bénéficier d’une pension à 1 400 euros. Si elle avait fait valoir ses droits à 62 ans, elle n’aurait perçu que 960 euros par mois… ».
Alix lui, travaille depuis 16 ans en tant que « chef de partie », cuisinier confirmé. Son salaire s’élève en moyenne à 1 600 euros par mois. « Je me fais rattraper petit à petit par le SMIC » explique le jeune homme. « Je travaille dans un métier en tension. Du coup, les patrons proposent des salaires attractifs pour embaucher du personnel. Et je me retrouve moins payé que des nouveaux qui viennent d’être embauchés ».
Des mots sévères à la sortie de la réunion
Ce phénomène de « Smicardisation » devient de plus en plus problématique avec l’inflation. Le salaire minimum, ainsi que le rappelle Fabien Roussel, a augmenté de 12 % en deux ans grâce à la loi. Ce n’est pas le cas des revenus supérieurs. « Nous allons demander une conférence sociale au premier ministre », annonce-t-il avant de se diriger à Matignon. « Il faut que l’ensemble des salaires soient indexés sur l’inflation, et augmentent de 12 % ».
D’autres salariés sont encore plus pénalisés dans leur évolution de carrière. En charge de la commission du PCF sur les droits des personnes handicapées, Fatima Khallouk explique que les salariés en situation de handicap et bénéficiaires de l’AAH ne peuvent cumuler cette ressource au-delà d’un travail à mi-temps. « L’ancienneté et le handicap sont les premiers motifs de discrimination » dénonce-t-elle. Candidate sur la liste conduite par Léon Deffontaines, Sigrid Gérardin met l’accent sur les inégalités salariales entre hommes et femmes, et donne rendez-vous dans la rue le 8 mars prochain.
Si la délégation ne se faisait guère d’illusion sur la réponse du gouvernement, Fabien Roussel avait des mots sévères à la sortie de la réunion, malgré l’annonce d’un rapport pour cet été. « Ça veut dire que dans les 6 à 8 mois qui viennent, il ne se passera rien. C’est ce que je retiens de ce rendez-vous, et je le regrette ».
« Qu’il agisse au moins sur les factures ! » lance à ses côtés Léon Deffontaines, en faisant allusion à la hausse des factures d’électricité décidée par le ministre de l’économie et des finances, Bruno Le Maire. « Nous écrirons des propositions que nous remettrons à nouveau à Matignon », promet Fabien Roussel, qui entend « démontrer que c’est le capital qui coûte cher et empêche d’augmenter les salaires ».
Dès les annonces de Gabriel Attal égrainées jeudi, Pierre Thomas, président du Mouvement de défense des exploitations familiales (Modef), avait donné le ton. « Ces quelques mesures ne changent rien sur le fond. La crise que nous connaissons va donc se poursuivre. On continuera donc les actions. De toute façon, nous savons que la bataille sera longue à mener pour changer de système agricole. » Continuer la lecture de Agriculture : le Modef appelle à poursuivre les mobilisations
Avec des taux de grévistes importants et un cortège parisien fourni et dynamique, les personnels de l’éducation nationale se sont fortement mobilisés, jeudi. La raison de la colère : les mesures du « choc des savoirs », qui visent en premier lieu les élèves des familles populaires.
On disait les enseignants découragés, résignés, assommés par la succession de mauvaises réformes et de mépris depuis 2017 (au moins). Les syndicats eux-mêmes, qui appelaient à cette journée de grève et de manifestations du 1er février, semblaient parfois douter… Par son ampleur comme par son ambiance, le cortège parisien, entre le jardin du Luxembourg et la rue de Grenelle, a fait litière de ces doutes.
Alors que les enseignants seront en grève ce jeudi 1er février, la seconde édition du Baromètre du bien-être au travail, publiée en janvier 2024, montre que les personnels de l’Éducation nationale sont moins satisfaits que l’ensemble des Français. Voici les motifs qu’ils pointent.
Pour les salaires, les conditions de travail, mais aussi pour défendre l’école publique après les propos de la ministre Amélie Oudéa-Castéra, les enseignants seront en grève ce jeudi 1er février. Alors que les syndicats exigent non seulement des moyens supplémentaires mais aussi, pour le Snuipp-FSU, « une augmentation de 300 euros net mensuels immédiatement et sans contrepartie pour les professeurs des écoles et les AESH » ou encore une « redéfinition du temps de travail pour en alléger la charge », une enquête de la Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance (DEPP) de l’Éducation nationale, publiée en janvier 2024, est éclairante sur le vécu des personnels. Continuer la lecture de Pourquoi les personnels de l’Éducation nationale sont moins satisfaits de leur travail que l’ensemble des Français
Alors que l’accès à un appartement ou une maison devient de plus en plus difficile pour les classes populaires et moyennes, le gouvernement persiste dans une politique de désengagement et de dérégulation. S’ensuit une crise sociale aux conséquences dramatiques.
Les acteurs du secteur du logement n’ont pas de mots assez sévères. Des associations d’aide aux mal-logés aux promoteurs immobiliers, en passant par le bâtiment et les bailleurs sociaux, l’absence de réponse à la crise sans précédent qui les frappe fait l’objet d’une critique unanime. Et ce ne sont pas les quelques paroles prononcées par le premier ministre, Gabriel Attal, lors de son discours de politique générale, mardi 30 janvier, qui va les rassurer.
Tous les syndicats ont annoncé la poursuite et l’intensification de leurs actions, chacun de leur côté, jusqu’à au moins jeudi. Les cinq minutes réservées par le premier ministre au malaise paysan dans son discours de politique générale ont été prises comme un camouflet par les agriculteurs.
Est-ce un malentendu, une bourde ou l’aveu qu’il n’y a plus rien à attendre du gouvernement ? Quinze jours après le début des mobilisations du monde paysan, les participants aux blocages autour de Paris, de Lyon et d’autres grandes agglomérations avaient coché ce mardi après-midi, et le discours de présentation de politique générale de Gabriel Attal à l’Assemblée nationale, comme un possible moment de nouvelles annonces censées répondre à la crise du modèle agricole. La porte-parole du gouvernement l’avait laissé entendre la veille. C’est peu dire que le moment fut déceptif.
Mardi 30 janvier matin, Amélie Oudéa-Castéra rencontrait les chef·fes d’établissements. Une rencontre virtuelle, en visio-conférence. Initié par Gabriel Attal, alors ministre de l’Éducation nationale, l’objectif de l’exercice est un échange direct entre le grand patron de l’éducation nationale et ses cadres intermédiaires. Si en effet, tous les chefs d’établissements pouvaient assister à la conférence – ils étaient près de 11 000 connectés, l’échange était tout sauf direct. La ministre, qui ne semble pas encore très à l’aise avec les dossiers de l’éducation, s’en est tenue à ses notes. Quant aux questions, très nombreuses sur le tchat, elle n’a répondu qu’à trois d’entre elles. Les moins polémiques.
Durant près d’une heure, Amélie Oudéa-Castéra est venue défendre les groupes de niveau auprès de ses cadres intermédiaires, les chefs d’établissement, chargés de les appliquer sur le terrain. Un exercice peu évident pour une ministre dont la légitimée est remise en cause à la suite des différentes polémiques qui ont entachées sa prise de fonction. Continuer la lecture de AOC: La Ministre échoue à son Grand oral face aux chef·fes d’établissement in Caf. Péda.
À l’appel des organisations syndicales, les agriculteurs poursuivent leur mobilisation cette semaine. Ils revendiquent de pouvoir vivre décemment de leur travail.
Les agriculteurs se sentent abandonnés et estiment que leur dignité est bafouée. Ils exigent une meilleure rémunération.
Arnaud Gaillot
Président des Jeunes Agriculteurs
Depuis des années, nous n’avons cessé d’alerter sur la colère grandissante du monde agricole. Nous avons besoin d’un cap. Grâce à la mobilisation, fin 2023, de tous nos départements qui dénonçait les incohérences de nos politiques, nous avons pu obtenir de premières avancées. Mais trop de sujets demeurent en suspens et la colère persiste. Un mouvement inédit s’est amorcé pour faire entendre notre voix encore plus fort. Continuer la lecture de Quelles sont les causes du mal-être agricole ?