[TRIBUNE] Les enseignants bataillent contre l’appauvrissement de l’école publique, contre les inégalités qu’elle continue d’entretenir voire d’aggraver, pourtant ce serait toujours eux le problème.
Une petite musique se fait entendre, depuis un an plus insistante. C’est en tout cas à cette époque l’année dernière que j’ai commencé à y faire attention, parce qu’elle intervenait lors d’un épisode particulièrement traumatique, l’assassinat de notre collègue Samuel Paty. Le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, a cru bon d’affirmer, à cette occasion, que les tendances «islamo-gauchistes» de l’université française avait pour ainsi dire armé, sinon matériellement, du moins idéologiquement, l’assassin.
Il déclare ainsi sur Europe 1, moins d’une semaine après l’attentat: «Ce qu’on appelle l’islamo-gauchisme fait des ravages. Il fait des ravages à l’université, il fait des ravages quand l’UNEF cède à ce type de choses (…). Ces gens-là favorisent une idéologie qui ensuite, de loin en loin, mènent au pire.» Il poursuit, en parlant du terroriste: «C’est un assassin conditionné par d’autres gens, en quelque sorte des auteurs intellectuels de cet attentat.» Les «auteurs intellectuels de cet attentat», l’accusation est gravissime et le raccourci, pour le moins, osé, qui passe de l’université au meurtre abominable dont notre collègue, lui-même produit valeureux de ladite université, fut victime. Continuer la lecture de L’inquiétante porosité entre les attaques du Figaro magazine et les discours de M. Blanquer in Slate.fr