Voilà une hypothèse fort stimulante à l’heure où le métier d’enseignant ressemble davantage à un repoussoir qu’à une vocation. Les enseignants sont-ils les nouveaux prolétaires ? La question, posée par l’enseignant, chercheur et militant syndicaliste Frédéric Grimaud possède une double entrée : comprendre comment s’est petit à petit prolétarisé le métier, et saisir la balle au bond pour penser les modalités de son émancipation. L’expression peut heurter. Personne ne conteste qu’il existe des catégories sociales beaucoup plus précarisées que les enseignants qui, même victimes d’une baisse considérable de leur niveau de vie, restent assimilables aux classes moyennes pour certains, voire à la petite bourgeoisie pour d’autres ; qu’ils jouissent d’un confort matériel plus ou moins important, et, pour les titulaires, ne vivent pas le risque permanent de perdre leur travail. Mais Frédéric Grimaud ne pose pas la question de la prolétarisation comme un état de fait statistiquement opératoire pour les courbes des économistes, il la travaille comme un processus, on pourrait dire une mécanique qui affecte le métier et le transforme si radicalement que celles et ceux qui s’y sont engagés ne s’y retrouvent parfois plus.

Une image contenant texte, Police, logo, capture d’écran Description générée automatiquementComment le taylorisme permet de comprendre la transformation du métier

Frederic Taylor est l’homme de la rationalisation du travail. Pour cet américain de la seconde moitié du XIXe siècle, le travail ouvrier doit s’appuyer sur une organisation permettant d’améliorer la productivité et le rendement. Tout le monde a en tête la naissance du travail à la chaîne et l’image de Charlie Chaplin dans Les temps modernes. Mais quel rapport avec le métier d’enseignant ? Continuer la lecture de Les enseignants sont-ils les nouveaux prolétaires ?