« On prend les mêmes et on recommence ! » (Fabien Roussel)

 

Le Président de la République se moque bien des Français. Voilà le ressentiment qui monte dans notre pays aujourd’hui, conjugué avec beaucoup de colère. Car malgré deux défaites aux élections européenne et législatives, le camp présidentiel ne lâche pas le pouvoir.

Il ose même renvoyer dos à dos le Rassemblement national et les forces politiques du Nouveau Front Populaire, justifiant ainsi ses petits arrangements politiciens pour empêcher le NFP d’accéder aux responsabilités.

Pourtant, les Françaises et les Français ont, ces dernières semaines, exprimé à trois reprises dans les urnes leur volonté de changement. Certes en utilisant des bulletins différents, mais à chaque fois avec la même volonté, la même colère, le même objectif : en finir avec la politique d’Emmanuel Macron.

En refusant le changement, c’est tout le processus démocratique, toutes les institutions de la République qui se trouvent fragilisées. Continuer la lecture de « On prend les mêmes et on recommence ! » (Fabien Roussel)

André Chassaigne : « La solution du président Macron, c’est l’arrêt sur image »

André Chassaigne, chef de file des députés PCF, a failli être élu président de l’Assemblée nationale, jeudi 18 juillet, mais souligne que la gauche reste en position de force au Palais Bourbon. Il appelle le Nouveau Front populaire à désigner un premier ministre au plus vite pour mettre Emmanuel Macron au pied du mur.

 

Le 18 juillet, vous vous êtes incliné de très peu face à la sortante Yaël Braun-Pivet, qui briguait elle aussi la présidence de l’Assemblée nationale. Qu’est-ce qui a manqué ?

L’enjeu était extrêmement important et a très vite dépassé ceux strictement liés au Perchoir en tant que tel. Le président de la République a souligné qu’il s’appuierait sur la couleur de la présidence pour considérer la majorité politique de l’Assemblée. Dès lors, c’est l’interprétation des résultats des législatives qui était en jeu. Continuer la lecture de André Chassaigne : « La solution du président Macron, c’est l’arrêt sur image »

Exclusif HUMANITE : Périclès, le projet secret de Pierre-Édouard Stérin pour installer le RN au pouvoir

« 150 millions d’euros sur les dix prochaines années » pour promouvoir des « valeurs clés » de l’extrême droite, « servir et sauver la France » : le projet Périclès, dont l’Humanité publie les détails, fixe les ambitions du milliardaire Pierre-Édouard Stérin pour porter le RN au pouvoir.

Daniel Kretinsky l’a annoncé ce jeudi : il ne vendra pas son hebdomadaire Marianne au milliardaire Pierre-Édouard Stérin, dont les actifs sont évalués à 1,2 milliard d’euros. La proximité de ce dernier avec l’extrême droite lui aurait-elle coûté l’affaire ?

Patron d’Otium Capital, de Smartbox et du Fonds du bien commun, Pierre-Édouard Stérin continue à démentir. Catholique, conservateur, libertarien et exilé fiscal – il s’est installé en Belgique en 2012 –, celui que l’Humanité Magazine présentait en début d’année comme le « saint patron de l’extrême droite », n’en démord pas. « Je suis engagé, écrit-il à l’Humanité, mais mon engagement n’est pas partisan, à ce titre je revendique cette neutralité. Comme vous avez pu le voir, j’échange et soutiens des personnalités de différents partis et sensibilités de la droite. »

150 millions d’euros pour faire gagner l’extrême droite dans les urnes et dans les têtes

Un document ultra-confidentiel, établi à l’automne 2023 et que l’Humanité a pu consulter, dit pourtant tout le contraire sur une vingtaine de pages dont nous révélons les grandes lignes aujourd’hui. Cette feuille de route vise très explicitement à installer au pouvoir en France une alliance de l’extrême droite et de la droite libérale conservatrice. Continuer la lecture de Exclusif HUMANITE : Périclès, le projet secret de Pierre-Édouard Stérin pour installer le RN au pouvoir

Le piège LR-Macronie se referme sur la gauche à l’Assemblée nationale

Avec 220 voix, Yaël Braun-Pivet est parvenue à se maintenir au Perchoir à la faveur de magouilles avec « Les Républicains ». Le candidat du Nouveau Front populaire, le communiste André Chassaigne, échoue de peu à la renverser.

Il leur fallait se sauver à tout prix. Quitte à verser dans la tambouille. Quitte à oublier que les Français viennent de voter aux législatives. Mais voilà venue la « clarification » attendue par Emmanuel Macron, qui a tout fait pour éviter d’avoir à reconnaître sa défaite électorale. À l’issue des trois tours de scrutin pour désigner le président de l’Assemblée nationale, le camp présidentiel a réalisé un hold-up. Les députés ont réélu Yaël Braun-Pivet, avec 220 voix.

Dont 17 voix de ministres démissionnaires toujours en poste au mépris de la séparation des pouvoirs inscrite dans la Constitution. La titulaire du Perchoir pour la mandature à venir ne doit sa survie qu’à un deal d’arrière-cuisine avec « Les Républicains » (LR), qui l’ont aidé à battre le communiste et candidat commun du Nouveau Front populaire (NFP), André Chassaigne, qui a rassemblé 207 voix. Continuer la lecture de Le piège LR-Macronie se referme sur la gauche à l’Assemblée nationale

André Chassaigne : « Plus on tergiverse, plus on donne le gouvernail au président de la République »

Le président du groupe Gauche démocrate et républicaine, André Chassaigne, déplore les dissensions à gauche sur la proposition de nom de premier ministre du Nouveau Front populaire. Il souhaite un vote des parlementaires de gauche.

 

L’Assemblée nationale va désigner, jeudi 18 juillet, son ou sa présidente. Qu’est-ce qui se joue dans cette élection ?

Elle désignera l’autorité suprême de l’Assemblée nationale, mais pas seulement. Ce scrutin déterminera aussi quelles seront la majorité et l’opposition au sein de cette assemblée : la sensibilité du Nouveau Front populaire (NFP), celle de la Macronie associée à d’autres, ou celle du Rassemblement national (RN).

Les groupes de gauche ont acté deux choses. La première : nous nous adressons aujourd’hui aux autres groupes pour leur faire part de notre volonté de prolonger le front républicain et de ne pas accorder de responsabilités au sein de notre Assemblée à l’extrême droite. Continuer la lecture de André Chassaigne : « Plus on tergiverse, plus on donne le gouvernail au président de la République »

Emmanuel Casajus, sociologue : « Nous assistons à une libération de la parole raciste »

Les succès électoraux du RN s’accompagnent d’une hausse importante des actes racistes. Selon le sociologue Emmanuel Casajus, ce discours radical décomplexé est le résultat d’une stratégie culturelle et de puissants relais médiatiques.

 

Insultes, menaces, agressions : la campagne des législatives, après la victoire du Rassemblement national (RN) aux européennes, a été marquée par une multiplication des actes racistes et homophobes. Le sociologue Emmanuel Casajus, auteur notamment de Style et violence dans l’extrême droite radicale (éditions du Cerf, 2023), lie cette question à celle du travail mené par l’extrême droite dans le but d’établir son hégémonie culturelle.

Plus de 10 millions de personnes ont voté pour le RN lors des législatives. Considérez-vous que le racisme est le principal déterminant de ce vote ? Continuer la lecture de Emmanuel Casajus, sociologue : « Nous assistons à une libération de la parole raciste »

Avec ma franchise habituelle ou pourquoi cette déclaration de Fabien Roussel va dans le bon sens… par D. Bleitracht

Proposition du Premier Ministre : déclaration de Fabien Roussel… Soyons clair cette déclaration a le mérite de ne pas rompre avec l’espoir d’un gouvernement de Front populaire, qui arriverait à imposer quelques mesures de première urgence avant d’être viré ou de tourner sa veste vers l’union sacrée… Mais il prend de la distance et apparait moins intervenir depuis la “bande des quatre” (LFI, PCF, PS, Verts) qui en conciliabules fiévreux, de cafés en restaurants, joue les tacticiens au petit pied… en tablant sur le copinage pour retenir les intérêts privés dominants… Ravis d’avoir su ériger un mur face à la prise de pouvoir par le RN sans mesurer le service rendu qui peut lui être rendu. Un RN qui peut jouer en toute quiétude le renforcement sur le terrain et la présidentielle, lui aussi de petits repas à rencontres secrètes, dans le mépris général de la base. Une certaine manière de faire de la politique qui ne correspond ni aux urgences de l’heure, ni à la vocation d’un parti communiste. Dans cette confusion et machandages, cette base citoyenne, qu’il s’agisse du peuple de France, des électorats ou des militants, sont tout au plus invités à devenir les pompoms girls de “blocs” impuissants puisque leur logique réelle est tout de même l’adhésion à l’impérialisme et à l’OTAN, des politiques qui génèrent le fascisme qu’ils prétendent combattre.


Il y a quelque chose en effet de pathétique dans cette ardeur, qui pourrait être mieux employée, à imaginer que la situation telle qu’elle est peut en l’état résoudre quoi que ce soit. D’un côté la frénésie qui s’est emparée de certains “militants”, en particulier sur les réseaux sociaux autour de cette minable affaire de la non nomination d’un gouvernement, dit à quel point il manque une conscience de l’ampleur du problème auquel il faudrait s’attaquer. l’exemple vient de haut, de ce président dérisoire, chargé des vœux de l’atlantisme eux-mêmes dominés par la violence du cirque démocratique des sociétés occidentales. Continuer la lecture de Avec ma franchise habituelle ou pourquoi cette déclaration de Fabien Roussel va dans le bon sens… par D. Bleitracht

Avec le Nouveau front populaire, agir pour le rassemblement majoritaire de notre peuple

Publié le 13 juillet 2024

Résolution du Conseil national du PCF – 12.07.2024

Au lendemain des élections législatives, nous vivons un moment historique.

Notre pays affronte une crise sans précédent, résultant de la politique du président de la République et des forces qui l’ont porté, de la crise du capitalisme mondialisé et de ses spécificités dans notre pays. Cette crise française est lourde de dangers, comme de potentialités.

Le pire a été évité pour la France. Continuer la lecture de Avec le Nouveau front populaire, agir pour le rassemblement majoritaire de notre peuple

Le politique obligé par le mouvement syndical : l’unité

Par Eric Demougin, membre du conseil d’administration de l’Appel des appels, syndicaliste.

 

Oui, ces dernières semaines, nous étions au bord de l’abîme, et les électeurs attachés à la démocratie ont fait faire au pays un bond salvateur en arrière ce 7 juillet. Mais après ce sursaut, ne nous y trompons pas, nous entrons dans le sursis. Si le Nouveau Front Populaire (NFP) n’envoie pas un signal fort d’unité autour des revendications syndicales aux oubliés de la gauche, il obérera la dernière chance réelle d’éviter l’accession au pouvoir de l’extrême droite. Continuer la lecture de Le politique obligé par le mouvement syndical : l’unité

Le pire est évité, rien n’est résolu mais il y a un répit à nous, communistes, de l’utiliser… Par D. Bleitracht

 

A la veille des résultats de cette élection du 7 juillet, il y a eu un certain nombre de prises de position dans lesquelles je me suis reconnue. Celle de Benjamin Amar et cette proclamation ci dessous d’un certain nombre de communistes responsables, élus dirigeants. Ces déclarations, comme nous l’avons noté nous-mêmes approuvaient l’intervention de Fabien Roussel après le premier tour mais insistaient sur ce qu’il fallait que les communistes dans le PCF mais aussi au-delà apportent au réflexe antifasciste. Nous rappelons quelques données de cette proposition après les résultats du second tour et nos propres appréciations, en tenant compte de la nouveauté que représente le résultat de ce deuxième tour.


Les chiffres du ministère de l’intérieur

Le Nouveau Front Populaire obtient le plus grand nombre de députés à l’issue du second tour des législatives.
© Ludovic MARIN / AFP
Au cours de la nuit de dimanche à lundi, alors que les états-majors des principaux partis menaient des consultations en vue de la constitution d’un nouveau gouvernement, le ministère de l’Intérieur a publié les résultats définitifs du second tour des élections législatives. Le Nouveau Front Populaire s’impose comme la première force politique française.
Selon les chiffres officiels, le taux de participation s’établit à 66,63 % (33,37 % d’abstentions), soit un pourcentage similaire à celui du premier tour (66,71 % contre 33,29 %). 28 870 429 électeurs se sont ainsi rendus aux urnes, sur les 43 328 529 inscrits. 2,75 % (1 192 688) ont opté pour le vote blanc et 395 672 bulletins ont été jugés nuls (0,91 %).

Les résultats laissent apparaître que les votes ont été favorables à l’Union de la Gauche (dénomination utilisée par le ministère) laquelle obtient 178 sièges à l’Assemblée Nationale, auxquels s’ajoutent ceux des Écologistes (1), du Parti Socialiste (2) et des Divers Gauche (12), soit un total de 193 députés.

Le parti présidentiel obtient quant à lui 150 sièges, complétés par ceux du parti Horizons (6), des Divers Centre (6) et de l’Union des Démocrates et Indépendants (3), ce qui lui offre 165 représentants.
Après avoir obtenu 37 députés au premier tour de l’élection, le Rassemblement National en ajoute 88, et reste le premier parti en nombre de suffrages exprimés ce dimanche 7 juillet avec 8 745 144 voix (32,05 %). L’Union de l’extrême droite décroche 17 sièges et l’extrême droite 1.

Les Républicains parviennent de leur côté à envoyer 39 élus au Palais Bourbon, tandis que les Divers droite obtiennent 27 parlementaires. 9 députés Régionalistes rejoignent aussi l’Hémicycle.


L’appel rédigé par des dirigeants et militants du “réseau” disait les choses suivantes et publié ce 7 juillet en anticipant le résultat des élections et ces résultats confortent la pertinence de l’analyse (1)

:

1. Des élections à haut risque, celui de voir le fascisme s’installer et durablement

Porter un signal d’avenir en direction des classes populaires et de la jeunesse !Pour ouvrir une issue à la crise, les communistes se tournent vers notre peuple pour faire reculer l’extrême-droite Ce 7 juillet les élections sont à hauts risques. Le président Macron, de sa seule initiative, sans consulter aucun groupe parlementaire, ni parti, a dissout l’assemblée nationale, créant une opportunité historique pour le courant fasciste français et une menace vitale pour l’ensemble du mouvement progressiste et humaniste. La gauche a organisé la riposte sous la forme du Nouveau Front Populaire, sur la base de la dénonciation du danger, du refus de la politique libérale et d’un projet esquissé de progrès social. Mais elle n’a pu formuler la nécessité d’une rupture franche avec le capitalisme et les institutions bourgeoises ni dénoncer les liens multiples entre la finance, le pouvoir et le courant fasciste qui se développe impunément dans notre pays depuis 40 ans. Pourtant, la classe dominante, avec l’aide des sociaux libéraux, de ses médias, de ses intellectuels, déploie depuis des décennies sa stratégie qui amène au pouvoir les fascistes.

2. Le danger de croire qu’une coalition “élargie” et sans principe pourrait faire autre chose que reporter le danger et le rendre irrésistible et le fait que le NFP ait la majorité et soit en situation de gouverner…

La gauche a organisé la riposte sous la forme du Nouveau Front Populaire, sur la base de la dénonciation du danger, du refus de la politique libérale et d’un projet esquissé de progrès social. Mais elle n’a pu formuler la nécessité d’une rupture franche avec le capitalisme et les institutions bourgeoises ni dénoncer les liens multiples entre la finance, le pouvoir et le courant fasciste qui se développe impunément dans notre pays depuis 40 ans. Pourtant, la classe dominante, avec l’aide des sociaux libéraux, de ses médias, de ses intellectuels, déploie depuis des décennies sa stratégie qui amène au pouvoir les fascistes. Bolloré confirme que le capital n’a plus besoin de la démocratie. Le 1er tour, dans la foulée des européennes du 7 juin, a montré une immense colère, malheureusement exprimée dans le vote RN et secondement dans le vote NFP. L’extrême-droite double ses voix de 2022, en tête partout en France hors métropoles. La gauche ne mobilise qu’un inscrit sur 5. Elle en mobilisait 1 sur 4 en 2012, plus d’1 sur 3 en 1981.En rejetant dos à dos les votes RN et NFP, la bourgeoisie accentue son mépris de classe et sa domination, son hégémonie sur le monde du travail. Elle a même le culot d’appeler à un gouvernement élargi.Dans ce contexte, ni une participation, ni un soutien à un gouvernement, toujours aux mains du capital ne permettront de changer la vie des travailleurs ni de résoudre la crise profonde que traverse la France. Pire cela renforcera la colère et continuera à propulser les forces obscurantistes vers la victoire dès les prochaines élections. Le PCF doit refuser clairement de discuter d’une telle éventualité. Il doit s’engager et être 100 % disponible pour la construction d’une opposition forte et d’une voie alternative répondant réellement à la crise historique.Il nous faut aussi tirer le bilan de ces dernières années. La recherche de simples réformes et d’alliances électoralistes nuisent au Parti et ne sont pas des réponses aux attentes légitimes de celles et ceux qui produisent les richesses. C’est ce que disent ces élections ! Et quelle qu’en soient les résultats, les communistes doivent décider des choix de leur part

Le résultat du deuxième tour nous confronte avec la nouveauté de la situation qui veut que non seulement la mobilisation du peuple français ait repoussé le Rassemblement national mais ait placé le Nouveau Front populaire comme le parti qui a une majorité relative et qui peut revendiquer son droit à gouverner pour appliquer son programme, sans se livrer à aucun marchandage comme certains l’espéraient pour aboutir à une majorité absolue qui l’obligerait à gouverner avec ceux que le peuple a totalement désavoué, la macronie qui d’ailleurs a totalement éclaté et qu’il s’agisse d’Attal ou d’autres. Ils ne peuvent pas ignorer qu’un certain nombre d’entre eux ne doivent leur élection qu’au barrage contre l’extrême droite proposé et animé par le Nouveau Front populaire. Une telle coalition avec la macronie, comme l’a reconnu Olivier Faure serait brader le capital de confiance du vote, capital reconquis sur des décennies de dérive du parti socialiste et de la gauche.

Le travail de terrain et de contact a apporté une connaissance de la réalité des souffrances et des colères. Tous ceux qui ont mené ce contact et encore plus ceux qui étaient ailleurs que dans les métropoles ont vécu ce constat de Ruffin qui a fini par être réélu et ce député nouvellement réélu a d’ailleurs bientôt un ton plus grave, détonnant avec l’ambiance générale : « Maintenant, je dis attention aux illusions. En Picardie sur les 17 députés élus, 13 sont issus du Rassemblement national. Nous parlons d’un bassin minier ravagé où certes, le front de la Somme n’a pas craqué mais a perdu 8 points en deux ans. Perdre les ouvriers est très grave car quand la gauche perd les ouvriers ce n’est pas seulement ses électeurs qu’elle perd mais son âme. »

C’est un constat qui a été porté par Fabien Roussel et qu’il a réitéré, la gauche tout entière telle qu’elle a été depuis des décennies n’a pas été jugée apte à offrir une voie à la colère populaire qui s’est reportée sur le fascisme. Ce constat a-t-il vraiment été changé par le vote de ce 7 juillet, oui et non ! Les Français se sont emparés de l’outil qui leur était offert, mais ce n’est qu’un répit.

Fabien Roussel a dit beaucoup de choses justes ce soir et il est clair que pour le moment le secrétaire national du PCF perçoit bien dans ses déclarations le fond de la situation, qu’il s’agisse du rôle nouveau du parlement et du rôle du Nouveau Front Populaire qui n’est pas la NUPES. Quoiqu’ait voulu en dire Mélenchon avec le talent oratoire qui est le sien, la situation est différente les Français ont pris l’instrument de lutte qui s’est constitué pour vaincre l’extrême-droite et l’ont utilisé sans se faire d’illusion. La FI est un groupe important mais non majoritaire dans le NFP, les décisions doivent en tenir compte. Et surtout du fait que cette union doit faire la preuve dans son fonctionnement dans ses ambitions qu’elle poursuit ce travail qui a été approuvé et qu’elle ne se contente pas d’un simple répit.

Il a dessiné le noyau de l’entente et l’on ne pouvait qu’être frappé de la manière dont il établissait quatre forces: le parti communiste, le parti socialiste, la France insoumise et les écologistes qui se sont entendus sur une mission et une seule : répondre à l’exigence des Français à partir du programme de la NFP, ajoutant à ces forces fondatrices Place publique qui n’est pas le PS et dont les déclarations d’alliance avec Ensemble (l’ex parti présidentiel qui a marqué avec Attal son autonomie).

Ce qui était positif était l’unanimité des interventions dans le sens de la volonté pour le Nouveau Front populaire de porter son programme et de ne pas se lancer dans les transactions avec une majorité déconsidérée mais ce qui a été perçu à travers une campagne de terrain peut très bien se perdre dans les illusions des jeux politiciens dans les couloirs de l’Assemblée où la nécessité d’innover dans les procédures peut prendre le pas sur le nécessité de renouer des liens avec les ouvriers, les couches populaires.

Rien n’est résolu mais se dessine une autre manière de gouverner dans laquelle l’affaiblissement du président de la République crée des conditions nouvelles pour tâche extraordinairement difficile qui est de fait poursuivre la reconquête d’un peuple français qui a été prêt de se lancer dans l’aventure fasciste.

Fabien Roussel a déclaré qu’il existait d’ores et déjà un groupe communiste, il faudra voir ses contours mais il est clair que Chassaigne sait gérer ce genre de groupe mais ce ne sera pas sur un tel groupe que pourra se constituer un parti communiste indispensable à la lutte sur le fond contre l’extrême-droite utilisant le désespoir des couches populaires, de la classe ouvrière, des territoires désertés par les service publics. Cette leçon-là à savoir l’existence d’un groupe et le fait qu’il ne sera pas à lui seul le lieu de l’intervention populaire doit rester au centre de nos réflexions et de celle du secrétaire national et des instances dirigeantes du PCF.

Comment ignorer que partout dans les terres jadis ouvrières du parti communiste français en particulier dans les Bouches du Rhône, on voit Garanne Meyreuil confirmer la suprématie du RN, la défaite du candidat communiste à Arles toujours au profit du RN et le plus douloureux, Martigues perdre son député Dharéville au profit toujours du Rassemblement National. Les camarades ne sont pas en cause mais quelles leçons faudra-t-il tirer de la manière dont la gauche a perdu son âme ?

3. Maintenant il y aurait un danger à limiter la nécessité de la résistance à de nouvelles formules parlementaires. L’essentiel ne se joue pas au parlement… sur les bases de l’entente et du programme d’urgence… Il faut offrir une perspective.

Il y a beaucoup de leçons à tirer de la situation, d’abord le fait que la Ve avec le pouvoir présidentiel et sa majorité godillot n’existe plus et qu’il va falloir innover : le fait que effectivement il y ait un déplacement sur le parlement peut être un renouveau démocratique mais aussi un danger si tout reste centré sur le parlement et si les conditions de l’intervention populaire ne sont pas réalisées en lien et par ailleurs.

Et de ce point de vue la radicalité de Mélenchon une fois de plus économise la question de l’organisation de la résistance dans les couches populaires, dans la classe ouvrière et dans le monde du travail en général.

A ce jour, notre discours ne nous permet pas assez de nous différencier des forces sociales-démocrates et pro-atlantistes ! Notre critique de la France Insoumise ne porte pas sur la question de classe, la nécessité de l’unité du peuple contre ceux qui exploitent ses divisions, l’internationalisme et la perspective d’une société socialiste, critiques indispensables pour éclairer sa nature social-démocrate. Dans l’appel « Répondre à l’urgence, construire l’avenir ! » du 25 juin dernier, nous citions Marx dans le manifeste :« Les communistes combattent pour les intérêts et les buts immédiats de la classe ouvrière ; mais dans le mouvement présent, ils défendent et représentent en même temps l’avenir du mouvement. »Nous avons besoin de porter l’avenir pour les milieux populaires. Il nous faut une analyse et des propositions à la hauteur du chaos qui s’installe ! C’est pourquoi, il y a urgence, dans cette guerre de classe exacerbée, que le PCF ouvre des axes nouveaux et offensifs :La rupture avec le capitalisme et avec les institutions bourgeoises, système barbare et parasitaire qui n’est absolument ni soutenable, ni réformable.L’ouverture d’une autre voie de développement interne pour la France, d’un autre projet de société dans laquelle les travailleurs détiendront les moyens de productions, pas qualitatif vers le socialisme (première phase du communisme), un système économique, politique et social qui abolit enfin, l’exploitation capitaliste, les aliénations et les oppressions.La rupture avec l’impérialisme dont la prédation sans limite, propose une mondialisation intégrée exclusive sous l’égide étasunienne avec l’aide de l’OTAN, entrainant misère et guerre sur toute la planète. Pour la France, c’est la soumission, l’abandon des diverses dimensions de souveraineté et la camisole libérale.Une place retrouvée pour la France dans le monde, solidaire internationaliste, ouverte aux coopérations et complémentarités avec le Sud global et de nouveaux rapports mondiaux doit être notre priorité.Il n’y aura jamais de changement en France sans un Parti communiste fort. Il n’y aura pas de renforcement du parti sans un signal puissant adressé prioritairement aux salariés et à la jeunesse affirmant que nous sommes décidés à attaquer les choses à leur racine. Parallèlement, nous devons montrer notre capacité à mener le travail sur nous même, à tirer les leçons du passé et à renforcer notre organisation. Nous voulons faire du PCF l’outil du combat de classe, pour engager un véritable changement de société !

Ces réflexions jetées à la hâte doivent être débattues dans le PCF, au sein des adhérents pour avancer mais il faudra trouver les moyens d’associer à cette réflexion comme l’a esquissé là encore Fabien Roussel tous les collectifs syndicaux, associatifs qui s’intéressent à cette orientation d’un parti communiste et là il faudra bien passer du défensif à une perspective qui corresponde au basculement historique que vit non seulement la France mais la planète, elle aussi à la recherche d’un monde qui veut la paix, la justice sociale et refuse le fascisme qui est la guerre. A nous de nous unir pour convaincre et gagner notre peuple au socialisme et à l’internationalisme. Il faut mesurer l’extrême difficulté de ce choix et la manière dont il exige de FAIRE et pas seulement de bavarder…

Histoire et societe continuera à apporter des éléments de réflexion et de débat, Marianne prend huit jours bien mérités de vacances mais nous avons en réserve un certain nombre de textes qu’elle nous a laissé. Et nous vous annonçons la publication grâce à Catherine Winch qui a accepté d’en assurer la traduction de textes d’un groupe de marxistes chinois dans lequel intervient Jean-Claude Delaunay, des textes qui nous aideront dans cette réflexion face aux travaux pratiques ouverts par cette volonté du peuple français.

Danielle Bleitrach

(1) Les premiers signataires :Stéphane BAILANGER (33), Paul Barbazange (34), Luc Bazin (26), Robert Brun (26), Marie-Christine BURRICAND (69) Conseil National, Michèle CARBONNER (62) Conseil National, Esteban Evrard (62) Conseil National, Clara GIMENEZ (34) Conseil National, Gilles GOURLOT (75) Conseil National, Kevin GUILLAS-CAVAN (75), Fabienne LEFEBVRE (94) Conseil National, Anne Manauthon (83) Conseil National, Franck MARSAL (33), Jean-Pierre MEYER (83) Conseil National, Pierre-Alain MILLET (69), Leila MOUSSAVIAN HUPPE (33), Willy PEPELNJAK (38) Conseil National, Hervé POLY (62) Conseil National, Gilbert REMOND (69), Benoit ROGER (62) Conseil National, Laurent SANTOIRE (92), Michel SAUTEL (44), Danielle TRANNOY (33)