Pétition: Le racisme n’est pas une opinion c’est un délit : Inéligibilité !

La République a toujours été et demeure un combat. La France a progressé et rayonné chaque fois qu’elle a porté haut les valeurs de Liberté, d’Égalité et de Fraternité.

Elle est déshonorée chaque fois qu’en son nom ces valeurs sont trahies, défigurées, salies.

Défigurées par l’indécence des inégalités, la violence des discriminations, trahies par l’arrogance du pouvoir de l’argent, salies par le racisme visant à opposer les victimes de l’injustice sociale.

Le racisme n’est pas une opinion, c’est un délit.

On ne peut accepter qu’une personne condamnée pour racisme puisse être candidate à une élection.

C’est une exigence légitime, la République, qui doit être la garante du respect des droits fondamentaux de la personne et du principe d’égalité, ne peut participer d’une banalisation qui y porte atteinte.

Nous réclamons, dans le prolongement de la loi sur la presse et de la loi Gayssot (qui réprime l’incitation à la haine raciale et la négation des crimes contre l’Humanité), que soit rendue inéligible toute personne condamnée pour racisme.

TRIBUNE DE FABIEN ROUSSEL

Covid-19. Pourquoi Blanquer allège le protocole dans les écoles primaires

Le ministre de l’Éducation, lors de la dernière conférence de presse sur l’épidémie, le 25 novembre à Paris. Thomas COEX/POOL/AFP

Incompréhensibles en apparence, les nouvelles règles mettant un terme au principe de fermeture de la classe pour sept jours dès le premier cas positif avéré relèvent d’une logique plus politique que sanitaire. Explications

Si l’un des marqueurs de l’ultralibéralisme, c’est que la politique de l’État a pour objectif premier d’affaiblir l’État lui-même pour, à terme, laisser « le marché » prendre la place, alors la gestion de la crise du Covid en milieu scolaire par le gouvernement est emblématique de ce positionnement idéologique. Continuer la lecture de Covid-19. Pourquoi Blanquer allège le protocole dans les écoles primaires

Moissac: le Samedi 4/12, Guerre au chômage, pas aux chômeurs !!!

Samedi 4 décembre à 10h30, devant la Mairie de Moissac

Toutes et tous unis contre la précarité. Faisons la guerre au chômage et pas aux chômeurs !

« Ensemble, réaffirmons les valeurs humanistes et internationalistes de la CGT !»

Le gouvernement manipule les chiffres du chômage en communiquant sur les offres non pourvues et le million d’offres sur le site de Pôle Emploi. En réalité, sur les 1 041 325 offres publiées ce jour sur le site de Pôle Emploi, seules 82 752 sont en CDI temps plein rémunérés au minimum au SMIC, soit à peine 7,95 %.

Sur notre département, 3 793 offres étaient en ligne sur le site de Pôle Emploi le 28 octobre 2021, mais seules 331 offres correspondaient à des CDI temps plein rémunérés au minimum au SMIC. Et seulement 4 de ces CDI étaient publiés par des partenaires privés de Pôle Emploi, soit 0,11 % . Continuer la lecture de Moissac: le Samedi 4/12, Guerre au chômage, pas aux chômeurs !!!

Violence, antisémitisme… l’inquiétant visage de l’ultradroite qui prospère en France et en Occitanie

Lors d’un rassemblement du groupe Génération identitaire aujourd’hui dissout.
Lors d’un rassemblement du groupe Génération identitaire aujourd’hui dissout. AFP

Les coups de filet dans les milieux de l’ultra-droite s’accélèrent en France. Ils sont entre 3 000 et 3 500 militants, entre violence et antisémitisme.

Depuis trois ans le rituel est immuable : ce 10 octobre 2021, au cœur du cimetière de Terre-Cabade, à Toulouse, les « Nationalistes », ce groupuscule d’extrême droite, rendent hommage à Pierre Lespinasse, ancien magistrat toulousain sous Vichy, à la tête d’une section spéciale chargée d’envoyer à la guillotine Marcel Langer, internationaliste juif polonais, l’une des figures de la résistance. Dans le silence de la plus grande nécropole de la région, l’avocat toulousain, Pierre-Marie Bonneau, aux côtés de l’ancien dirigeant de l’Oeuvre française, Yvan Bénedetti, s’inclinent devant le caveau de Pierre Lespinasse, serviteur de Pétain, tué en 1943 en guise de représailles par la résistance française, « victime de son devoir », comme le précise l’épitaphe. Une cérémonie discrète suivie d’un cassoulet nationaliste. « Une apologie du collaborationnisme », selon Jean-Yves Camus, spécialiste de l’extrême droite. Mais c’est aussi l’un des visages de cette ultradroite protéiforme qui se dévoile au grand jour. Continuer la lecture de Violence, antisémitisme… l’inquiétant visage de l’ultradroite qui prospère en France et en Occitanie

François Moncla : « Je ne me reconnais pas dans le rugby pratiqué aujourd’hui »

François Moncla, le 9 avril 1960, à Colombes, Tournoi des cinq nations France-Irlande.

(Mise à jour le 29 novembre 2021). Le Béarnais François Moncla est mort à 89 ans. L’ancien capitaine des Bleus se racontait en 2016 dans un livre, ses Récits de vie et d’Ovalie. Une vie remplie de combats sportifs, mais aussi syndicaux et militants. Nous republions cet entretien publié alors.

Joueur du Racing Club de France et de Pau, champion de France en 1959 et 1964, 31 sélections avec le XV de France entre 1956 et 1961, trois victoires dans le tournoi des Cinq-Nations, la vie sportive de François Moncla, 84 ans, a été bien remplie. « Mais je ne vis pas que de ces souvenirs, dit l’ex-troisième ligne. Ma dernière sélection date de 1961. Pas mal de choses sont passées aux oubliettes. Surtout, j’ai eu une autre vie. » Bien remplie là aussi : syndicaliste à la CGT et militant politique engagé en 2014 sur la liste du Front de gauche à Pau. Une existence et un peu plus qu’il raconte dans ses Récits de vie et d’Ovalie (1), écrit avec Olivier Dartigolles, porte-parole du PCF.

Pourquoi avoir attendu vos 84 ans pour vous raconter dans un livre ?

François Moncla D’abord, parce que je n’ai pas su dire non à Olivier Dartigolles, avec qui j’ai des combats communs à Pau. Ensuite, parce qu’il n’a pas fait un roman à l’eau de rose…

Votre vie, votre carrière rugbystique sont loin d’avoir été trempées dans de l’eau de rose…

François Moncla Ce que je veux dire, c’est que je ne voulais pas m’étaler sur ma vie privée, des choses personnelles. Après, bien sûr que je n’allais pas raconter que j’étais gaillard alors qu’on tombait face à des gars qui ne pensaient qu’à nous abattre comme lors de la tournée en Afrique du Sud de 1958.

Vous parlez d’ailleurs de « peur » lors de cette tournée historique, où les Bleus remportent leur première série de tests chez une grande nation de l’hémisphère Sud ?

François Moncla À l’époque, la peur, quand tu pars six semaines en tournée, tu es un peu coupé de tout, à 5 000 kilomètres de chez toi, tu peux difficilement téléphoner aux tiens. Heureusement, dans cette équipe de France, il y avait une telle fraternité qui te permettait de surpasser cette peur.

Cette tournée en Afrique du Sud a été marquante, tant sportivement qu’humainement, en plein apartheid ?

François Moncla Aujourd’hui encore, quand j’y repense, des images me reviennent et sont difficiles à supporter. Tu ne pouvais pas rester insensible à ce que tu voyais là-bas. Les Noirs qui crevaient de faim et à qui les Blancs jetaient les os de leurs poulets… Un geste que certains de mes coéquipiers ont fait et qui m’avait mis hors de moi.

Votre engagement politiquement aux côtés du Parti communiste vient de cette époque ?

François Moncla Non, parce que, à l’époque, mon engagement était surtout syndical et il a grandi au fil de mes fonctions à l’école EDF de Gurcy-le-Châtel. La politique est venue plus tard.

Quel capitaine étiez-vous ?

François Moncla Je m’occupais de tous les joueurs, parce que jouer à quinze, ce n’est pas mal mais à dix-huit ou dix-neuf en n’oubliant pas les remplaçants, c’est encore mieux. J’avais un côté un peu papa poule…

D’où votre devise « le jeu interdit le je » ?

François Moncla C’est Bala – Pierre Albaladejo – qui l’avait sortie et je l’avais reprise. J’en avais assez d’entendre certains dire sans arrêt : je suis le meilleur. Mais, dans ce jeu, si tu n’as pas quatorze copains et quinze adversaires, tu ne peux rien faire.

L’individualisme, ce n’est pas une partie du problème du XV de France actuel ?

François Moncla Oui, ils veulent tous marquer parce que ça peut changer la paie, les contrats en fonction des performances. Alors, chacun joue pour soi en oubliant qu’il faut des partenaires au rugby.

Quel regard portez-vous sur le rugby devenu professionnel en 1995 ?

François Moncla Déjà, je ne me reconnais pas dans le rugby qui est pratiqué. Le ballon est toujours ovale mais ça n’a rien à voir avec nos ballons en cuir qui se gorgeaient d’eau au fil du match et prenaient des kilos. Alors, oui, ils peuvent prendre des shoots de soixante mètres. Mais moi, à 84 ans, j’ai mes deux genoux, mes deux hanches et à part une épaule qui a un peu souffert, je ne me plains pas. Alors que, à 20 ans, avec les chocs qu’ils encaissent, les jeunes se font vite les genoux, ont les cartilages usés.

Pourtant, les physiques ont changé…

François Moncla Nous, on pratiquait un jeu d’évitement, eux, c’est un jeu de rentre-dedans. Ils sont dans la musculation à l’extrême. Seulement, tes articulations restent celles que ta mère t’a données… Les tendons ne peuvent pas supporter la masse musculaire des joueurs d’aujourd’hui. Et, pour en arriver là, à mon avis, ils doivent bien prendre une « sucette » de temps à autre alors que nous, on ne marchait qu’avec du vin et du sucre. C’est une folie, le pognon a toujours tout perdu. Nous, on se payait avec une poignée de main. Bien sûr, lorsque j’étais président de la Section paloise, j’ai toujours fait en sorte que les joueurs aient une situation en dehors du rugby, mais c’est complètement différent d’aujourd’hui.

Dans les années 1970-80, avec la CGT, vous menez d’ailleurs un combat pour faire avancer le statut d’athlète de haut niveau ?

François Moncla Ç’a été une victoire car le contrat de haut niveau était encore dans les limbes. Il n’y avait pas encore beaucoup de sociétés qui avaient compris que le sportif de haut niveau a une expérience dont il peut faire profiter son entreprise et surtout qu’être champion, ça ouvre des portes. On n’avait que douze jours de congé pour la représentation nationale, ça couvrait à peine le tournoi des Cinq-Nations.

Un mot, pour finir, sur la proposition qui vous est faite en 1981 de proposer votre candidature comme secrétaire d’État aux Sports du premier gouvernement de François Mitterrand ?

François Moncla Le Parti communiste m’avait poussé à l’époque, mais moi, je ne m’en sentais pas la capacité, alors je n’ai voulu tromper personne. Et j’ai dit non.

Avec le recul, vous prendriez la même décision ?

François Moncla Oui… Pour moi, le sport de haut niveau manque de franchise, il y a trop de mouvements souterrains, de sournoiserie. Quand on voit, par exemple, tout ce qu’on met sur le dos de Platini – et j’espère qu’il est propre –, je me dis que c’est un milieu bien trop sournois. Il faudrait un grand coup de balai dans tout ça…

Récits de vie et d’Ovalie

(1) Éditions Arcane 17,10 euros.

18: C’est le nombre de fois où François Moncla a été capitaine du XV de France au cours de ses 31 sélections.

Covid : Nouvelle FAQ sur la gestion des élèves dans le primaire in Caf. Peda.

La nouvelle FAQ publiée par le ministère après les annonces du 25 novembre confirme deux choses. Premièrement, le remplacement de la fermeture automatique des classes par le droit au retour des cas négatifs a été improvisée. Il a fallu deux journées au ministère pour décrire la marche à suivre. Il en faudra encore plusieurs pour son application. Deuxièmement, cette procédure est inadaptée à la situation. Elle n’empêchera pas la diffusion de l’épidémie dans les classes et par suite dans les familles. Elle donne la priorité au maintien des enfants en classe « coûte que coûte » et quel que soit leur situation virologique.

Une procédure imporvisée

Il aura fallu deux journées pour mettre par écrit les annonces faites par JM Blanquer le 25 novembre. La nouvelle édition de la « foire aux questions » (FAQ) ministérielle a été publiée en fin de journée le 26 novembre. Elle précise la marche à suivre dans le premier degré, rien ne changeant officiellement dans le second degré. Continuer la lecture de Covid : Nouvelle FAQ sur la gestion des élèves dans le primaire in Caf. Peda.

CHIC: Aux côtés des Moissagais contre la fermeture des urgences de nuit

Communiqué de L’Association des Usagers et Amis du Centre Hospitalier de Montauban

Depuis l’annonce par l’ARS de la fermeture des urgences de nuit au CH de Moissac, sans aucune concertation, des manifestations importantes se déroulent à Moissac à l’appel du comité de défense du Centre Hospitalier de Moissac et des organisations syndicales locales.

Manifestation contre la fermeture des urgences de nuit

Mercredi 1er décembre à 18 h

Devant le CH de Moissac 

Des représentants de l’Association montalbanaise ont, par leur présence, manifesté leur solidarité et leur préoccupation face à une décision particulièrement grave et dangereuse pour une population qui va se trouver éloignée de secours rapides situation qui va aussi avoir des conséquences sur le service des urgences de Montauban déjà très sollicité. Continuer la lecture de CHIC: Aux côtés des Moissagais contre la fermeture des urgences de nuit

Ouvriers de la métallurgie : « Tous nos acquis sociaux sont en jeu »

« Tous nos acquis sociaux sont en jeu à l’heure actuelle. C’est pour ça qu’on se mobilise aujourd’hui ! ». Dimitri Pora travaille depuis 20 ans chez Arcelormittal. Il est venu sur Paris dans sa tenue de travail, ce jeudi 25 novembre, aux côtés d’ouvriers de la métallurgie en provenance de toute la France et aux couleurs de la CGT, pour défiler jusqu’aux fenêtres de l’Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM). 

En cause, « le dispositif conventionnel » national négocié avec le patronat de la métallurgie et auquel s’oppose ardemment la CGT. « On est face à un patronat qui veut casser le statut du métallurgiste », attaque Frédéric Sanchez, secrétaire général de la Fédération de la métallurgie CGT. Classification du travail, temps de travail, heures supplémentaires… Le projet, tel qu’il est conçu par le patronat qui espère signer avant la fin de l’année, serait lourd d’impact pour les salariés du secteur qui compte près d’1,4 million de personnes en France. Continuer la lecture de Ouvriers de la métallurgie : « Tous nos acquis sociaux sont en jeu »

Capitalisme augmenté. Facebook nous précipite dans la matrice

Meta, le nouveau nom du groupe Facebook présenté par son fondateur et PDG, Mark Zuckerberg. © Jakub Porzycki/NurPhoto/AFP

Pris dans la tourmente, Mark Zuckerberg accélère le tempo : il a renommé Facebook Meta, et jeté les fondations du métavers, « l’avenir du Net» selon lui. Un écosystème clos, en 3D, immersif, qui promet d’isoler l’utilisateur dans un bonheur virtuel et à la firme des profits exponentiels bien réels.

CAPITALISME AUGMENTÉ

Mark Zuckerberg a renommé Facebook Meta, et jeté les fondations du métavers. Un écosystème clos, en 3D, immersif, qui promet d’isoler l’utilisateur dans un bonheur virtuel et à la firme des profits exponentiels bien réels.

♦ Facebook nous précipite dans la matrice
♦ Métavers. La machine à fantasmes, ultime échappatoire à notre monde
♦ Facebook. L’ogre « too big to crash » ?
♦ Entretien. Métavers, « l’extension du domaine du capitalisme de surveillance »
♦ Corée du Sud. Le gouvernement promeut un métavers souverain 

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M comme Meta. Ou comme Mark – on pensait qu’il fallait être président de la République française pour oser nommer son entreprise ou son parti de ses initiales –, comme métastases ou encore comme mégalo. Le changement de nom et de logo (un M bleu tirant à la fois sur les lunettes et le signe infini) de Facebook peut prêter à sourire. Mais si l’on en croit Mark Zuckerberg, le groupe ne veut plus être réduit au réseau social qui l’a vu naître. « À l’heure actuelle, notre marque est tellement liée à un seul produit qu’il lui est impossible de représenter tout ce que nous faisons aujourd’hui, et encore moins ce que nous ferons à l’avenir », a expliqué le PDG. Continuer la lecture de Capitalisme augmenté. Facebook nous précipite dans la matrice

Santé. Laurence Cohen : « La situation des hôpitaux doit être au cœur de la présidentielle »

Aux urgences de Laval, le personnel soignant a entamé un mouvement de grève depuis le 9 octobre. Thierry Pasquet/Signatures
Aux urgences de Laval, le personnel soignant a entamé un mouvement de grève depuis le 9 octobre. Thierry Pasquet/Signatures

L’état de notre système de santé publique continue de se détériorer. La sénatrice PCF l’a constaté récemment en Mayenne, où elle a également avancé les solutions portées par les communistes pour sortir de cette crise durable.

Le projet de loi de finances de la Sécurité sociale 2022 (PLFSS 2022), qui doit être tout prochainement adopté, est loin de répondre aux besoins de l’hôpital public, dont la crise ne fait que s’aggraver. C’est ce qu’a dénoncé au Sénat Laurence Cohen (PCF), qui s’est ensuite rendue auprès des personnels hospitaliers mobilisés. Pourtant, des solutions à court et long terme existent.

En début de semaine, vous vous êtes rendue en Mayenne rencontrer les soignants. Qu’avez-vous pu constater sur l’état de l’hôpital public ?

Laurence CohenSénatrice PCF

Laurence Cohen Ce territoire, le troisième désert médical de France, illustre ce qui se passe pour l’ensemble du système de santé français. Les deux hôpitaux publics de ce département sont en grande difficulté. Dans celui de la ville de Mayenne, l’agence régionale de santé (ARS) veut supprimer l’activité de chirurgie conventionnelle et continue à supprimer des lits de surveillance, ce qui par ricochet met en danger le service de cardiologie et la maternité. L’ARS souhaite transférer la chirurgie conventionnelle vers l’hôpital de Laval, sans savoir s’il peut absorber ce surplus d’activité. De toute évidence non, puisque, depuis le début du mois de novembre, les urgences ont dû fermer leurs portes plusieurs nuits. Et lorsqu’elles sont ouvertes, les conditions d’accueil et de soins sont terribles. Ces deux derniers week-ends, les personnels ont dû tenir les urgences alors qu’ils n’avaient aucun lit disponible… Caroline Brémaud, la cheffe des urgences, m’a dit que « le premier médicament indispensable, c’est l’humain », mais ce contact n’existe plus. C’est dû au manque de personnel mais aussi à une gestion extrêmement administrative de l’hôpital. Ils sont en train de dégoûter les professionnels.

Olivier Véran assure que le PLFSS 2022 sera « celui de la sortie de crise ». Le texte du gouvernement peut-il permettre d’améliorer la situation ?

Laurence Cohen Non seulement il ne l’améliorera pas, mais il la détériore encore. À aucun moment dans le PLFSS on ne prévoit une réouverture de lits, un changement du mode de gouvernance, une tentative d’améliorer les conditions de travail… La boussole reste la même : faire des économies au niveau de la santé et de l’hôpital. C’est extrêmement important de rendre compte de la situation des hôpitaux et de la mobilisation des personnels parce que ce débat doit être au cœur de l’élection présidentielle. Les gens que j’ai rencontrés ne me parlent pas de sécurité, ils me parlent de pouvoir d’achat et de santé. Il y a notamment besoin de nouveaux financements pour la Sécurité sociale, ce qu’ont refusé à la fois Olivier Véran et la droite sénatoriale. Il faut mettre fin aux nombreuses exonérations de cotisations patronales qui existent et mettre à contribution les revenus financiers.

Faire appliquer la loi de l’égalité salariale entre les femmes et les hommes ferait de plus augmenter les cotisations, ce qui permettrait donc de faire entrer plusieurs milliards d’euros de recettes pour la Sécurité sociale.

Ces moyens suffiraient-ils pour ouvrir rapidement des lits ? L’exécutif rétorque que pour cela il faut davantage de personnels et donc du temps pour les former…

Laurence Cohen D’une part, quand on est au gouvernement, il faut avoir une vue à long terme. C’est donc dès maintenant qu’il faut mettre des moyens pour ces formations, ce qu’il ne prévoit pas. Des moyens pour que le numerus clausus en faculté de médecine soit réellement supprimé, mais aussi pour que des formations internes puissent se faire sans attendre. Une aide-soignante de Laval m’expliquait que le centre hospitalier, faute de budget, lui a refusé une formation d’infirmière pourtant prévue par son contrat…

Pour le court terme également, il faut revoir totalement l’organisation de l’hôpital, améliorer les conditions de travail et rendre celui-ci plus attractif. Avant la pandémie et encore plus depuis, énormément de personnels ont quitté les hôpitaux. Mais beaucoup reviendraient rapidement si on changeait de logique, en arrêtant les économies et la tarification à l’acte, en changeant le mode de gouvernance, en retrouvant de l’humanité dans ces métiers. Mais le gouvernement ne le veut pas et continue de considérer que notre système de santé est un coût qu’il faut réduire.