Table ronde. Quels sont les combats féministes pour aujourd’hui ?

-

Rappel des faits La lutte pour l’égalité des droits entre les hommes et les femmes constitue une composante essentielle de celle pour l’émancipation, qui concerne l’humanité entière et se mène sur tous les terrains. Avec Fatima-Ezzahra Cofondatrice de l’association les Effronté-es Benomar Martine Storti Journaliste et écrivaine (1) Hélène Bidard Adjointe PCF à la maire de Paris chargée de toutes les questions relatives à l’égalité femmes-hommes

Quel état des lieux dressez-vous de l’égalité des droits entre les hommes et les femmes dans nos sociétés ?

-

atima-Ezzahra Benomar Dans le monde du travail, dont on a l’impression qu’il est devenu un univers mixte, la moitié des femmes actives en France sont cantonnées dans seulement 12 des 85 catégories socioprofessionnelles répertoriées par l’Insee : femmes de ménage, femmes de chambre, caissières, vendeuses, infirmières, secrétaires, des métiers dont la pénibilité est souvent ignorée, les contrats précaires, les salaires bas, le temps partiel non choisi, et qui aboutissent à des pensions de retraite modiques. Sans compter que cette situation les expose aux violences, en témoigne le cas des femmes de chambre grévistes de l’hôtel Ibis Batignolles.

Continuer la lecture de Table ronde. Quels sont les combats féministes pour aujourd’hui ?

La Fête du Cochon. Chronique 7 de Marcel Duvel

 « Un futur dirigeant politique ne peut se dispenser de senraciner dans une culture et une histoire pour simprégner de linconscient du peuple, de sa mentalité et de ses moeurs en vue de lui donner un cap auquel il adhérera. » Cette sentence extraite d’un texte que Marion Maréchal a publié sur le site web de l’ISSEP, le centre de formation qu’elle dirige, Romain Lopez peut entièrement la prendre à son compte.

Romain Lopez, le maire de Moissac, a d’ailleurs fait ses armes en politique auprès de l’ex-députée Rassemblement National. Et en ce début de mars 2021, il s’est senti prêt à donner un cap à son peuple moissagais en décidant que désormais la ville de Moissac assurera directement sa programmation culturelle. Déjà lors de la rupture unilatérale de la convention qui liait la ville à Arène Théâtre, le maire annonçait qu’il avait « d’autres ambitions culturelles pour Moissac » (sic). Quelques mois plus tôt, c’était le Festival des Voix qu’il voulait remettre au pas, contre la volonté des autres villes impliquées dans le projet.

Au sein de sa formation politique, les exemples de main mise sur la culture ne manquent pas. Il pourra s’inspirer du maire d’Orange qui avait imposé des livres nationalistes et révisionnistes à la bibliothèque municipale. Ou de celui de Marignane qui avait décidé d’exclure la presse de gauche des rayons de la médiathèque. Ou de celui de Vitrolles qui avait fermé brutalement et illégalement un café-théâtre au prétexte d’éliminer une programmation musicale trop «cosmopolite » à son goût.

Mais pour faire adhérer le peuple, les mairies RN aiment rassembler leurs habitants lors de fêtes populaires qui glorifient les valeurs ancestrales de la France. Hénin-Beaumont a son festival « Les Médiévales » qui rend hommage au passé de la ville, Mantes-la-Ville a son « Festi’ville » qui chaque année célèbre un thème qui fleure bon l’ancien régime (celui d’avant 1789), et Hayange a sa « Fête du Cochon » qui veut rassembler autour des bonnes vieilles traditions françaises.

Romain Lopez prépare une nouvelle formule de la Fête du Chasselas qui sera emblématique de sa nouvelle programmation culturelle. J’ai du mal à cacher mon impatience…

Marcel Duvel

Quelle(s) politique(s) culturelle(s) dans les municipalités Front/Rassemblement National ? Et à Moissac?

« NDLR de MAC: suite a l’annonce municipale RN de Moissac de la fin du « Festival des voix, des lieux et des mondes » qui disparait de fait avec le non renouvellement de la subvention à MCV (Moissac Culture Vibrations) et la reprise en main de toute la programmation culturelle, il est intéressant de se pencher sur le bilan culturel effectué en juin 2020 dans les 11 communes tenues depuis 2014 par le RN. L’article parut sur le site Culture G est a ce titre édifiant et laisse présager les mêmes dérives pour la commune de Moissac et ses habitants: la mise en place d’une culture dévoyée au service de la cause identitaire de la nouvelle majorité municipale. Ici pas de « fête du cochon » mais un recentrage sur des valeurs locales : le Chasselas et uniquement le Chasselas!

Et dire que certains contradicteurs vont encore applaudir la fin de la diversité culturelle qui fait la richesse des rencontres. Moissac se recroqueville sur elle même et perd petit à petit sa splendeur culturelle…. Quel appauvrissement et M. Lopez n’a même pas pour lui la palme de l’originalité! »

 

 

Hôtel de ville d’Hayange, dans le Grand-Est

 

Au dernières Municipales, le Front/Rassemblement National rafle la mise avec 11 mairies. Observés à la loupe pendant les six dernières années, ces maires ont cherchés à marquer la ville de leur empreinte non sans scandale. Souvent oubliées les politiques culturelles sont pourtant un excellent biais pour analyser les politiques publiques et leur politisation et instrumentalisation. Qu’en est-t-il à Hénin-Beaumont, Hayange, Mantes-la-Ville ?

En 2014, au lendemain du premier tour des élections municipales à Avignon qui place le candidat Front National (FN), Philippe Lottiaux, de quelques centièmes de points devant la candidate union de gauche (PS-EELV), Cécile Helle, en tête (29,63% contre 29,54%), Olivier Py, directeur du Festival d’Avignon déclare à France Info (24 mars 2014) “Je ne me vois pas travailler avec une mairie Front national. Cela me semble tout à fait inimaginable. Donc je pense qu’il faudrait partir. Il n’y aurait aucune autre solution”. Olivier Py complète sa pensée lors d’un entretien donné au Nouvel Observateur le 26 mai 2014 : “rester, travailler avec le Front national, c’est le cautionner. Je ne le ferai pas, je ne prendrai pas la responsabilité historique d’asseoir Marine Le Pen et Jean Vilar à une même table. Oui, j’ai du mépris pour les idées du FN. Front national, ce nom veut bien dire quelque chose, non ?”.

Avec cette déclaration, Olivier Py s’engage fortement. Il marque une rupture entre le monde culturel et le Front National, et questionne de fait la relation qu’entretient le Front National avec les politiques culturelles. Continuer la lecture de Quelle(s) politique(s) culturelle(s) dans les municipalités Front/Rassemblement National ? Et à Moissac?

Revalorisation : Blanquer promet des arbitrages fin mars in Caf. Péda.

« C’est au mois de mars qu’on va pouvoir préciser certaines choses ». Interrogé sur France Inter le 2 mars, JM Blanquer a promis de rendre ses arbitrage sur la revalorisation avant la fin mars. Il a signé le 2 mars le décret instituant la revalorisation des enseignants en début de carrière. Il promet de nouvelles avancées sous conditions. Qu’en penser ?

Une revalorisation 2021 limitée à 12€ pour  la grande majorité des enseignants

« C’est au mois de mars qu’on va pouvoir préciser certaines choses. Il y a des augmentations qui ont déjà eu lieu comme la prime informatique mais aussi la prime d’attractivité pour les enseignants jeunes qu’ils verront à partir de mai », a déclaré JM BLanquer sur France Inter le 2 mai. « On prépare le budget 2022 dans une perspective ambitieuse pour continuer la revalorisation. Il est important d’avoir une augmentation des salaires mais aussi une augmentation qualitative. J’invite à aller voir le document sur le professeur du 21ème siècle pour voir ce qui peut nous moderniser ».

Ainsi JM BLanquer ne se limite pas à faire le point de la revalorisation 2021. Alors que les résultats du Grenelle de l’éducation sont attendus depuis début février, il semble avoir fait ses arbitrages et affirme être en situation d’annoncer les conditions d’une revalorisation.

Continuer la lecture de Revalorisation : Blanquer promet des arbitrages fin mars in Caf. Péda.

5 rappels historiques pour nos diplomates qui aiment taper sur la Commune de Paris

Capture d'écran des échanges de Gérard Araud et Etienne de Poncins sur Twitter.

Capture d’écran des échanges de Gérard Araud et Etienne de Poncins sur Twitter.

Gérard Araud, ancien ambassadeur aux États-Unis, et Étienne de Poncins, qui représente la France en Ukraine, s’en prennent à la révolution de 1871 sur Twitter, au plus grand mépris de l’histoire. Cent-cinquante ans après, l’esprit versaillais est toujours là…

La Commune de Paris reste une période méconnue. Même les plus hauts diplomates en ont une vision, disons, erronée. Pour les 150 ans de cette révolution, voilà que l’ancien ambassadeur de la France aux États-Unis, Gérard Araud, la qualifie d’« insurrection armée contre une Assemblée qui vient juste d’être élue au suffrage universel, qui incendie par esprit de destruction les monuments de la ville, le tout sous l’œil de l’ennemi qui sable le champagne ».

Un tweet que notre ambassadeur en Ukraine, Étienne de Poncins, commente ainsi : « La Commune est aussi une préfiguration du totalitarisme communiste soviétique par la terreur et les massacres accomplis. Sur le plan politique, c’était une référence permanente de Lénine pour 1917. »

Seule la dernière phrase tombe juste. Pour le reste, il conviendrait de traiter cette période avec plus de rigueur et moins de mépris.

  • Un : la Commune s’est insurgée le 18 mars 1871 car Thiers tentait de s’emparer des 227 canons de la garde nationale.
  • Deux : l’Assemblée élue en février l’a été lors de législatives réclamées par l’Empire allemand, dont l’armée occupait plus de 40 départements français et retenait près de 400 000 prisonniers. Le Journal officiel ne publie d’ailleurs ni le nombre d’inscrits, ni celui de votants. Et les monarchistes remportent l’élection non pas car les citoyens adhèrent à leur régime, mais parce qu’ils apparaissent comme les garants de la paix (en échange de 5 milliards de francs-or, et de la session de l’Alsace-Moselle).
  • Trois : Paris se révolte, et la Commune adopte en 72 jours toute une série de mesures progressistes.
  • Quatre : Thiers la fait massacrer, après avoir demandé à Bismarck la libération de soldats uniquement dans ce but. L’ennemi peut sabler le champagne !
  • Cinq : les versaillais font bombarder la capitale et liquider plus de 17 000 personnes. Dans le chaos, des communards, sans l’aval de leur gouvernement, exécutent une centaine d’otages et brûlent des monuments. C’était une faute. Mais que dire des versaillais…

L’Humanité vous propose
un hors-série exceptionnel pour célébrer
les 150 ans de la Commune de Paris.

Revivez ces 72 jours de révolution, l’histoire de leurs acteurs
et la richesse des débats qui leur succédèrent.

Un magazine de 124 pages à commander ici

The Voice : Luc Laversanne, la voix des partisans

De sa voix grave et profonde, Luc Laversanne a interprété l'hymne de la Résistance devant 5,4 millions de téléspectateurs. © Lionel Guericolas/ITV/B233

De sa voix grave et profonde, Luc Laversanne a interprété l’hymne de la Résistance devant 5,4 millions de téléspectateurs. © Lionel Guericolas/ITV/B233

Samedi soir, sur le plateau de l’émission de TF1, le tromboniste de 30 ans a entonné le Chant des partisans. Et appelé humblement à plus d’amour et de solidarité.

Il est si rare d’entendre l’Histoire – la grande – résonner sur TF1 un samedi soir. Mais ce sont bien les mots écrits par Joseph Kessel et Maurice Druon qui ont touché les 5,4 millions de téléspectateurs du télé-crochet The Voice : «  Ami, entends-tu le vol noir des corbeaux sur nos plaines/Ami, entends-tu ces cris sourds du pays qu’on enchaîne. » Ici magnifiquement interprétés par Luc Laversanne, ces deux vers du Chant des partisans, l’hymne de la Résistance, auront suffi pour que Marc Lavoine, fils de communistes, se retourne :  « Grâce à ces chansons, on comprend d’où l’on vient et où on doit aller », a salué le coach, visiblement ému, autant par « l’engagement » du jeune homme de 30 ans que par sa voix grave et profonde.

Icon VideoVoir la vidéo de sa prestation.

« Il me semble important de rappeler aux jeunes générations qu’on a un passé et qu’il faut s’y intéresser », a expliqué Luc Laversanne à 20 Minutes, pour justifier cet audacieux choix de chanson dont « les paroles correspondent à ce que l’on vit en ce moment ». Et son vécu personnel et difficile permet d’éclairer l’intensité de sa prestation : « J’ai vécu une enfance normale, mais à l’âge de 19 ans, j’ai eu beaucoup de mal à vivre mon homosexualité dans ma famille », s’est-il livré. Se sont ensuivi six années à vivre dans la rue à « survivre comme (il) pouvait ». Alors, sous les projecteurs de The Voice, il est humblement venu dire que « cette période est compliquée », donc « aidez-vous les uns et les autres et surtout aimez-vous ».

Un instituteur communiste en Algérie: et maintenant le film!… Par Alexis Sempé

Et maintenant le film ICI

Grâce à la découverte d’archives totalement inédites appartenant à Gaston Revel, le téléspectateur découvrira l’Algérie à la fin des années trente telle qu’elle se révèle à ce jeune instituteur français. Il comprendra le dépaysement et l’isolement de l’instituteur du bled dans les années difficiles de la Deuxième Guerre mondiale. Il mesurera la vigueur et l’âpreté des combats politiques et syndicaux menés par un militant du parti communiste algérien de l’après-guerre et la violence des tensions qui accompagnent la marche à l’indépendance et à la construction du nouvel État algérien. Fait unique et exceptionnel en Algérie, lors des élections municipales de 1953, Gaston Revel est élu à Bougie (Constantinois) dans le deuxième collège électoral réservé aux seuls musulmans. Gaston Revel, un instituteur en Algérie est un film qui éclaire de l’intérieur l’Algérie de 1936 à 1965, trente années décisives sous un regard totalement inédit.

Réalisateur Pierre Mathiote

 

Et le Livre (Alexis Sempé)

En 1936, Gaston Revel entre à l’Ecole Normale d’Alger, où l’on est censé lui apprendre à « éduquer l’indigène ». C’est aussi l’époque où il commence à s’intéresser à la politique : il est attiré par le Front Populaire, puis par l’anarchisme espagnol, qu’il cite en exemple de réussite sociale. Au cours de son service militaire, enfin, il approche pour la première fois le communisme.

Continuer la lecture de Un instituteur communiste en Algérie: et maintenant le film!… Par Alexis Sempé